26. menteur menteur

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Lilith

*** Les battements de mon coeur frappent contre ma poitrine, à m'en faire vomir. Mon coeur va sortir de ma poitrine. Ma mère ne peut pas avoir eu d'accident. Je vais arriver et tout sera normal, elle me dira que c'est plus de peur que de mal. Ça va aller.

Ça va aller.

Elle est là, morte, fraiche. Elle meurt devant moi, encore et encore. Une boucle infinie. Cette scène recommence en boucle.

Je cours, j'entre dans l'hôpital, j'attends, j'entre. Elle est là, à bout de souffle, qui meurt doucement. Puis le bip s'arrête pour faire place à un bruit continu assourdissant.

Mon père apparait, en souriant, joyeux de la mort de ma mère. Est-ce qu'il l'a aimé au moins ? Est-ce que nous n'étions qu'une excuse de vie normal ? Je lui hurle de partir, de s'en aller. Il n'écoute pas, il ne m'entend pas. Plus personne ne m'entends.

Une vitre de verre me sépare du reste du monde. La chambre d'hôpital s'éloigne, y laissant une mère sans vie, un père absent. ***

Je me redresse en sursaut, dégage les draps et me lève. Il faut que je respire que je-

Je rouvre les yeux, étant au sol. Fer de merde.

Je prend quelques minutes pour me calmer. Je reprend mes marques. Je suis en vie, tout est fini. Les bribes des évènements de la veille refont surface dans mon cerveau. Mon père est mort. J'ai autorisé sa mort. C'est tout comme si je l'avais tué, et il l'a su avant de respirer pour la dernière fois.

Il a su que son unique fille, avait autorisé qu'on le tue. Je ne sais pas ce que je ressens dans le bas de mon ventre du regret ? Non. De la peur ? De la tristesse ? De la culpabilité ? Je n'en sais rien, tout est flou.

Toute la lucidité du crépuscule d'hier soir, est devenu la crédulité de ce jour pluvieux. Aujourd'hui je doute, je ne suis sur de rien. Pas même de comment je m'appelle.

Être sans parent, dans un monde si vaste, c'est un sentiment étrange. Comme si nous étions redevenu étranger, sans maison, sans appartenance fixe. Je me sens creuse, vidé. Je ne sais même pas si ressentir fait encore parti de mes capacités.

De la musique est mise en bas, elle passe très légèrement ma porte. Je reconnais la voix de Brent Faiyaz qui emplit les enceintes. Les goûts musicaux d'Elio sont plutôt semblable aux miens. J'aime ça. Je vis chaque seconde de ma vie avec de la musique, si ce n'était pas un point d'accord entre nous, je ne vivrais plus ici depuis longtemps.

Je sors de ma chambre, essayant d'y laisser toutes mes pensées en fermant la porte de celle-ci. Je descends les escaliers doucement. Le sol me glace l'épiderme.

Elio est dos à moi, il déhanche légèrement ses petites fesses dans son jogging gris. Son t-shirt noir moule les courbes de ses muscles. Admirer ce spectacle toute la journée ne me déplairait pas. Il fredonne les paroles qui passent à ce moment.

Girl, you do damage to me.

You know, I love it, yeah I love you.

Ain't nothing better for me now.

Than your poison baby.

Je ne peux pas retenir un petit rire, face à la scène qui se déroule devant mes yeux. Clay en train de mimer ces paroles.

Il se retourne furtivement, un éclair de gêne passe dans ses yeux, mais il n'en montre rien, et son sourire s'élargit.

- Eh, ça va ? Je ne pensais pas que tu serais d'humeur à te lever aujourd'hui.

LILIESWhere stories live. Discover now