18: Confessions

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Ils arrivèrent dans une épicerie ou plutôt une sorte de petite boutique qui s'apparentant àune vraie caverne d'alibaba. Un escalier ressemblant à celui conduisant à une station de métro était situé près de la caisse et menait au sous sol. Au dessus de l'escalier se trouvait une pancarte d'affichage qui indiquait les toilettes qui se situaient vers la gauche et à droite se trouvait la réserve.

Ce n'est pas de cette facon qu'il imaginait sa "happy end" mais il n'avait plus vraiment le choix. Le caissier refusa de leur accorder l'accès au sous-sol sans achat ce qui eu le don d'énerver la jeune fille dont nous connaissons tous le nouveau nom.

Nerveuse, elle attrapa le premier paquet de bonbons à la cerise qu'elle trouva ainsi que les pièces nécessaires qu'elle disposa agressivement le comptoir. Aussitôt réglé, ils se dirigèrent vers le sous sol.

Il lui avait fallu un instant pour réaliser que le visage d'Ahmed n'était plus flou et imperceptible. Elle pouvait distinctement percevoir ses traits qui restaient néanmoins cachés derrière une sorte de cache-cou sombre et couvrant.

Pourquoi cherchait-il autant à se cacher ?

Par chance, aucune cabine de toilette ne semblait occupée et personne ne se trouvait dans la réserve, ce qui leur permettrait de discuter en toute confidence. Ils entrèrent dans la réserve avec discrétion et celle-ci étant assez étroite et s'asseyerent sur le sol pour enfin reprendre leurs esprits. Un grand silence règna pendant plusieurs instants et aucun d'eux n'osaient relever la tête. Malice tremblait de tout ses membres et sentait le stress lui tordre le ventre.Ahmed était dans le même état mais le laissait moins paraitre. S'il avait été seul, il se serait probablement arraché les cheveux et se serait mis à trembler mais il ne pouvait pas se le permettre. Il gardait toutes ses émotions négatives en lui, ce qui aggravait les choses.

A: Il leur faudra peu de temps avant de nous trouver ici tu le sais. Je n'ai donc pas beaucoup de temps pour te raconter l'histoire que tu attends.

Elle resta silencieuse et regarda son regard fixement pour la première fois.

M: Puis-je voir ton visage ?

A: Je crains ta réaction si je ne te le montre.

M: Ce sera à moi de décider quelle sera ma réaction si tu me le permets, affirma-t-elle dans un calme presque rassurant.

A: Je t'autorise à l'enlever mais je ne l'enleverais pas de mes mains.

Malice se pencha alors vers son visage afin de retirer ce qui le couvrait. Ses mains tremblaient et elle ferma les yeux craintive de découvrir l'identité de celui qu'elle aurait dû mais ne parvenait pas à détester.

Lorsqu'elle les réouvrit, il la regardait là à attendre qu'elle ne se souvienne de qui il était. Soudainement, elle douta de tout et était certaine d'avoir imaginé toute cette histoire.

M: Je..je te reconnais mais j'ignore toujours..

A: Attend, laisse moi t'expliquer..Tu te souviens du jour où tu avais été interpellée par un son étrange ton chemin du retour ? Tu avais pris le temps de t'arrêter pour comprendre d'où il provenait. C'était moi. J'étais mal en point et tu avais découvert mon endroit secret. Je suis resté assis à cet endroit chaque jour de la semaine à la même heure, pendant plusieurs années. J'y allais également lorsque je me sentais terriblement mal, ce qui m'arrivait un peu trop souvent mais à chaque fois que je m'y rendais je pensais à cet événement qui me redonnait le sourire. J'espérais qu'un jour par miracle, je finisse par te voir à nouveau.

Ensuite, il y a eu le vol. Je pensais que tu éviterais ma présence cette fois mais à nouveau lors d'un moment de faiblesse, tu m'as simplement adressé un mot et un regard qui me faisait comprendre que j'étais visible et que j'avais une certaine valeur à tes yeux.

Il rabattu son regard vers le sol et attrapa délicatement ses mains afin de les tenir en ses paumes durant la suite de son récit.

A: Ces dernières années ont été très compliquées pour moi et il y a peu de choses qui m'aidaient à tenir, excepté un objectif. Un seul..Celui de te revoir et de pouvoir te parler.

