Sombre

7 ~ Yeux verts

Naël

Elle est allongée, inconsciente, au milieu d'une flaque de sang. Son sang. Des entailles immenses figure sur ses bras. Sur tous ses bras, des poignets aux épaules.

Je reste pétrifié quelques instants, retenant mon souffle. J'ai l'habitude de voir du sang, voire des cadavres. Mais cette fois, sans savoir pourquoi, cela m'atteint.

- Nina...

Une fois mes esprits retrouvés, je me précipite vers elle. Je m'accroupis à ses côtés et grimace en remarquant que, au passage, j'ai taché mon jean.

Putain, j'ai jamais vu autant de sang d'un coup...

Je place une main tremblante sur sa poitrine et respire enfin plus librement.

Elle respire... putain, elle respire...

Mais je grimace à nouveau en constatant les dégâts sur ses bras. Les entailles sont profondes et le sang s'en écoule encore librement, mais surtout rapidement.

J'essaye de compresser les plus profondes entailles avec mes mains, mais cela ne suffit pas. Je me lève donc et parcours tous les placards et tiroirs le plus rapidement possible.

- Nina reste avec moi ! Je suis là, reste avec moi ! Je t'en supplie, accroche-toi...

Je trouve une trousse de secours, l'ouvre à la volée et parcours son contenu.

Couverture de survie, fils, aiguilles, désinfectants, pansements... Bingo ! Bandage !

J'attrape le rouleau, mais grimace une fois de plus.

Il est quasiment vide... y en n'aura pas assez...

- PUTAIN ! Je hurle en lançant le rouleau à l'autre bout de la pièce.

Je passe ma main dans mes cheveux et me tourne vers elle. Son teint livide m'affole, et je cherche une solution pour la sortir de là, pour la sauver.

Soudain, une idée me vient. Je m'accroupis et lui dit :

- Je suis désolé... j'ai cru deviner que t'aimais pas le contact mais... j'ai pas trop le choix là...

Je passe une main sous sa nuque, et une autre sous ses genoux et la soulève. Son corps et lâche, sa tête penche vers l'arrière et ses bras tombe. Mon t-shirt blanc se retrouve très vite rouge.

Je cours presque jusqu'à la voiture, puis l'installe sur la banquette arrière.

- Je reviens Nina... Je te laisse pas, je te le promets...

Je ferme les portières et part fermer à clé la porte d'entrée, effaçant les traces de ma venue. Puis j'accours à ma voiture et démarre à toute vitesse direction chez moi.

Le trajet dure quelques minutes, et pendant celui-ci, je ne peux pas m'empêcher de lui parler.

- Ne me laisse pas... Accroche-toi, je t'en supplie... On arrive bientôt Nina, ça va aller...

Toutes ses phrases inutiles sont prononcés sans que moi-même, je puisse me contrôler. Mon inquiétude est immense et mes mains commencent à trembler. La voiture est pleine de sang et j'ai l'impression qu'elle est de plus en plus blanche.