52. Un dernier au revoir

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Sous une pluie battante et un tonnerre grondant, ils atteignirent l'autre bout du pont qui surplombait le gigantesque gouffre et servait d'unique entrée pour Kōkyo, la capitale du pays du Soufre.

- Bordel, il fait vraiment un temps d'merde dans ce bled ! râla pour la dixième fois Miwaku.

À l'abris sous le toit de leur calèche, ils avaient pourtant été bien plus épargnés que les ninjas qui les avaient accompagnés depuis le pays du Feu et qui avaient dû les conduire à travers les forêts sauvages et les montagnes abruptes ; leurs uniformes écorchés et plein de crasse témoignant de l'hostilité naturelle de la géographie et de la météo inhospitalière de la région.

- C'est normal. On est en pleine saison des orages, fit remarquer Meloshi.

Ses grands yeux fixant le ciel, le reflet lumineux de l'éclair qui venait de traverser les nuages noirs passa sur son visage. La kunoichi baissa finalement la tête et son regard se fit happer par les ruines qui avaient remplacées les somptueux pavillons. De ces si beaux jardins foisonnants et pleins de vie, il ne restait plus que des dépouilles d'arbres décharnés et des haies éventrées. Le Palais Impérial du pays du Soufre avait perdu de sa superbe, mais Meloshi ne ressentit ni peine, ni regret, car derrière ce paysage navrant se cachaient des rêves de changements et des ambitions de justices.

Arrivés aux pieds de la résidence du Shōgun, la calèche et son escorte se stoppèrent et l'un des gardes du palais vint ouvrir la porte du véhicule. Il courba respectueusement l'échine à la vue de Meloshi et celle-ci retint un soupir. Toutes ces marques de politesse ostentatoires qui ne reposaient sur rien d'autre que la présence de ce bracelet autour de son poignet l'ennuyaient beaucoup. La récente révolte avait permis de faire tomber le Consulat, mais la position des Shōgun n'avaient quant à elle pas évolué ; du moins pas encore, et la kunoichi était bien décidée à remédier à ça.

- Merde, c'est dans c'genre d'palace que t'habites maint'nant ? questionna Miwaku.

- Oui, pour le moment... répondit laconiquement Meloshi.

Accompagnée du chûnin aux cheveux bleus qui observait tout autour de lui en fronçant les sourcils, elle passa le haut portail aux moulures dorées. Le pavillon privé du Shōgun semblait avoir été épargné par les combats et le shinobi au yukata était visiblement un peu dépassé par la démesure et l'excès de luxe qu'affichait la nouvelle demeure de celle qui vivait encore il y a peu dans son minable petit appartement vétuste situé en plein cœur du village de Konoha.

Un garde poussa pour eux la porte et ils s'engagèrent dans le grand hall où les attendait un homme aux cheveux châtains et aux yeux verts.

- Bon retour chez toi, Meloshi ! s'exclama Shinjitsu, les bras grands ouverts et un immense sourire étirant ses lèvres.

Les hautes fenêtres par lesquelles traversaient quelques rayons de soleil qui se glissaient entre les nuages, baignaient la pièce d'une lumière tamisée qui faisait doucement scintiller la boucle d'oreille de l'archer. Abandonnant un instant son compagnon de voyage, Meloshi fit quelques pas vers ce dernier, avant de le serrer dans ses bras. D'abord prit de court par ce geste étonnamment affectueux venant de sa part, Shinji garda une seconde les bras ballants, avant de lui rendre finalement son étreinte.

- Et bien... Je t'ai manqué à ce point ? demanda-t-il, une pointe de malice brillant dans ses yeux.

En relâchant son époux, la kunoichi aux tatouages fit un pas en arrière pour l'inspecter de plus près, soulagée de le retrouver en un seul morceau. Bien que quelques légères égratignures marquaient son joli minois, il semblait en forme ; en dehors de...

Derrière les apparencesWhere stories live. Discover now