Les Nobles de Gilnéas _ Justice (Tome 2)

Chapitre 1 _ La capitale

Almÿra fut la première à poser pied sur la terre ferme, et l'air qu'elle respira ne fut pas des plus agréables. Un mélange de vent salin, doublé d'une fumée atroce qui lui irrita profondément les poumons, le tout accompagné d'une odeur de grande ville classique. Une odeur de fumée... Aile de Mort était passé par là. En contemplant au loin les tours de l'entrée de la ville, la jeune Gilnéenne pu contempler le désastre du passage du dragon géant. Hurlevent avait beaucoup subi de ce carnage qu'on appelait « Cataclysme », et Almÿra jura de voir le gigantesque monstre se poser à l'entrée de la cité.

Elle fut dès lors bien contente de ne jamais l'avoir rencontré, et pria pour que cela n'arrive en aucun cas.

Fäelina la suivi de près, mais elle fit une totale abstraction de l'odeur et de tout ce qui pouvait être néfaste ; elle ne vit que des choses positives, et ce qu'elle constatait l'enchantait énormément. Ce n'était pas aussi beau et verdoyant que Darnassus, mais Hurlevent n'en demeurait pas moins splendide. Les rues semblaient si animées, les bâtiments si uniques, l'atmosphère si changeante... Aile de Mort lui semblait bien loin. Ce qu'elle voyait, c'était une ville qui se remettrait vite d'aplomb, une ville dont elle pourrait bientôt contempler la véritable splendeur.

Un jour, elle en était sûre, elle vivrait à Hurlevent.

La jeune Mage aurait aimé partager son sentiment avec Almÿra, mais elle se ravisa bien vite. Durant tout le trajet, elles ne s'étaient pas adressé la parole. Elles étaient comme deux étrangères... Et, bien sûr, cela n'avait pas échappé au Roi Wrynn... Et vers laquelle était-il exclusivement aller pour apporter soutien et réconfort ? Almÿra, bien sûr... Ne voyait-elle donc pas l'évidence ?

A moins que je me trompe... songea-t-elle en observant le monarque qui descendait à son tour du bateau.

Elle reconsidéra les faits, avant de secouer lentement la tête. Non, elle ne se trompait pas. Il y avait autre chose que de l'admiration et du respect entre ces deux là. Almÿra ne s'en rendait tout simplement pas compte.

Et tout cela l'écœurait toujours autant.

Elle ne saurait dire depuis combien de temps Gilnéas était tombée, mais cela lui semblait trop peu. Comment Almÿra pouvait-elle, même inconsciemment, ressentir quelque chose pour un autre homme aussi vite, après tout ce qu'elle avait traversé ? C'était comme tromper la conscience encore vive du défunt Prince Liam. C'était abject, et parfaitement impardonnable.

Ô, mais comme elle enviait son amie d'avoir rencontré quelqu'un d'autre... Comme elle enviait ces sentiments naissants, cet amour encore possible, cet avenir que l'on pouvait deviner si beau...

Moi, je ne serais jamais heureuse... se lamenta-t-elle inconsciemment.

Cet Elfe de Sang... Elle n'avait parlé de lui à personne. Elle avait trop honte. Comment pouvait-elle avouer, alors que le Roi Wrynn avait consenti à intégrer leur peuple au sein de l'Alliance, qu'elle était tombée amoureuse d'un membre de la Horde ? Non. C'était un secret qu'elle se devait de préserver, quoiqu'il en coûte... Mais elle savait que se taire allait la rendre davantage malheureuse.

Chassant ses pensées si tristes et si maussades, Fäelina préféra se concentrer sur ce qu'il y avait devant elle ; Hurlevent. Tant de recoins à visiter, tant de nouveaux lieux à connaître et à explorer, tant de quartier à découvrir, d'étrangers à écouter, de marchandises à goûter... Et comme elle rêverait de voir de ses propres yeux l'entrée de Hurlevent, que l'on disait si impressionnante avec son pont gigantesque bordé des quatre statues colossales de héros de l'Alliance.

Bien sûr, elle avait conscience qu'Ailes de Mort, sur son passage, avait détruit plusieurs sections de la ville. Mais Hurlevent incarnait toujours le cœur même de l'Alliance, et tout un pan de l'histoire d'Azeroth.