Chapitre 2

78 11 13
                                    

Depuis une heure j'étais assise, devant supporter ce long discours que rabâchent les profs à chaque rentrée.

Je ne connaissais personne ici, et, bizarrement, personne ne semblait se connaître non plus. Dans cette classe, un calme pesant régnait et beaucoup s'étaient assis seul à une table. Étrange.

À côté de moi était installée une fille qui persistait brillamment à rester concentrée par le déroulement du cours. Rien que pour ça, elle gagnait tout mon respect. Elle devait avoir une sacrée force mentale...

Je n'étais pas une mauvaise élève, loin de là, mais l'ennui m'avait vite rattrapé. Je ne comprenais pas ce que servait de savoir le programme de l'année, de savoir les règles de vie de classe et tout ce qui s'ensuit. C'est juste une perte de temps.

Mais je devais me tenir discrète et calme.

Je ne cessais de regarder ma montre, qui affichait 9 h 36. Bon sang, je ne tiendrai jamais si on ne bouge pas d'ici.

Pourquoi on ne va pas chercher nos livres ou visiter le bâtiment ? Non, j'oubliais qu'on faisait ça au collège, pas au lycée. Et que je suis la seule nouvelle, donc on ne va pas faire une visite rien que pour moi. Le collège me manque finalement plus qu'autre chose.

- Nous allons vous parler comme vous le savez du bac, qui vous attend à la fin de l'année, s'écria ma prof avec un sourire diabolique.

Je n'en pouvais plus. Le paysage à la fenêtre commençait à me lasser. J'entendis ma voisine de classe soupirer, et je saisis l'occasion.

- Au fait, tu t'appelles comment ? Chuchotais-je.

Simple mais efficace. Mais le temps qu'elle prit à répondre me découragea. Je crus qu'elle m'avait ignoré, et des centaines d'insultes traversèrent mon esprit. Pour qui elle se prend celle-là ?

Mais en levant la tête dans sa direction, je remarquais que la professeur nous regardait. Ressaisis-toi Marine ! Reste gentille et douce. Elle attendit que le champ soit libre pour enfin me parler :

- Alicia, et toi ?

- Marine.

Le prof s'arrêta dans son monologue pour nous lancer un regard. Ainsi, nous cessâmes notre discussion automatiquement. Qui est cette professeur totalement exécrable avec une ouïe supersonique ?

Ma voisine avait de courts cheveux bruns, coupés en carrés, bouclés, lui arrivant au-dessus des épaules. Ses yeux vert émeraude et sa peau hâlée s'harmonisait parfaitement.

Elle devait sûrement faire partie des filles populaires de ce lycée : belle et intelligente. Sur le coup, je me suis senti rabaissé et ce sentiment me perturba. Jamais je n'ai cru que quelqu'un m'intimiderait. Avant, c'était moi la fille qui se sentait supérieure au lycée. C'était... Étrange. Je ressentais une pointe de jalousie à l'intérieur de moi, que je m'efforçais d'étouffer.

Mais elle ne semblait pas comme moi. Elle n'était pas entourée d'un groupe de filles jouant les pestes avec elle. Personne ne la poussait à être quelqu'un d'autre que ce qu'elle est. Elle était seule, et de plus à mes côtés. Moi, la petite nouvelle.

Je la vis griffonner quelques mots sur son cahier et me le tendre.

- Ça te dit qu'on mange ensemble ce midi ?

Je souris. Cette année n'allait pas être si désastreuse pour une fois. J'allais peut-être me faire une amie. Alors je hochais la tête en guise de réponse et entrepris d'écouter ce cours une bonne fois pour toutes.

Deux heures plus tard, nous étions sur une table de pique-nique, prenant notre déjeuner.

- Sérieusement ? Tu l'as giflé ? T'es complètement folle !

Nous étions assises dans la cour du lycée, en train de manger ce qui ressemblait à de la viande.

- Et depuis, je ne lui ai plus jamais reparlé.

