28. légitime

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(NDA pré-chap : faite attention au tw : tca + depression + suicide...)


Lilith

J'avais 15 ans lorsque j'ai compris. Compris que rien de tout ça n'était normal. Pleurer tous les soirs, ne pas manger à sa faim, contrôler tous mes repas. Ne plus les contrôler enfaite. Mes maux de ventre avant chaque repas, la douleur intensifié si j'osais manger. La nausée.

J'essayais de passer outre. J'en parlais même, parce que je pensais que c'était commun, que j'avais attrapé une connerie, que j'allais guérir vite. Ma grand-mère m'avait dit d'aller voir un medecin.

J'ai mis un an avant d'y aller.

J'ai enchainé psychologue, nutritionniste, médecin.

Ma psy était inutile.

Mes parents savaient au fond. Mais ils se voilaient la face, et je mentais très bien également. J'avais fais des recherches sur tout ce qu'il se passait dans mon corps et surtout dans ma tête. Je ne voulais pas m'auto-diagnostiqué, mais tout est devenu insupportable et de trop.

Je n'en pouvais plus, littéralement.

Alors j'ai demandé à voir une psy. Trouble du comportement alimentaire. Qui ont engendrés une dépression. L'obsession que j'avais pour mon corps. Le besoin d'être toujours plus fine. La dismorphobie en pleine croissance quel cauchemar. 

Aujourd'hui, je me revois sur des photos datant de cette période, j'étais si fine. Mais je ne le savais pas, je ne le pensais pas, je ne le voyais pas.

Cette maladie est étrange. Vous savez que la bonne chose à faire est de guérir. Pourtant une part inavouable en vous ne veut pas. Pourtant elle est très forte. Vous êtes pleinement conscient que sortir de tout ça fait atrocement peur, et que ce n'est pas ce que l'on veut.

On se convainc que c'est mieux comme ça. Je me disais souvent que si je guérissais, je remangerais, alors je reprendrais du poids. Et que tout reprendrait à zéro. Pourtant en finir avec tout ça voulait simplement dire, retrouver goût à la vie.

Cette merde à gâché mes années de lycée.

La dépression, si joyeuse et souriante, devenue si triste et froide. Le vide peignait mon visage. Les « ça va ? » ne sonnait plus de la même façon. Pourtant peu de gens étaient au courant mais je trouvais toujours ça trop.

C'était un secret qui expliquait mon air morose. Mais personne ne devait le percer. Et ça donnait un certain but, un certain sens à ma vie. Une raison de tenir bon.

Ce n'était que le contexte de ces années, tout le reste n'était que du plus. Des petites choses qui me faisaient sombrer petit à petit, de plus en plus bas. Jusqu'à atteindre le fond.

***

- Lilith, tu sais pour avancer il faut qu'on cherche d'où vient le problème. Il faut creuser.

J'hoche le tête sans vraiment comprendre. Je ne suis jamais à l'aise ici. Je ne me sens pas légitime.

Elle doit voir des cas tellement plus grave que moi chaque jour dans ce fauteuil. Qu'est-ce que je fais là ?

Je lui fais perdre son temps, tout en perdant le mien.

Est-ce vraiment utile toute cette merde ? Perdre une heure dans ma semaine pour raconter ce qu'il s'est passé au court de celle-ci ?

LILIESWhere stories live. Discover now