Summer Dress | Library and Wine

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Quand j'arrive à la librairie, la nuit est tombée depuis une demi-heure et ma mère est déjà en train de signer des autographes. Marcher m'a fait oublier les remarques des garçons et j'ai décidé que cette robe n'avait aucun problème et que moi non plus. Ce ne sont pas leurs remarques qui me feront me sentir mal. Avant de rentrer dans la librairie, j'ai quand même fait un tour sur moi-même pour m'assurer que rien ne clochait. Juste au cas où.

Il y a étonnamment beaucoup de mondes dans la librairie et un brouhaha constant enveloppe l'endroit. J'ai toujours aimé la librairie Whale of a Tale. C'est ce genre de librairie un peu ancienne où tout est en bois et où de gros canapés en cuir s'enfoncent sous votre poids. Ce genre de lieux où l'on se sent bien à n'importe quelle heure de la journée.

Je m'approche de ma mère pour la saluer de loin. Elle me fait un sourire rapide avant de continuer ses autographes. Je m'éloigne un peu du public autour de ma mère et me dirige vers le buffet dans un coin. J'attrape quelques toasts en enlevant ma veste qui commence à me tenir chaud et la dépose sur un siège vide. En picorant mes amuse-bouche, je me mets à me balader parmi les rayons. Mon regard se porte immédiatement sur les éditions anciennes des livres de littérature. Je passe presque religieusement mon doigt sur la tranche des livres de Dickens, Paul Auster ou encore Mark Twain. Je trouve un vieux recueil de poèmes d'Emily Dickinson que je me mets à feuilleter.

That I did always love
I bring thee Proof
That till I loved
I never lived—Enough—

That I shall love alway—
I argue thee
That love is life—
And life hath Immortality—

This—dost thou doubt—Sweet—
Then have I
Nothing to show
But Calvary—

Je referme le recueil avec le sourire aux lèvres. La façon de décrire le sentiment amoureux chez Dickinson m'a toujours fasciné et je sens mon cœur battre plus vite. Je continue mon exploration de la librairie en cherchant les livres des sœurs Brontë. Je tombe sur Jane Eyre, La Recluse de Wildfell Hall mais ne trouve pas Les Hauts de Hurlevent. Déçue, je change de rayon et me rends dans la section psychologie de la librairie. Un peu à l'écart et proche du buffet où se trouve quelques bouteilles de vin, la section psychologie n'intéresse personne et je me retrouve seule dans le rayon. Soudain intéressée par cette section, je passe mon regard sur les tranches jusqu'à ce que je tombe sur un nom d'auteur que je connais. Je sors un livre de grande taille et aux couleurs criardes. Une silhouette de visage est représentée sur la couverture avec des rouages tout autour. Je lis le titre du livre avec intérêt.

Comment gérer le Haut Potentiel : relations aux autres, vie personnelle et angoisses

par le Docteur Johanna Amber

Je retourne le livre à la recherche d'une photo d'auteur et vois une photo de ma psy dans un tailleur noir. Je reste un moment abasourdie devant le livre avant de me mettre à lire la table des matières avec avidité. C'est un raclement de gorge qui me fait me sortir de ma lecture et je relève la tête avec agacement.

Conrad se tient juste devant moi, une bouteille de vin entre les mains.

- Tu lis des trucs de psychologie maintenant ?

- Et toi une seule cuite ne t'a pas suffi hier soir ?

Conrad grimace un peu et se reverse du vin dans un verre. Je repose le livre de ma psy sur l'étagère et m'approche du brun pour lui piquer son verre. Je commence à le boire en défiant Conrad du regard et il lève les yeux au ciel.

The Summer I Never Succeed To Hate You | TSITPWhere stories live. Discover now