Scarf Mode

1 0 0
                                    

De nombreuses personnes s'étaient mises à se rassembler autour de lui, attendant de lui une salvation qu'au fond d'eux ils savaient perdu.
Il avait le dos tourné, il fouillait dans sa palette de maquillage, il n'aurait de quoi se remaquiller qu'une ultime fois, ce sera suffisant.
Cette palette était une invention de Platine, le maquillage était capable de résister à l'eau et aux intempéries, tout du moins une semaine maximum avant une seconde application.
Aphrodite se retourna face à eux et leur expliqua:
  - Je peux peut être vous sortir de là, mais pour cela j'aurais besoin d'une chose, quand je vous dirais de courir vous courez, quand je vous dirais de monter vous monterez, et quand je vous dirai de fermer les yeux vous fermerez les yeux, compris ?
Ils acquiesçèrent, curieux.
  - J'aurai besoin de personnes de confiance pour vous protéger si j'ai un problème, qui a de l'expérience en combat ?
Un garçon à peine plus jeune que lui leva le bras, et quel bras, il était immense, au moins trois fois la largeur d'un bras normal.
  - La maladie du Protée, tu as beaucoup de potentiel, ça devrait suffire pour les amener au bateau.
Il emporta avec lui un flacon qui se trouvait dans la trousse de maquillage et fit évacuer les souterrains, en quelques heures, les lieux avaient été vidés, quelque deux cent personnes se trouvaient devant une galerie, attendant les ordres.
Il marchèrent un long moment jusqu'à atteindre un des quais de la Seine, un des bateaux amarrés était tout particulièrement grand, visiblement un bateau de croisière, d'un coup d'œil rapide, il apperçu plusieurs gardes lourdement armés patrouiller devant et à l'intérieur du navire, les passagers ne devaient pas être n'importe qui.
Chacun d'entre eux attendaient à l'intérieur du tuyau dans l'obscurité, quelques rares lumières de lampadaire permettaient de voir le visage d'Aphrodite, même dans la nuit, son teint immaculé était magnifique.
Il se tourna vers le garçon au bras immense, pendant les quelques heures que durèrent l'évacuation, il en a profité pour le former rapidement, le garçon était rodé aux techniques de combat avec son bras maintenant.
Aussi, Aphrodite avait-il collé à son bras une plaque métallique afin de le protéger en cas de tir, son énorme bras couvrant largement sa poitrine.
Il lui tapa sur l'épaule, comme pour lui rappeler son rôle, puis sortit le flacon de sa poche.
  - Et maintenant, s'il vous plaît fermez les yeux quelques instants.
Et chacun d'entre eux, même le plus curieux, ferma les yeux.
Lorsqu'ils les rouvrirent, le flacon gisait sur le sol, vide, et Aphrodite était dos à eux, sa silhouette fine éclairée par les lampadaires ne bougeait pas, juste devant la sortie des souterrains.
Et, brusquement, disparu.
Litteralement évaporé, les spectateurs mirent quelques instants à réaliser ce qui venait de se passer, lorsque le jeune garçon décida de sortir des souterrains pour le chercher, il s'aperçut que les deux hommes qui montaient la garde devant l'énorme bateau avaient disparu, leurs armes à leur pieds et quelques vagues dans l'eau laissait deviner le sort qui venait de leur arrivé.
Il observa longuement le bateau, il y avait visiblement du mouvement à l'intérieur, soudain, il vit à travers la fenêtre d'une cabine au-dessus du pont le visage d'Aphrodite.
Le jeune garçon recula sous le choc, ce visage qu'il voyait quotidiennement depuis maintenant trois mois n'avait rien à voir avec celui-là.
Ce visage, si toutefois il osait l'appeler ainsi, était couvert de cicatrices, scarifié de parts en parts par de courtes et longues balafres qui n'étaient pas là avant, et son expression plus froide que le juge des enfers acheva de changer à jamais la vision du garçon sur ce visage.
Il se baissa et ramassa le flacon sur le sol, c'était un produit démaquillant, un acide à peine assez puissant pour retirer la couche de maquillage qu'il s'était mis pour cacher ses cicatrices.
  - Je te trouve bien sceptique mon garçon. Dit soudain une voix sortie de nulle part.
Le jeune homme se retourna, une silhouette immense se trouvait derrière lui au torse démesuré, sur sa veste, il y avait l'inscription "Docteur Lindsay".
  - Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu en action le célèbre Scarf Mode. Dit l'inconnu en regardant le bateau avec un sourire.
  - Le "Scarf Mode"? Répondit machinalement le garçon.
  - Dis moi mon garçon, es-tu familier avec le phénomène de transe ?
Le garçon ocha la tête, déboussolé.
  - Si c'est vrai tu m'impressionnes; une transe est une forme de méditation très puissante, elle lui permet dans ce cas précis d'atteindre un stade de conscience si intense qu'il n'agit plus que par instinct, son corps sait instinctivement comment réagir à une situation donnée, il peut ainsi appliquer simultanément toutes les formes et techniques d'art martial qu'il a appris dans sa vie, toutes ses techniques d'esquive, de combat, de danse, ses connaissances sur les points faibles du corps humain, c'est dix huit années d'entraînement intensives qui ressortent d'un coup, stimulé par l'apparition de son vrai visage.
Le garçon tourna la tête, en effet, il pouvait appercevoir Aphrodite se battre contre les gardes au loin, c'était une vision d'une rare intensité, ses coups traversaient les gilets pare-balles et brisaient les os à travers la peau, esquivait les balles et tuait ses adversaires en un seul coup, visant uniquement les points faibles du corps humains qu'il semblait voir comme si elles étaient peintes à la peinture blanche sur ses adversaires.
  - Lorsqu'il entre en transe, il est virtuellement invincible, j'en sais quelque chose. Compléta le docteur.

