Sombre

10 ~ Anges gardiens

Nina

Je ressuie à nouveau une larme.

Je n'avais pas pu la retenir, elle qui menaçait de couler depuis bien trop longtemps.

Je caresse mon bras ou la douleur de la seringue et encore présente.

Ma tête me tourne aussi légèrement, vestige de cette drogue, souvenir de ce viol, victime de mon père...

159...

J'avais tout retenu, tout caché jusque-là. Je ne voulais pas que mes amis s'inquiètent. Ils m'attendaient à la sortie du bureau, pleurer m'aurait trahie.

C'était la première fois que je faisait cela, première fois que je retenais mes larmes durant cette épreuve.

Et malheureusement, comme cela arrive quelques fois, la drogue avait été trop peu dosée...

J'ai tout senti...

Je ne dirai pas aimer quand il utilise les seringues, mais cela, en plus de me paralyser, a au moins l'avantage de m'enlever toute sensation. Ça n'avait pas été le cas... cela arrive parfois, mais ça restait rare. Caché mes pleurs n'en avait été que plus dure.

Je ressuie une nouvelle larme et inspire un grand coup, chassant tout cela de mon esprit.

Putain... je suis en pleine mission, c'est pas le moment... ce soir... t'y repensera ce soir... quand une lame pourra m'apaiser...

Je reviens à la réalité quand ce son retentit à nouveau.

Clac... Clac...

Cela fait plusieurs instants que ce bruit métallique se fait entendre. Quelques instants aussi que j'arpente les allées de containers pour trouver sa source.

Sûrement un couillon qui s'est caché...

Je tourne dans une nouvelle allée tout en poursuivant mes réflexions.
Mais qui ? Des nénuphars ? Des Belzebuth ? Ou de chez nous ? Mais surtout, putain, qu'est-ce qu'il fout ?

CLAC...

Cette fois, le bruit était plus proche. Je tourne dans une nouvelle allée à droite, puis continue d'avancer en tournant la tête de droite à gauche.

CLAC...

Pressant le pas, je m'arrête pourtant soudain lorsque je pose mes yeux sur l'allée à ma gauche.

Mon regard tombe sur Naël, se battant avec un nain bodybuildeur.

Il doit avoir une vingtaine d'années, mais il a l'air d'avoir une sacrée poigne. Je les observe, ne sachant que faire d'autre.

Naël lui envoie son poing, il titube. Mais se relève, riposte, et... prends le dessus. Ses mains viennent serrer la gorge de Naël. Celui-ci essaye de la repousser, mais échoue.

Ils ne m'ont pas vu...

Je sors mon arme, mais hésite.

Il t'a aidé, aide-le aussi.
Tu t'es fait violer, laisse-le.
Il t'a soigné, aide-le.
C'était à cause de lui, laisse-le.
Il t'a sauvé, aide-le.
J'aurais préféré mourir, laisse-le.
Il t'a protégé, c'est le seul.
Aide-le !

BOUM...

La balle se loge dans le crâne du rétréci. Il tombe au sol, libérant ainsi Naël.

Celui-ci reprend peu à peu ses esprits. Il cligne à peine des yeux et cherche autour de lui. Ses clignements son long, ses gestes ralentis, prouvant encore le manque d'air qu'il a ressenti. Ses yeux se posent sur moi et s'écarquillent légèrement.