La Fiancée de la Foudre

Chapitre 19 : La Vertu d'une Femme

Jamais Liam n'avait été aussi heureux de se faire piétiner les pieds.

Sana, qui n'avait pu réellement pratiquer la danse, s'en donnait à cœur joie sur ses orteils. Néanmoins, elle semblait si penaude, sous le regard scrutateur de la foule, qu'il eut à cœur de ne rien montrer. Après tout, Liliane lui avait causé carrément des hématomes sous les ongles, quand ils étaient adolescents.

Mais les commentaires qui fusaient parmi les nobles dames goguenardes commençaient à l'énerver. Il allait leur donner une bonne raison de parler.

Attirant Sana plus étroitement contre lui, il murmura :

-Tu as trois options pour ce soir.

Elle haussa un sourcil, mais, une main dans la sienne, l'autre sur son épaule, elle l'observa avec curiosité. Yeux dans les yeux. Aussi se força-t-il à penser au calme d'une rivière, pour l'empêcher de deviner ce qu'il allait dire.

-Trois options ? Quelles sont-elles ?

Tournoyant avec sa fiancée, sous les regards scrutateurs, il ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire en coin.

-La première, nous dormons. La deuxième, je te fais l'amour avec douceur. La troisième, je te prends sauvagement.

Sana manqua s'étaler à ces paroles. La serrant contre lui, il ricana.

-Je vous trouble, Votre Grâce ?

-Liam ! siffla-t-elle en lui tapant l'épaule, tout en reprenant leur danse. Tu es un incorrigible fripon ! Et si quelqu'un t'entendait !?

Lui adressant un clin d'œil, Liam se dit qu'on pouvait bien l'entendre, il s'en foutait. Néanmoins, il avait conscience que la discrétion était de mise, avec autant de chastes oreilles autour d'eux.

-Ça consiste en quoi, l'option trois ? demanda-t-elle négligemment, quelques secondes plus tard.

Une main sur sa taille, l'œil pétillant, il se fit un plaisir de lui expliquer. La bouche ouverte, les yeux ronds, elle en oublia totalement de danser, pour le coup ! Mais à la façon dont ses pupilles se dilatèrent, dont son souffle s'accéléra légèrement, il crut deviner quel serait son choix.

-Et... hum, combien de temps devons-nous rester à cette petite sauterie ?

-Ce sont nos fiançailles, Sana. Je crois que nous allons devoir rester longtemps.

Sa bordée de jurons l'aurait fait éclater de rire, s'il ne s'était pas retrouvé au milieu de tant de nobles. Mais il était bien trop conditionné par ses années à la cour de Finiance, avec son grand-père, pour se laisser aller de la sorte. Même avec Sana dans ses bras.

Pour autant, il ne pouvait s'empêcher de sourire, amusé. Et ça, c'était inhabituel, chez lui.

-Vous êtes un indécrottable coquin, maugréait-elle, tandis qu'ils rejoignaient les Macklar et Josepho au bord de la piste, main dans la main.

-Mais non, voyons. Je suis simplement un chevalier servant prévenant qui vous offre le menu du soir.

Sana éclata de rire.

-Voici un menu fort alléchant !

-Monsieur le Duc, fit Josepho, une lueur rieuse dans le regard. Je pense que votre danse va rester bien longtemps dans les annales mondaines.