Depuis maintenant trente minutes, Alicia me racontait sa fabuleuse histoire d'amour avec son ex petit ami.

- En plus de ça, je le croise constamment au bahut. Heureusement, il sait très bien faire comme si je n'existais pas, et je fais de même.

- Après la gifle qu'il a reçue, ça ne m'étonne pas qu'il te déteste.

- Hum, on va dire ça comme ça. Qu'importe. La professeure de tout à l'heure, madame Karin, est absolument horrible. Déjà, elle put de la bouche, c'est une ho-rreur, mais en plus de ça elle est super aigrie, tout le monde à peur de cette folle.

Je partis en fou rire. Elle avait le don de rendre n'importe quelle situation comique. C'était quelque chose d'étrange, parce que la plupart de mes anciennes "amies" me parlaient plutôt de leur ébat et ne me donnaient des nouvelles que pour m'annoncer une nouvelle fête ultra branchée. Si on rigolait, c'était en général pour se moquer de quelqu'un.

J'appris d'Alicia qu'elle venait de déménager de Guyane par rapport au travail de ses parents. Elle était arrivée ici lors de ses vacances de première. Et au final, depuis cette longue heure à bavarder de tout et de n'importe quoi, nous nous entendions plutôt bien, même très bien. Elle me disait que l'ambiance générale dans ce lycée était assez mitigée, la plupart des filles avec qui elle restait l'année passée n'étaient que des copines de cours. Aucune d'elles ne lui avait parlé des vacances, et cette année elle avait décidé de repartir à zéro.

- Clairement, quand tu es arrivée, je me suis vu l'année dernière lors de ma rentrée. Il était hors de question de te laisser manger seule, j'ai détesté ça la première semaine.

Son regard se détourna du mien et mima une drôle de tête.

- Regarde discrètement à la table du fond, là où il n'y a que des gars.

Je me retournais, sans pourtant être discrète.

- Oui, et donc ?

- Regarde celui au polo rouge, mamamia.

En effet, je le remarquais rapidement. Il avait un air plutôt charmant, que ce soit autant sur son visage que sur sa manière de s'habiller. Il avait un petit truc en plus. Par contre, il était tout maigrichon.

C'est à ce moment que nos regards se croisèrent, et que je vis ses yeux marron chocolat.

- On a un admirateur secret madame.

- Je comprends, je suis trop belle, dis-je en prenant un air de pimbêche.

Je me concentrais sur ma viande, que j'essayais de manger depuis bien quinze minutes, en vain. Mon esprit divaguait sur le garçon aux yeux chocolat. C'est vrai que j'avais bientôt dix-huit ans, mais l'envie d'être en couple ne me tentait pas. J'étais tellement... Instable dans mes dernières relations. Je faillis m'étouffer en me remémorant ces maudites soirées passées et je dus boire de l'eau pour calmer ma quinte de toux.

- Tout va bien ? S'inquiéta-t-elle.

Je hochais la tête en guise de réponse.

- Et toi, tes dernières relations avec tes ex ? T'as des anecdotes ?

Je soupirais.

- Pas vraiment. Je n'ai jamais eu quelque chose de très sérieux, juste des flirts par-ci par-là. Pour l'instant, une relation ne me tente pas. On verra au fil de l'année si une occasion se présente.

Elle jeta un regard par-dessus mon épaule.

- Potentiellement avec Polo là-bas. T'aimes bien ce surnom ? Moi, j'aime beaucoup.

Je validais d'un hochement de tête.

- Et puis si tu ne le veux pas, moi je ne me gênerais pas de le prendre hein !

Elle fit un sourire gêné, et je m'entraînais dans un fou-rire. Si l'année perdure à ses côtés, celle-ci sera pleine de surprises.

--------------------------------------

Bonsoir à tous, je vous offre un chapitre bien complet avec l'arrivée de deux personnages principaux ! Des avis sur cette partie ?

A la semaine prochaine :)

Mauvais choixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant