XIII

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Ce jour ci, j'ai pris une douche. Une douche chaude et interminable. Je me suis brossé les dents. Je me suis lavé le corps, le visage et les cheveux. Je me suis épilée et coupé les ongles. J'ai même fait l'effort de me maquiller légèrement.

Ce jour ci, en appliquant ces produits sur ma peau, c'était comme si je retrouvais mon humanité.

Ce jour ci, j'ai mis des vêtements propres et je suis retournée dans ma chambre. J'ai ouvert la porte et si je dois être tout à fait honnête, l'odeur était terrible et je ne voyais rien dans la pénombre de la pièce. Je n'ai pas osé allumer la lumière et je n'ai pas pu mettre un pied dans cette salle.

Alors j'ai fui. J'ai claqué la porte et j'ai couru, la gorge serrée et les larmes me montant aux yeux.
Je suis sortie de la maison et j'ai à nouveau couru, ignorant ma tête qui tournait et mon corps qui souffrait. Je ne sais pas combien de temps ça a duré mais je ne me suis pas arrêtée avant un bon bout de temps.

Ce qui m'a stoppée, ce sont deux grandes mains tenant mes épaules.

- Eh. Qu'est-ce qui se passe ?

J'ai du avoir l'air totalement perdue puisqu'il a repris, d'une voix plus douce :

- Olga ? Asseyons nous.

Il m'a posée sur une roche et a expliqué :

- Je vous ai couru après au moins cinq minutes mais vous ne m'entendiez pas. Vous aviez l'air complètement ailleurs alors je me suis permis de vous arrêter.

- Vous... Vous avez bien fait.

Il m'a laissé tout le temps dont j'avais besoin pour parler.

- Je me suis levée ce matin... Je ne sais pas pourquoi ni comment mais... c'est arrivé. Je me suis lavée et tout et puis au moment de revenir dans ma chambre, j-je ne pouvais pas...

Le maître de Bam m'a regardé avec compassion et peu à peu, je reprenais mes esprits. C'était comme se réveiller d'une longue nuit de sommeil.

- Est-ce que vous voulez qu'on y aille ensemble ?

J'ai hoché la tête doucement. Tellement doucement que j'ai été surprise qu'il comprenne.

Alors nous sommes retournés chez mes grands-parents, en silence. Il a enlevé ses chaussures et à salué ma grand-mère qui n'a pas posé de question, qui nous a simplement regardés aller jusqu'à ma chambre.

Il a ouvert la porte et allumé la lumière, comprenant que j'en étais incapable. Puis, d'une douceur que je n'avais jamais vue m'a dit :

- Je vais ouvrir la fenêtre là-bas. Si vous vous sentez de le faire avec moi, prenez ma main. Sinon, je ne vous forcerai pas.

Je n'ai pas réagi mais il a tout de même attendu quelques minutes. J'ai finalement secoué la tête et il a ouvert la fenêtre sans moi, comme il l'avait dit. Néanmoins, il ne m'a pas lâchée du regard alors que je suis restée immobile, tétanisée.

- Je vais enlever les draps du lit et les mettre à l'entrée de la chambre. Si vous arrivez à en faire un tas qu'on mettra au sale, c'est génial. Sinon ce n'est pas grave.

Les mains tremblantes, j'ai réussi à faire le tas de draps qu'il voulait. Il a commencé à me donner tout le linge qu'il trouvait et le tas s'est rapidement agrandi. Puis il a mis toute la vaisselle et la nourriture que mes grands-parents n'étaient pas venus chercher depuis un moment sur une étagère à l'entrée de la chambre.

- Je vais jeter tout ça et revenir avec un sac poubelle. Est-ce que ça va aller si je vous laisse seule ici ?

Je n'ai pas eu le courage d'affronter ma grand-mère qui, je le savais, attendait dans la cuisine.

Alors il y est allé sans moi, il a mis longtemps et je savais que ce n'était pas simplement moi qui trouvais le temps long.

Une sorte de stress s'est emparé de moi, j'avais honte de la manière dont j'avais traité mes grands-parents.

Que pouvaient-ils se dire ? Bon sang, mais qu'est-ce qu'ils se disaient ?

Je me suis impatientée et, alors, ai continué le travail du maître de Bam. Je l'ai intérieurement remercié d'avoir commencé par enlever les draps puisque tout ce que je voulais à ce moment, c'était me rouler en boule dedans et ne plus rien faire. Me tenir debout était difficile et chaque mouvement me donnait envie de pleurer. Le pire de tout, ça a été de voir mon reflet complet dans le grand miroir de la chambre. Je me suis mise à pleurer. Encore. Comme si je n'avais pas assez pleuré ces derniers temps.

- Olga ?

Il m'a délicatement pris dans ses bras et je me suis laissée aller. Je ne sais pas combien de temps ça a duré mais ce dont je suis sûre, c'est que ça allait vachement mieux après.

- Mettons de la musique.

Il a mis What a feeling et nous - surtout lui en fait - avons rangé et fait le ménage jusqu'au soir.

Le chien du voisin [Jungkook]Where stories live. Discover now