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sauver les images.
il faut que je sauve les images.

elles sont la plus fiable des armures,
le plus robuste des boucliers,
une caverne insonorisée,
un terrier sous les chênes,
là où je demeure silencieuxse,
alors il me faut sauver les images.

je meurs depuis cinq ans.
cinq ans que je crois mourir chaque nuit.

il faut monter le son putain.
avec ça je peux mourir entre les draps là où tout le monde meurs là où plus rien n’existe, là où je me camoufle m’enracine me décompose. mon lit de mort sera en haut d’une montagne six pieds sous terre quelque part entre ton cœur et le vide abyssal, tout près de quelques images de la nuit.

là où je suis, il y a des lumières qui percent ma rétine jusqu’au néant. 

le monde tourne,
il danse le souffle pendu au bord des rêves.
il y a ma vie au bord des stroboscopes et ton nom dans leurs mouvements incessants

et tout d’un coup mon corps ne m’appartient plus,
il avance seul,
se dissout dans l’espace et cogne les murs
les yeux fermés mon enveloppe se meurt sans que je ne puisse voir son empreinte.

j’existe en dehors d’elle
en dehors de ma chair
– sa permanence immatérielle –

je passe sous les roues d’un camion et je ne sens rien.
il est minuit déjà et il est l'heure pour moi d’aller dormir,
un carré de soie blanche sur le visage,
les bras croisés,
le dos courbé,
l’épuisement jusque dans le plissement de mes paupières
- abattu-e -
je ne suis personne je ne vais nulle part et le feu dans ma main a tout incendié de moi.

mon tas de cendres tourne sur la platine.
j’aimerai qu’elles fassent exploser les enceintes.

aujourd'hui comme tous les jours je vais mourir Where stories live. Discover now