Soudain les bruits se turent brutalement, le garçon voulu se précipiter à bord du navire mais la gigantesque main du docteur l'attrapa par la tête et le reposa à l'entrée des souterrains.
  - Doucement mon garçon, si j'étais toi, j'attendrai qu'il finisse de se remaquiller tu ne crois pas ? Il refuse catégoriquement que quiconque le voit sous son vrai visage, il n'utilise le Scarf Mode que contre des adversaires qu'il s'apprête à éliminer, personne de vivant ne doit le voir.
  - Comment vous savez tout ça ? Demanda le garçon sous le choc.
Le docteur ouvrit sa veste avec son énorme main, puis sa chemise, sur son torse démesuré se trouvait une cicatrice qui faisait toute la longueur de son ventre.
  - Je doit être la seule personne sur terre encore en vie à l'avoir vu en action. Dit il en reboutonnant sa chemise. Et quelque chose me dit que ce n'est pas la dernière fois que je la verrai.
Il salua tout ces gens d'un geste ample et noble et s'en alla comme il était venu.
Le garçon se remit de ses esprits, il n'avait pas oublié sa mission, Aphrodite devait avoir fini de cacher ses cicatrices, il passa la tête dehors, celui-ci lui faisait signe de le rejoindre sur le bateau.
C'est donc quelque deux cent personnes qui  montèrent à bord du bateau.
Pendant le chargement, le garçon entendit un bruit, une patrouille venait de faire le tour des quais et les avaient vu monter à bord du navire, seul la moitié des réfugiés avait pu monter le long de la rampe d'accès, il devait neutraliser les gardes.
Du haut du pont, Aphrodite regardait la scène, couteaux de lancer à la main, il voulait voir si le jeune homme pouvait se débrouiller seul.
Les gardes se mirent à tirer sur lui, il se protégea avec son énorme bras renforcé, malgré la plaque de métal, chaque tir lui causait une vive douleur dans le bras.
Arrivé à leur portée, il assena à l'un des gardes un coup de poing qui le fit voler -littéralement- à plusieurs mètres de distance et enchaîna avec un autre coup sur le dernier garde dans le ventre qui le propulsa dans la seine.
Le garçon regarda son immense bras, estomaqué.
Aphrodite sourit, ce garçon plairait bien à Platine.
Et ils levèrent l'ancre.

Anormal Activity Where stories live. Discover now