Chapitre 35

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PDV Pierre

« - Clara, tiens ça faisait longtemps, comment allez-vous ? demandais-je en arborant mon plus beau sourire face à la caméra.
- Très bien, je ne vous retourne pas la question, la réponse est assez évidente ! On ne peut que vous applaudir pour cette performance. Partir de P8 pour finir sur le podium, c'est un très bel accomplissement.
- Oui vraiment ! Je ne dirais pas que je ne m'y attendais pas car évidemment, je me bats à chaque course pour la première place, mais j'avoue que c'était assez inespéré. Malgré tout, me voilà, une coupe à la main.
- D'ailleurs, votre bras n'a pas eu l'air de vous porter trop préjudice, non ?
- Oui, exact, j'ai entamé la rééducation le plus tôt possible et surtout, j'ai été très assidu pour être sûr d'être dans les points dès la reprise.
- Mission accomplie alors. La vie à un bras n'a pas été trop compliqué ?
- Ah ça c'est sûr que j'ai redécouvert des gestes du quotidien. Tout devenait une épreuve, mais on s'adapte rapidement. À vrai dire, Charles Leclerc m'a pas mal aidé, je ne peux que l'en remercier !
- Qu'est-ce qu'on ferait sans notre numéro 16 préféré ! D'ailleurs, nous avons vu le cœur que vous avez dessiné avec vos mains tout à l'heure, était-ce pour lui ou quelqu'un d'autre peut-être ?
- Effectivement cela lui été adressé. Si j'osais, je dirais même qu'il le méritait plus que moi, ce podium. Alors ce signe, c'était comme le lui dédier pour le remercier de son soutien depuis toutes ces années.
- Une belle preuve d'amitié et d'humilité ! Aussi, nous vous avons vu plus que prêt à en découdre, on peut donc se demander où puisez-vous toute cette motivation, malgré tous les malheurs qui se sont abattus sur vous ?
- Je ne suis pas plus à plaindre que d'autres, simplement mes ennuis ont été médiatisé à leur différence. Je n'ai pas plus de mérite que quiconque. Mais je dirais tout de même que je veux rendre fier mes proches et toutes les personnes qui se sont investies pour que je puisse réaliser mon rêve.
- Je pense que c'est le moment de vous laisser aller célébrer cette belle victoire avec eux, alors. Encore bravo et merci pour ces petites minutes que vous nous avez accordé.
- Merci à vous ! Et rendez-vous dans deux semaines à Austin ! répondis-je avant que la caméra ne coupe.
- Ça sera encore moi qui couvrira l'évènement, t'as intérêt à nous ramener une première place ! me dit Clara, en off.
- J'espère aussi. Rien à voir, mais ça m'a perturbé tout l'interview, je ne savais pas que t'étais blonde, fis-je remarquer en pointant les reflets qu'on apercevait dans ses cheveux.
- Ah, euhm, oui, j'ai fait une couleur cet été, elle doit commencer à s'enlever, répondit-elle, gênée.
- Marrant de mentionner le fait d'être blonde comme un défaut du coup, continuais-je, pour lui faire comprendre que je savais qu'elle était l'auteure des mots.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Tant pis alors, conclus-je, toujours souriant, pour la mettre mal à l'aise. »

Elle me saluai et repartit avec le cameraman. Même si, j'étais fier de mon coup, ne pas pouvoir lui demander des comptes était vraiment frustrant. Mais comme Ellie le disait si bien, l'ignorance est la meilleure des vengeances. Ça avait, d'ailleurs, l'air de porter ses fruits puisqu'elle n'avait rien tenté aujourd'hui. Enfin, il ne fallait pas que je parle trop vite.
J'écrivais un message à Charles pour savoir où le retrouver quand une main m'attira sur le côté. Je n'eus même pas le temps de paniquer, que j'étais déjà coincé entre deux murs, dans un renfoncement. Je sentis des mains se placer sur mes yeux. Cette action me fit remonter les souvenirs de notre dernier date avec Ellie. Je fis volteface et tombai nez-à-nez avec elle. Elle arborait son éternel souvenir et plaça ses bras autour de mon cou.

« - Désolé de la frayeur, je ne pouvais pas attendre plus longtemps, me dit-elle, à quelques centimètres de mes lèvres.
- Attendre quoi ? chuchotais-je.
- Ça, se contenta-t-elle de répondre avant de m'embrasser.
- Purée, rien que pour ça, je devrais monter sur le podium plus souvent.
- Tu peux pas savoir à quel point j'étais fière de te voir arriver devant tout le monde. J'avais envie de crier « C'EST MON MEC, LE BG SUR LE CHIFFRE 3 » !
- T'aurais dû, riais-je.
- Ouais, nan, ça va aller, y'a une journaliste qui s'en doute et t'as vu le bazar que ça crée, non merci, c'est mieux de garder le secret là-dessus.
- T'as pas tort. T'as vu cette beauté ? lui demandais-je en brandissant fièrement ma coupe.
- NON MAIS J'HALLUCINE TOUS LES 2, VOUS ESSAYEZ D'ÊTRE LE MOINS DISCRET POSSIBLE OU ? ROULEZ-VOUS UNE PELLE PENDANT QUE VOUS Y ÊTES, s'écria Charles en passant la tête entre les 2 murs où nous nous cachions.
- MAIS T'ES MALADE, j'ai eu la peur de ma vie, râla Ellie.
- Toujours là au mauvais moment, celui-là, grommelais-je.
- Oh ne me remettez pas la faute dessus. Je vous ai sauvé la vie. Ça aurait pu être quelqu'un d'autre et ça vous aurait bien mis dans la merde. - Vous devriez me remercier plutôt, s'insurgea-t-il.
- L'ego surdimensionné que t'as, remarqua Ellie.
- Bon allez, je vous laisse finir tranquille, pensez bien à vous protéger... DES PAPARAZZIS ! lança-t-il avant de disparaître, non sans lâcher un petit rire, fier de lui.
- Je le déteste, soupira Ellie en riant à son tour.
- Tu peux pas savoir à quel point moi aussi. »

Mon bel inconnu - Pierre GaslyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant