18. La trêve hivernale

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Hélène
2018

Les médecins ont beaucoup parlé, pensant que je ne pouvais pas entendre leurs paroles. Mon corps pourtant immobile pouvait tout de même ressentir tout ce qu'il se passait autour.

Les visiteurs, les infirmières, les chirurgiens, les journalistes et j'en passe. J'étendais tout.

Mais ils n'ont pas pris en compte le fait que tout ce qu'il se passait je le comprenais et je le reconstituais.

J'ai entendu les propos de ma mère, les discussions incessantes des professionnels de santé pensant ne pas pouvoir me sauver.

Les adieux répétitifs des médias croyant que mon corps ne survivrait pas au choc et aux nombreuses blessures que cette chute m'avait causé.

Cependant, à aucun moments je n'ai entendu Florent ou Esteban.

Ils m'ont laissé.

En outre j'ai entendu la voix lointaine de mon père, celle de ma mère totalement hystérique et celle de John.

J'ai entendu les voix des personnes avec lesquelles j'ai perdu toute affinité.

- Hélène ? Etes vous avec nous ?

Je reprends conscience que je suis réveillée, mais surtout assise aux côtés de mon médecin.

Je ne réponds pas, que pourrai je dire ? Je ne sais pas ce que je fais ici, là, à attendre quoi exactement ?

- Bien reprenons, ça fait maintenant deux semaines que vous vous êtes en état de réveil Hélène, il va falloir que vous coopériez avec nous pour que l'on comprenne ce qu'il se passe dans votre tête pour que l'on puisse par la suite commencer les soins.

Je reste les bras croisés sous mon corps, je me sens bizarrement vide, comme ci tout ce que j'avais tenté de cacher venez de se révéler au monde entier.

- Nous allons vous laisser là pour la nuit, dés demain nous vous transfèrerons dans une chambre spécialisée. On vous laisse vous reposer.

Puis je me suis retrouvée toute seule.

Je les ai entendu parlé de moi, de ce qu'ils feront de moi à mon réveil.

Je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il s'est passé, à vrai dire je suis un peu perdu, je sais que mon cerveau était en marche, mais mon corps refusait de montrer quelconque signe de vie.

J'avais l'impression d'être bloquée dans un rêve.

...

J'ai eu la sensation de sortir de la noyade, comme ci on me redonnait la force d'espérer.

J'ai tout d'abord pu bouger mes doigts. Les médecins se sont affolés, s'assurant bien de mon état.

- Elle reprend conscience. La procédure a bien été prise en charge ?

Je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il se passait, mais j'ai attendu que mon heure arrive, après tout ce n'est pas aujourd'hui que tout allait basculer, la sensation d'avoir passé l'éternité enfermé dans un cercle vicieux ne se disperserait pas de si tôt.

Prouesses d'AntanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant