13: La balançoire

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Malice: Le décor n'est pas celui d'un hopital. Il est resté le meme. Je suis face à ma fenêtre et je fixe la balançoire de mon enfance s'agiter seule. Je la fixe chaque jour en me demandant si cette rencontre était réelle ou si ce n'était qu'un rêve.

Cette histoire commence à vous sembler répétitive, je le sais. J'aurais aussi souvent bien aimé que le temps s'accélère mais il en est ainsi. Les bonnes choses prennent du temps et les histoires les plus maussades peuvent avoir les fins les plus inattendues.

Je vis une double vie en ignorant laquelle est la vraie mais peut m'importe car plus rien n'a de sens à mon sens. Tout est trouble et confus et les événements me dépassent.

Amed: Rien n'a changé, ma vie est exactement la même que d'habitude mais elle me semble plus paisible. Je me sens plus vivant qu'auparavant en ayant conscience que je ne le devrais pas. Je marche dans le quartier comme j'ai toujours eu l'habitude de le faire, à la recherche d'une maison bien précise que j'ai en tête. Je me suis figé devant elle lorsque j'ai eu l'occasion de constater qu'elle existait bel et bien et que mon imagination n'avait pas tout inventé lors de mon sommeil.

Et si c'était bien cette maison ?..Sa maison ? ..Et si ce n'était pas la sienne ? Comment avoir foi en la véracité de mes rêves ? Et si j'entrais et que je trouvais simplement une vieille dame seule qui se mettait à crier d'effroi?

À ce stade, mes pieds s'avançaient sans même m'en demander l'autorisation. C'est comme si je n'avais plus aucun contrôle. Je répétais les mouvements que j'avais déja employé auparavant et me dirigeais vers le jardin en faisant contournant la maison. Il faisait jour et les rideaux de la fenêtre étaient ouverts. J'ignorais si elle était à l'intérieur ni même de quelle manière j'allais entrer mais à peine eu-je le temps de me poser la question que je la vis s'avancer dans ma direction.

Elle ne me voyait pas car je me trouvais derrière la clôture en bois mais j'étais là, pétrifié, la regardant s'installer sur sa balançoire. C'est étrange. On aurait dit que l'esprit d'une vieille femme mais également celui d'une petite fille se trouvaient en elle. Elle était douce et mature et elle ne se doutait de rien.

Je craignais de l'effrayer alors j'ai longé l'abri de jardin et j'y ai trouvé une échelle. Cela devait être une mauvaise idée car avec le recul il était certain qu'elle aurait fini par m'apercevoir. Je décida de m'installer sur le toit de l'abri, juste au dessus de la balançoire.

Si elle venait à m'interpeller je n'aurais qu'à me faire passer pour un simple vagabond (qu'en réalité j'étais devenu) m'étais-je alors dit.

Malice: Ma vision s'est rétablie mais j'aperçois toujours cette silhouette me suivre lentement au loin en ignorant complètement son identité. J'étais sur la balançoire et nous étions fin de l'après-midi mais le soleil était toujours lumineux.

Je l'ai vu.

C'était une silhouette masculine, elle était beaucoup plus distincte mais le bas de son visage était constamment couvert. Il avait des cheveux sombres et bouclés, je pouvais désormais le voir et il était assis sur le toit. Lorsque j'ai pris conscience de la situation, je suis resté figée et silencieuse pendant quelques instants car j'étais craintive à l'idée de croiser son regard.

Je voulais retourner à l'intérieur pour voir s'il allait partir mais le jardin était vaste et je me trouvais à son extrémité. Je ne voulais pas courir alors sans prévenir, je me suis rapidemment dirigée vers la porte de la maison en ignorant sa présence et en faisant mine de ne pas l'avoir remarqué.

Arrivée au milieu du terrain, j'entendis le poids de son corps retomber sur le sol derrière moi. Devais-je faire comme si je n'avais rien entendu à nouveau ? Devais-je courir ou crier ?

J'ignorais que faire alors j'ai serré le poing et fermé les yeux en me répétant que cette réalité n'était pas la vraie. J'ai enfin réouvert les yeux quand je me suis rendue compte qu'il n'avait pas bougé. Était-il parti ?

Je n'osais pas me retourner mais c'est ce qu'il attendait visiblement. Finalement, il a employé un geste que je n'aurais jamais pû imaginer et qui m'a semblé aussi révoltant que fascinant. Il a contourné mon corps tétanisé et s'est dirigé vers la maison comme j'avais l'intention de le faire au préalable.

Je l'ai vu entrer dans ma maison (MA MAISON) mais je pense que mon cerveau était figé par le stress. Soudainement, mes cils ont commencé à battre à grande vitesse. J'ai senti mon sang tourbilloner dans mes vaisseaux sanguins et me monter à la tête progressivement. Un inconnu venait de s'introduire chez moi sous mes yeux et je n'avais pas eu le courage de réagir. Comment ai-je pu laisser une telle chose se produire ?

Je me suis mise à courir jusqu'à la porte de la cuisine par laquelle il était entré. Une fois entrée dans la maison à mon tour, mes pas ont instinctivement ralenti et j'ai eu une impression de déja vu. Cette fois-ci je n'allais pas laisser les choses se dérouler de la même facon. Quelqu'un me suivait et je voulais savoir de qui il s'agissait. Je ne saurais comment l'expliquer mais prise par l'adrenaline je me suis mise à courir à l'étage où j'étais certaine de le retrouver.

Une fois entrée dans ma chambre et après avoir brusquement tiré le rideau avec agressivité, j'ai eu l'occasion de constater mon erreur. Lui aussi était nettement moins patient et bien plus déterminé que la dernière fois je pouvais le ressentir. Il était dans la pièce d'à côté.

MALICEOnde histórias criam vida. Descubra agora