Chapitre 19

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Lucas et moi étions en train de passer un dîner aux chandelles, littéralement. Les bougies que j'avais réussi à trouver éclairaient légèrement la pièce. Ça aurait pu donner une ambiance romantique, tout le contexte coïncidait. Sauf que malheureusement, on parlait de Lucas et tout devenait compliqué. Actuellement, on mangeait une pizza qui n'était même pas bonne car la pâte n'était qu'à moitié cuite. Notre repas se passa dans un silence de mort, parfois interrompu par des "je te sers ?" ou des "tu veux de l'eau ?". Mais ça s'arrêtait là. 

De mon côté, j'étais encore pas mal déçue de son comportement, et je considérais que j'avais fait assez d'effort depuis le début de la soirée. S'il n'avait rien à dire de plus, soit, qu'il reparte quand la tempête sera passée. Dans une autre situation, cette soirée aurait pu être parfaite, mais non. 

Je soupirais puis sortis de table. Il m'aidait pour débarrasser et essuya même la vaisselle que je faisais, mais toujours sans un mot. Je n'en pouvais plus de ce silence, je suis une personne loquace, qui aime parler à tout bout de champ. Je suis tellement habituée à la solitude, que quand je vois du monde, j'ai besoin d'avoir un contact avec la personne. Mais là, il m'avait blessée que je n'avais même pas envie d'essayer. J'avais juste envie qu'il parte. 

Mais en même temps, je savais que si nous nous quittions comme ça, il n'y aura plus de retour en arrière. Alors, si c'est notre dernier moment ensemble, autant en profiter pour mettre certaines choses au clair.

- Lucas ?

Il ne se retourna même pas dans ma direction. Peut-être que je ne devrais rien dire.

- Oui ?

- Je n'ai pas couché avec Mathis, je ne l'ai même pas embrassée.

J'espérais une réaction de sa part, mais rien. Je sais que ça ne changerait rien, mais j'avais besoin de laver mon image.

- Je cherchais à te rendre jaloux, mais c'était totalement idiot.

Il se tourna vers moi, me lançant un regard vide.

- J'ai littéralement pété les plombs quand il a dit toutes ces choses sur toi...

Il serra les poings, et fit claquer ses jointures en faisant les cent pas.

- Tu ne réalises pas l'impact que tu as sur moi Marine. Il sourit, puis enchaina : je lui ai bien refait la mâchoire à cet enfoiré. Mais maintenant, j'ai cette putain d'image de toi assise sur ses genoux, et ça me rend dingue.

Sa dernière phrase me procura des frissons dans le dos. Il prit sa tête entre ses mains, probablement en train de lutter contre sa haine. J'eus un pincement au coeur en réalisant à quel point il était attaché à moi. Tout dans son comportement me le montrait.  

- Pourquoi c'est si compliqué entre nous ? Demandais-je d'une petite voix.

- Parce que tu es têtue et moi idiot... Parfois, c'est l'inverse.

J'appuyais ma tête sur le dossier du canapé, et lui proposais, sans réfléchir :

- On ne pourrait pas faire une trêve ? Juste ce soir. Que seulement, une fois, ce soit simple entre nous.

- Marine, je...

- S'il te plaît ! Je sais que j'ai commis des erreurs, tout comme toi. Aucun de nous n'est parfait. Mais si tout ce que tu m'as dit l'autre fois dans la voiture était vrai, alors tu accepterais, sinon...

Il s'approcha du canapé, et s'assit à mes côtés. Un poids en moi se libéra. Il avait accepté. Je chassais les quelques larmes qui voulaient s'échapper d'un clignement d'œil, et me blottis dans ses bras. Je me détestais d'être aussi sensible, aussi fleur bleue avec lui. Ce n'était absolument pas dans mes habitudes. J'inspirais son odeur qui s'imprégna dans les moindres pores de ma peau.

- Tu veux qu'on mette un film ?

- Bah, la télé ne fonctionne pas, idiot, dis-je en souriant.

- Pardon ? I-quoi ?

Il enleva son bras de mes épaules, et me fusilla du regard. Je rigolais. Il n'était tellement pas crédible.

Soudain, dans un laps de temps de quelques secondes, il attrapa un coussin et me le jeta en pleine figure. Je restais un moment hébétée, et il en profita pour anticiper mes mouvements. Il bloqua mes deux mains, m'empêchant toute riposte. De là, il commença à m'attaquer de chatouilles. 

- Tu triches, arrêtes !!

Il ignora mes innombrables supplications d'arrêter et continua de plus belle. Soudain, il se stoppa et relâcha totalement son emprise. J'entrepris d'essuyer les larmes de rire qui embrumaient ma vision.

Soudain, je sentis ses lèvres se poser sur les miennes. Surprise, je ne répondis pas directement. Ce baiser était brutal et inattendu, mais pourtant intense et doux. Je passais instinctivement ma main dans ses cheveux pour le coller plus près de moi. Nous nous séparâmes quelques secondes pour reprendre notre souffle, et le baiser suivant ne fut que plus fougueux. La chaleur commençait à monter vite. Très vite. Ses baisers passèrent de ma bouche à mon cou, et je ressentis des sensations nouvelles. Aucun garçon n'avait pris le temps d'être attentionné à mon égard, sauf lui.

Sauf qu'il s'éloigna. D'un coup. Dans l'incompréhension, je le fixais, presque mal à l'aise. Est-ce qu'il regrettait ?

- J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Oui, non. Rhh.

Il passa sa main derrière sa nuque et se rassit sur le canapé. Je me redressais donc, comprenant que cet instant était bel et bien fini.

- Tu me fais trop d'effets Marine.

Il se gratta nerveusement la cuisse.

-  Et bien toi aussi, qu'elle est le problème ?

- Le problème c'est que je n'ai pas ce qu'il faut. Putain, j'ai oublié de recharger mon porte-feuille.

Son porte-feuille ? Il a des capotes dans son porte-feuille ? 

- Comment ça recharger ? T'es en train de me dire que t'as couché avec une meuf récemment peut-être ? 

Il évita mon regard.

- Oui, non, ça dépend ce que tu veux dire par récemment...

- Récemment genre depuis qu'on s'est rencontré ?

- Marine arrête, entre le début et maintenant, notre relation n'a rien à voir. Je ne prenais rien au sérieux avant et...

J'étais complètement furax, c'est pas possible, il ne peut pas me sortir une chose pareille. Bon sang, j'étais à rien de coucher avec lui. Mais quelle débile je fais. Je me levais, prête à partir, mais il m'attrapa le bras.

- Marine, calme toi, ce n'est pas ce que tu crois...

Il croit réellement que je vais gober ça ? J'étais clairement dégoûté du gars que j'avais en face de moi. Je me détachais de l'emprise qu'il avait sur mon bras, je me dirigeais vers la porte et l'ouvris, lui faisant comprendre de partir, quand il s'écria :

- Ne joue pas l'innocente Marine. Je sais très bien ton passé avec Jack Coops. On ne se ressemble plus que tu ne le crois.

Mon sang se glaça et je m'arrêtais net dans ma lancée.

- Toi aussi, ton passé n'est pas aussi glorieux qu'il n'y paraît.

Puis il passa la porte, fier de la bombe qu'il venait de lancer.

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Bonsoir, 

Un chapitre bien croustillant, hein ? Désolée de la petite fin, vous risquez de me détester mais la suite arrivera la semaine prochaine seulement,

Bisous ;)

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