Elle restait silencieuse sous l'effet du choc et son regard commençait à devenir humide.

A: Tu dois penser que tout cela est improbable mais je vais répondre à la question que tu te pose avant même que tu n'ai à le faire.

M: Amed..

A: Laisse moi terminer, je t'en prie. Ils me poursuivent car j'ai fugué de chez moi. Ma mère avait appellé des infirmiers qui étaient sur le point de m'emmener. Je ne suis pas assez fou pour faire du mal à qui que ce soit mais suffisamment pour t'avoir emmené jusqu'ici.

M: Et pour avoir emporté avec toi une arme, s'exclama-t-elle ironiquement.

A: *soupir* C'est exact. Nous sommes peut être dans un rêve mais ma douleur était réelle et ton sourire était l'unique chose qui m'aidait à la surmonter. Les sentiments que j'éprouve pour toi le sont également et à vrai dire, ils sont tout ce qu'il me reste..Je pense avoir tout dit.

Il relâcha ses mains et un certain chagrin s'afficha sur son visage. Il semblait honteux de toutes ses confidences et conscient de la gravité de ses actes tandis qu'elle le regardait attentivement et avec considération, rassurée par cette version de l'histoire.

M: Pourquoi Malice ?

A: Ce mot signifie: Quelqu'un qui prends plaisir à voir les autres souffrir (Ahmed l'intello est de retour).

M: Je te remercie, je sais ce qu'il signifie.

Son regard se perdit dans le vide pendant qu'il tentait de se remémorer un souvenir traumatique que son esprit avait tenté d'effacer jusqu'à présent. Elle le regardait avec un regard débordant d'amour mais ce dernier ne le remarquait pas.

A:..J'ai eu une hallucination.

Elle se redressa, les sourcils froncés, curieuse d'entendre ce qu'il avait à dire.

A: J'étais en pleine crise de panique et j'étais seul. Lorsque j'ai relevé la tête, tu étais en face de moi et tu étais souriante. Ce n'était pas à moi que tu souriais et j'ignore à qui tu adressais ce sourire mais j'avoue avoir éprouvé une certaine jalousie. J'ai pensé un instant: "Comment peut-elle être aussi souriante pendant que je suis là à l'attendre en mille morceaux ?" Ton regard était éclatant et ton sourire était communicatif. Je t'en ai voulu d'être heureuse sans moi. C'est égoïste, je sais.

M: Quel est le rapport avec la malice ?

Il perdit soudainement son sang froid et se laissa envahir par ses émotions.

A: J'étais en colère contre toi !
Tu apparaissait dans mes rêves et à chaque fois, j'étais invisible à tes yeux. Je me suis alors mis à penser: peut-être aime-t-elle me voir souffrir. Elle m'a fait l'aimer et puis elle a disparu sans même me donner son nom. Qu'y a-t-il de plus cruel ? Je t'ai alors appelé par ce nom "Malice". Tu m'as adressé un regard et aussitôt tu as disparu..

Elle se rapprocha de lui avec compassion alors qu'au même moment le visage d'Ahmed s'était fermé afin de cacher sa peine.

M: C'était un rêve. Ce n'était pas moi. Sâche que si j'avais sû..si j'avais été là , je ne t'aurais jamais laissé seul.

Il releva la tête furtivement, surpris par ce qu'il venait d'entendre. Elle l'aimait ! Lui, qui s'était présenté à elle tel un monstre, il n'en revenait pas. Au même moment, un policier frappa violemment contre la porte leur hurlant de sortir. Ils étaient encerclés et aucun d'eux deux n'avaient l'intention de sortir. Ahmed savait que c'était la fin. Il lui avait dit tout ce qu'il avait à lui dire et se sentais enfin soulagé. Néanmoins, il aurait aimé conserver cette complicité si soudaine.

Il la regarda d'un regard presque désolé et l'enlaça soudainement. Elle fût surprise mais accepta son geste. Elle ferma les yeux suffisament fort pour pouvoir ressentir la chaleur de son corps contre son coeur et lorsqu'elle se réveilla sa joue était tachée de larmes mais elle n'était pas certaine qu'il s'agissait des siennes.

MALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant