Chapitre 3 _ Forgefer

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Le départ de la Compagnie Liée s'était tenu comme convenu. Ils avaient quitté Hurlevent à dos de griffon, et survolaient des terres bien hostiles, jusqu'à atteindre Dun Morogh. Le trajet ne leur paraissait pas bien long, et pourtant la différence de climat entre Dun Morogh et la Forêt d'Elwynn était égale à une morsure cinglante. Toutes les montagnes de la terre des Nains étaient ensevelies sous une neige éternelle, et même le village de Kharanos leur était à peine perceptible, de là haut.

Almÿra admirait silencieusement le paysage, avant que son regard ne se porte sur son voisin ; Ryno. Le Gnome contemplait le lointain, sur sa gauche, avec une amère pointe de nostalgie. Il serrait machinalement la selle de sa monture, mais ne se plaignit pas de son mal être. Instinctivement, la Gilnéenne suivit le regard du Démoniste, et aperçu alors la raison de cette tristesse ; Gnomeregan, la cité perdue des Gnomes.

Au final, Ryno avait beaucoup en commun avec elle... Lui aussi avait perdu son foyer, certains de ses amis, sa patrie... Mais, dans l'histoire, le peuple de Gnomeregan avait été assisté par leur voisin, les Nains, et avait aussitôt obtenu le soutien de l'Alliance.

Les Gilnéens n'avaient pas eu cette chance immédiate... Mais, au bout du compte, ils étaient dans le même bateau.

- Ne te tracasse point, mon ami ! résonna la voix prononcée du Nain. Les choses vont finir par s'arranger. Elles s'arrangent toujours !

Ryno grommela quelques mots dans sa barbe, avant de marmonner plus fort :

- Je ne devrais pas être là. Je devrais me battre aux côtés de mon peuple. J'aurais dû rejoindre « Glace Noir » Tournefroid, ou même Dizdemone. Eux, ils combattent pour l'Alliance et pour Gnomeregan.

- N'oublie pas, mon ami, que notre cause est juste et bonne. Combattre pour l'Alliance, c'est nous aider les uns les autres... Cela ne pourra qu'avancer les Gnomes dans leur ultime quête de... Reconquête.

- Ce jeu de mot n'était pas du tout convaincant... pesta le Démoniste.

- Moi, il me fait bien rire ! s'esclaffa Boris.

Cependant, le reste du groupe resta de marbre face à la gaieté du Nain. Les Elfes n'avaient point ce sens de l'humour. Almÿra était trop amer pour rire, Thatia levait les yeux au ciel tandis que Fäelina se terrait dans une crainte grimpante ; Forgefer était toute proche.

A quoi pouvait bien ressembler la cité des Nains ? A une forge gigantesque et abracadabrantesque ? Un endroit étouffant où l'on ne peut que transpirer à grosse goutte malodorante ?

Non, décidemment, elle n'avait pas du tout l'envie de passer la nuit ici.

- Vous me semblez particulièrement effrayée, releva Elendril en la détaillant. Parlez-moi de vos tourments.

- Mes tourments ? balbutia Fäelina. Eh bien, à part un gros mal de l'air et une phobie naissante pour les chaleurs mortelles, je ne vois pas du tout de quoi vous parlez, Elendril.

- Ce n'est donc que cela.

- Que cela ? Ecoutez, je ne suis pas du tout habituée ni aux Nains, ni aux forges ! Je les ai en horreur ! Je veux dire... Les forges, pas les Nains, bien sûr.

- Mouais... grommela Boris dans sa barbe tout en les guettant.

- Ce que je veux dire, c'est que je ne me vois pas me promener au milieu d'une forge géante ! Je vais mourir de chaud là dedans... Ou pire !

Boris se laissa aller à son gros rire habituel. Elendril et Fäelina le regardèrent de concert, interloqués par son fou rire.

- Laissez-moi vous parler de Forgefer... Et cette leçon profitera à tous, j'en suis certain ! N'est-ce pas, Varël ?

Les Nobles de Gilnéas _ Justice (Tome 2)Where stories live. Discover now