Épilogue

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Esmée


_ Esmée, ton téléphone, crie Mez depuis notre chambre. Je remonte rapidement ma fermeture éclair, je me précipite dans la chambre en glissant sur le carrelage. Il est sur ton lit, me dit-il en me voyant le chercher partout. Je replace la serviette sur mes cheveux et le récupère.

Abi, mon cœur manque un battement, je n'ai plus eu de nouvelles d'elle depuis si longtemps. J'ouvre le message, les mains tremblantes. Mez s'approche de moi.

_ Ça va ? On dirait que tu as vu un fantôme. Je clique sur « ouvrir ».

Abigaïl : Esmée, aide-moi.

Je tape rapidement une réponse.

Esmée : Où es-tu ?

Sa réponse ne se fait pas attendre.

Abigaïl : Je me suis enfuie. Une femme m'a retrouvée, elle veut appeler une ambulance s'il te plait viens vite. N'en parle pas à Sam.

Esmée : Je prends l'avion tout de suite, j'arrive, envoi moi ton adresse, je vais dire à mes parents de venir te chercher. Je suis là ne t'inquiète pas.

Je glisse mon téléphone dans ma poche, me hâte vers le placard de l'entrée, attrape mon sac de voyage et regagne ensuite la chambre.

_ Où vas-tu ? Demande Mez, je ne réponds rien et enfonce des habits au hasard dans le sac. Esmée, arrête-toi cinq minutes et explique-moi.

_ Réserve-moi le premier vol pour la maison.

_ Pourquoi ?

_ Abi est en danger, il faut que j'aille l'aider.

_ Merde, il passe une main dans ses cheveux. Je viens avec toi.

_ Non, elle ne veut pas que Sam soit au courant, il va se poser des questions.

_ On va lui dire que ma mère a besoin de nous voir. Il me prend dans ses bras, ensemble quoi qu'il arrive d'accord, retire cette serviette de tes cheveux, je m'occupe du reste, assis toi et souffle.

...

_ Papa, maman. Je hurle en ouvrant la porte de chez moi. Mezian a préféré me laisser retrouver Abi seul dans un premier temps, mes parents sont allés la récupérer à l'adresse que je lui ai envoyée sans poser de question.

_ Dans ta chambre ! Réponds la voix de ma mère.

Je me précipite à l'étage, pousse la porte de ma chambre et reste figé face à la scène qui se déroule devant moi.

_ Abi, mon Dieu, je murmure en plaçant ma main sur ma bouche. Elle est allongée sur mon lit, le visage tuméfié, vêtu d'une robe blanche en toile fine couverte de boue et de sang. Je m'approche d'elle et prends sa main délicate, qui est si amaigrie. Elle gémit de douleur lorsque je la touche et je grimace d'excuse.

_ Que sait-il passer ? Elle sourit tristement, sa lèvre fendue suinte de nouveau.

_ Je descends récupérer mon sac de soin. Je hoche la tête et regarde ma mère quitter la chambre, s'ensuit le récit vécu par mon amie.

Mes larmes coulent sans retenue, je laisse échapper toute ma tristesse pour les atrocités que ce monstre lui ont infligées. Parfois, le méchant de l'histoire n'est pas celui auquel on s'attend, c'est peut-être le voisin aimable, le collègue modèle, le père attentionné, le frère protecteur, voire même l'ami fidèle. Les masques tombent, et la réalité peut être plus sombre que ce que l'on imagine.

Elle me confie qu'après avoir quitté l'école, elle a dû dissimuler son téléphone dans le jardin, son père devenant de plus en plus méfiant, elle n'a pas eu le choix. Avant de s'enfuir, elle a dû se précipiter pour le récupérer, et je suis soulagée qu'elle ait pu le faire. Qui sait ce qui se serait passé autrement.

Ma mère revient dans la pièce, les yeux gonflés de larmes, et je devine qu'elle a pleuré en essayant de dissimuler sa peine à mon amie pour ne pas l'attrister davantage.

_ Abigaïl, je vais te retirer ta robe et essayer de te soigner, tu ne souhaites vraiment pas aller à l'hôpital ? Demande maman d'une voix douce, mon amie secoue la tête.

_ Non, ils vont me retrouver s'il vous plaît, ne faites rien.

_ Très bien, très bien.

J'aide Abi à enlever sa robe et je suis choqué en apercevant à quel point son corps est amaigrie, en plus des nombreuses contusions qui le recouvrent, aucune partie n'a été épargnée. Je retiens mon souffle de stupeur en remarquant une blessure plus grave que les autres, savoir ce qu'il lui a fait et le voir de mes propres yeux, c'est une tout autre chose. Ma mère désinfecte ses multiples plaies et coupures qui parcourent son corps. Je l'aide en faisant de même de mon côté. Je m'occupe d'une de ses cuisses lorsque mon regard se pose sur ses parties intimes. Mes yeux s'écarquillent, son visage et le mien se baignent de larmes. Je lâche tout et la prends dans mes bras.

_ Je suis désolé.

_ Je suis responsable de ce qu'il m'est arrivé. Je relève les yeux et fronce les sourcils.

_ Ne redit plus jamais ça ! Tu n'es pas responsable de ce qui t'est arrivé, rien ne justifie d'être traité comme ça et d'être violé aussi brutalement. Elle pousse un cri d'agonie à mes mots.

_ Je suis là maintenant.

Un mois plus tard, Abi a intégré le programme de protection des victimes et a dû quitter la ville sans révéler sa nouvelle identité. Mes parents ont tenté de demander sa garde jusqu'à sa majorité, mais le gouverneur a préféré l'exiler dans un autre État pour sa sécurité.

Cela me rend triste de penser que je ne la reverrai peut-être plus jamais, mais savoir qu'elle est désormais heureuse où qu'elle soit réchauffe mon cœur. Elle m'a fait promettre de ne rien dire à Sam, même si cela me coûte de garder le silence vis-à-vis de mon meilleur ami, je lui dois bien ça après tout ce qu'elle a vécu. De plus, Sam se remet de son côté, donc le laisser dans l'ignorance n'est pas plus mal, surtout s'il découvre que tout cela est de sa faute, bien qu'ils étaient tous les deux consentants. Mais Abi ne vivait pas dans le même monde que nous, il aurait dû le comprendre.

Mezian s'allonge à côté de moi sur le canapé, je m'appuie contre son torse et fixe l'écran de télévision. Des rires se font entendre de l'autre côté du canapé. Nous regardons Sam accompagné de Betty ou peut-être Bella, je ne sais plus et je ne cherche plus à savoir. Je le laisse faire tant qu'il est honnête avec ses filles et tant que je ne me retrouve pas à les mettre à la porte le matin, ça me convient. Bon, cela ne s'est produit qu'une fois, elle a osé flirter avec Mez devant moi. Je peux supporter certaines choses, mais j'ai mes limites.

La main de mon petit ami se faufile sous mon short de pyjama, je le laisse glisser ses doigts dans ma fente déjà humide pour lui. Je bouge, remonte les couvertures et laisse sa magie opérer, après un orgasme, je suis dans ses bras et heureuse de ce que j'ai. Et de ce que nous avons construit tous ensemble, même si je pense énormément à Abi, j'espère qu'elle trouvera enfin la paix.


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FAKE (Terminée)Where stories live. Discover now