Chapitre 14 ; Trop arrogante

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Dans la précipitation, les passagers se sont entassés sur le toit de l'avion, sans penser une seule seconde qu'il finirait par couler.

Maintenant que je suis prisonnière ici, entourée de requins, je me rends compte de la stupidité de notre raisonnement.
Cela doit faire deux bonnes heures.
Deux bonne heures que ces requins surveillent chacun de nos faits et gestes, s'approchant un peu trop près de leurs proies. Car nous ne sommes ni plus ni moins un gibier de choix.

Mathias n'a toujours par rejoins sa famille. D'ailleurs, depuis plusieurs minutes, il ne cesse de lancer des regards énervés et soupçonneux en direction de ses parents. Léo est venu quérir des informations, mais à chaque fois, Mathias lui répondait par un simple grognement et cela n'allait pas plus loin.
Je sais que ce n'est pas vraiment le moment de régler des histoires enfantines, mais ma déclaration à eu l'air de perturber Mathias, et je veux savoir pourquoi.

Je ne vais tout de même pas le consoler alors que ce parasite m'a très clairement dit que j'étais une gamine ! Il a ce qu'il mérite, mais je veux néanmoins faire profit de ma curiosité mal placée.

— Tu as l'air soucieux, lui dis je en m'approchant avec prudence.

— Encore une fois, rien de ce que je fais ne te regarde.

— C'est à cause de tout à l'heure ?

— Et si tu te taisais ?

— Les Lanos sont vraiment des pourris.

Il se tourne enfin vers moi, un sourcil relevé et un rictus fixé sur le visage.

— Tu es trop arrogante.

— Tu dis ça, seulement parce que je remets en cause ta légitimité dans cette famille de barge. Et pourtant tu en es un.

Récompensé par son air haineux, je lui souris et continue de lui balancer mon venin au visage.

— Si ça se trouve tu as été adopté, ou abandonner sur la route par tes vrais parents.
— Qu'es que tu y connais à l'amour parental ?

Il doit se rendre compte qu'il va trop loin, car il écarquille les yeux et s'avance légèrement vers moi. J'ai conscience que je suis odieuse, méchante et égoïste, mais il n'a pas l'air d'avoir retenu que j'ai passer quatorze ans de ma vie dans cet orphelinat. Lui a des parents, adoptif ou non, il en a. Mais moi ?

Je ne considérerais jamais les Lanos comme ma famille. Jamais.

Tandis que je m'apprête à riposter, manquant cruellement d'arguments, un cri retentit.

Un enfant s'est approché un peu trop près d'un des requins et s'est fait mordre. La blessure n'a pas l'air bien profonde mais seigne abondamment. Tout le monde se rue autour du petit garçon. Tout le monde, sauf les Lanos, qui semble fixé quelqu'un. En suivant leurs regards, je découvre Mathias, les yeux écarquillés, les muscles bandés et la bouche entre ouverte.

Chris et Théodora accourent jusqu'à lui et le secoue par les épaules, jusqu'à ce qu'il se debatte comme un détraqué. Léo, Rose et Éli aident leurs parents à maitriser leur frère, non sans difficulté. Mathias finit par se calmer lorsque la blessure de l'enfant n'est plus à sa portée.

Les hélices d'un hélicoptère fendent l'air mais je ne les écoute pas.

Les passagers grimpent à bord de l'hélicoptère mais je ne les remarques pas.

Je devrais être soulagée que nous soyons sauvés, et pourtant, je ne le suis guère.

Car je sais que désormais, je ne suis plus en sécurité.

Je ne l'ai jamais été.

Rosa Bianca è Rossa ( En correction / réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant