42. Annabelle.

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Casey nous déposa devant la maison de mes parents. Je frappai plusieurs fois et attendis qu'on vienne nous ouvrir. Mais personne ne me répondit. J'allais fouiller sous la jardinière près du garage, espérant y trouver le double que papa laissait toujours au cas où. Casey resta silencieux et à l'écart, le temps que mes fouilles portent leurs fruits. Je repoussai le pot et fermais les yeux, soulagée d'y trouver la clef tant espérée. Je retournai à la porte mais je fus surprise de découvrir qu'elle n'était pas verrouillée. Je croisais le regard de Casey qui lui fronça les sourcils d'incompréhension.

Nous entrâmes et fus happée par le silence et l'affligeante normalité des lieux. Je refermais la porte derrière nous et nous déambulames dans la maison à la recherche de mon père tout en souhaitant ne pas tomber sur ma mère.

Sur la table basse, un magazine de mode était ouvert à côté d'une tasse de thé à peine bu et une veste de ma mère était posée négligemment sur une chaise. Pas un bruit ne provenait du reste de la maison. Je poussai mon exploration jusqu'à la cuisine où la cafetière était encore allumée. Je l'éteignis et me dirigeai, inquiète vers le bureau de mon père, Casey dans mon sillage.

— Papa ? appelai-je en longeant le couloir jusqu'à la pièce.

La porte de la pièce était grande ouverte. Au pied du bureau, tout un tas de papiers étaient étalés, comme tombés au sol par inadvertance. Un carton abîmé trônait par terre près de l'armoire et près de la lampe sur le bureau, une tasse de café renversée. Je m'approchai pour la relever et essuyer le liquide des documents mais me retins quand je lus l'entête. Le nom d'une banque basée en suisse adressée à Eva La Pierre.

— Qu'est-ce que c'est que ce merdier ? je murmurai en repoussant le premier courrier pour découvrir que tous les autres étaient bien adressés à la même personne ainsi qu'à Maxime. Pas un ne comportait le nom de mon père.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je...

J'étais tellement stupéfaite que j'en perdai mes mots. Casey s'approcha de moi et observa le bureau à son tour.

— Des relevés bancaires. Regarde, ceux-là datent d'il y a dix ans.

Je posai mon regard sur le papier qu'il me désignait et je reculai devant la preuve qui s'imposa à moi. Je sentais comme un étau se refermer autour de mon cœur et m'étouffer lentement.

— Est-ce que ma mère détournait de l'argent ? peinai-je à sortir.

— On dirait bien que oui. Et pas qu'une petite somme, répondit Casey en examinant les documents un à un.

Je survolais tous les documents, même ceux tombés au sol et découvris le dernier relevé reçu. La somme dépassait la centaine de milliers d'euros. Putain de merde !

— On ne devrait pas rester là, dit-il en reculant. Prends en photo l'état de la pièce.

— Pourquoi veux-tu que je fasse ça ?

— Je trouve ça trop louche. Regarde le café renversé, ces documents... Si ta mère débarque et nous trouve ici, je ne donne pas cher de notre peau.

— Elle ne va pas nous tuer !

Casey ricana, ce qui m'interpella.

— Tu penses qu'elle serait capable de le faire ?

— Sait-on vraiment de quoi sont capables les gens pour garder leurs secrets ?

Il n'avait pas tort même si je jugeais que ma mère n'irait pas jusqu'à commettre l'irréparable. Cela me semblait tellement irréel ! Casey prit les devants et photographia avec son téléphone l'ensemble de la pièce et des documents que nous avions sous le nez puis nous quittâmes la pièce.

— Il faut que j'appelle mon père.

Dès la seconde sonnerie nous entendîmes le téléphone sonner du bureau. Ce qui n'aurait pas dû être le cas. Il ne quittait jamais la maison sans prendre l'appareil. Il gardait toujours un œil sur la maison d'édition, et Yves et lui passaient leur temps à échanger. Que le téléphone soit à la maison relevait de l'inquiétant.

— Bordel mais qu'est-ce qu'il se passe ?

J'appellais ma mère dans l'espoir qu'elle répondrait malgré que nous nous étions écharpées une bonne demi-heure plus tôt. Mais aucun signe de sa part. C'était à prévoir. Je tentais donc Max. Pas de réponse non plus. Cela devenait de plus en plus étrange. Je poussais jusqu'au bureau de la maison d'édition et c'est Gabin qui me répondit.

— Salut Gabin, c'est Annabelle.

— Salut Anna. Que me vaut ton appel ?

— Est-ce que Max est là ?

— Non, il est en rendez-vous extérieur.

— Tu sais qui il est allé voir ?

— Non, il est parti un peu en catastrophe. Il m'a simplement dit de reporter ses rendez-vous prévus de cet après-midi à plus tard. Il ne m'en a pas dit plus malheureusement.

— Et mon père ? Tu l'as vu ?

— Non aujourd'hui c'est sa journée off. Pourquoi tu me poses toutes ces questions ?

— Je t'expliquerai plus tard. Merci Gabin.

Je raccrochai et tente de nouveau Max. Casey me parlait de situation louche mais mois je la trouvais de plus en plus alarmante. Mon frère répondit enfin à la dixième sonnerie.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Comme entrée en matière, j'ai connu mieux. Mais je ne devais pas m'étonner de la réaction de mon frère. Nous étions en froid.

— Je crois qu'il est arrivé quelque chose aux parents ? La maison était ouverte et le bureau de papa était en bazare. J'ai essayé de les appeler mais Papa a laissé son téléphone dans son bureau et maman ne daigne même pas me répondre. Tu n'as pas une petite idée d'où ils pourraient être ?

— Tu t'inquiètes pour eux maintenant. Comme c'est étonnant toi qui refuses de faire face à tes responsabilités.

— Quelles responsabilités ?

— Ne fais pas l'innocente ! Tu me craches à la gueule que je baise la concurrence mais tu n'es pas mieux à t'exposer avec Haymes dans son putain de restaurant de merde ! Ce connard n'est même pas capable de t'inviter ailleurs que dans un bouge pour déjeuner. Pathétique. Tu ne vaux finalement pas mieux que moi. Tu joues les putes comme moi.

Je savais que Max avait une dent contre moi mais je ne pensais pas à ce point. Mais qu'il me surveille, les bras m'en tombaient. Je ne sus quoi ajouter devant sa haine qu'il avait sûrement refouler depuis un moment. Ou bien est-ce Éva qui lui a insufflé ce sentiment.

— Ok, mettons. Et à part ça tu sais où sont les parents ?

— Le vieux est à l'hôpital.

— Quoi ?

— Oh rien de grave, il a juste fait un malaise.

— Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit plus tôt ? Comment tu es courant ?

Le silence trop long cachait quelque chose.

— Max, le menaçai-je les dents serrées.

— Putain ce que tu peux être chiante ! Maman m'a appelé en pleurs hier soir de l'hôpital.

— Comment ? Depuis hier soir il est à l'hôpital et pas un de vous deux n'a pensé à me prévenir ? Vous vous foutez de moi ?

— C'est bon il n'a rien ! Pas la peine de t'exciter, il sort dans une heure !

— Pas la peine de m'exciter ? Mais c'est mon père Max ! Mon père !

— Ouais j'avais compris ! fit-il d'un ton morne et sans inquiétude apparente.

J'étais hors de moi ! J'avais envie de venir le trouver et lui arracher les yeux et les lui faire bouffer tant sa nonchalance et son j'en foutisme me mettait en colère.

— Dans quel hôpital ?

— Le grand hôpital public.

Je raccrochai aussitôt et sans un regard pour Casey, je sortis en trombe de la maison.

— On va à l'hôpital si je comprends bien ?

— Oui.

Triple Haymes. Casey. T1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora