Chapitre 12

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« Nous lui réservons une petite surprise. » rétorque Alexandre Lacazette en se frottant les mains.

POV Daniëlle

Mon cœur manque un battement. Les sourires vicieux, les voix, les mots des Lyonnais... Tout me rappelle des traumatismes encore frais. Les mauvais souvenirs me glacent le sang. Depuis cette journée à Paris, je déteste les surprises. Sauf si elles viennent de ma famille et d'Ellie. Je secoue la tête. Ma famille et Ellie sont synonymes. Je secoue la tête de nouveau et chasse mes pensées romantiques pour me concentrer sur la scène devant moi.

« Nous voulons savoir jusqu'où la mènera son honneur. » dit impassiblement le capitaine lyonnais.

« Son honneur ? » demande Sonia dans la confusion la plus totale.

Mon honneur ? Je ne comprends pas. Personne dans notre équipe ne comprend. Même le personnel autour de nous est confus. Laurent Blanc reprend la parole.

« Son honneur, oui. » répète Laurent Blanc.

« Qu'elle nous prouve son honneur et alors nous agirons en conséquence sans qu'aucune goutte de sang ne soit versé. »

« Pourquoi devrions-nous vous croire ? » lâche Ellie dans un murmure dangereusement bas.

« Chaque goutte de sang lyonnais est un gâchis. Ce n'est pas ce que nous désirons aujourd'hui. En outre, je crois savoir aussi que vous avez besoin de vos internationales dans quelques jours. N'est-ce pas ? » répond Alexandre Lacazette en haussant les épaules.

« Elle n'a rien à prouver. Elle n'a rien à prouver à quelqu'un comme vous et à une équipe qui perd trois points contre Strasbourg et Auxerre ! Ah ! Il est bien loin le temps où Lyon faisait trembler l'Europe chez les hommes. Donc ne venez pas nous parler d'honneur. Surtout pas à la joueuse qui a sauvé notre club au Parc des Princes. » claque fermement Sonia.

L'égo des Lyonnais se brise sous nos yeux.

« Nous voulons Daniëlle Van de Donk. » siffle Alexandre Lacazette, blessé sans vouloir le montrer.

Je cligne des yeux. Si je me sacrifie et me livre aux Lyonnais alors mon équipe sera sauvée ? Mon honneur équivaut donc à mon sacrifice pour mon équipe selon eux ? Je n'y crois pas. Ils sont sur le point de nous anéantir eux-aussi. Autour de moi, les joueuses et même le personnel du centre sont sceptiques. Je tourne la tête vers Camille. Elle me regarde confuse puis secoue vivement la tête.

« Tu es notre meilleur atout. Nous avons besoin de toi. » chuchote Camille dans mon oreille.

« Tu ne penses tout de même pas que Paris a demandé aux joueurs de notre propre club de nous anéantir pour remporter plus facilement le trophée des championnes ? »

Camille s'immobilise. Son regard est clair. Il signifie :

'Comment Daniëlle peut-elle penser une chose pareille ?'

« Depuis ce jour, l'année dernière, les pires scenarii se jouent régulièrement dans ma tête. » dis-je en baissant les yeux.

La Française relâche un soupire soulagé.

« Je suis désolée... » dis-je.

« Ne le sois pas. Daniëlle Van de Donk n'a pas à être désolée pour une telle chose. » me sourit-elle.

Dans mon dos, j'entends la voix d'Ellie.

« Tout cela n'est qu'une mascarade. Nous n'accepterons jamais de vous livrer l'une des nôtres pour satisfaire votre besoin mal placé de supériorité virile. » crache-t-elle.

« L'une des vôtres ? L'une des tiennes ? Ou ta petite-amie ? » réplique Ryan Cherki.

Sa question dégouline d'homophobie. Il n'a même pas pris la peine de la dissimuler. Son capitaine et son coach se retournent simultanément vers lui. Leur mouvement est sec et surprenant. Leur regard respectif fusille le jeune espoir français qui baisse instantanément les yeux. Les sourcils se lèvent parmi les Lyonnaises. Dans les deux groupes, les esprits surchauffent.

« Daniëlle Van de Donk ! » appelle fortement Alexandre Lacazette.

« Je dois y aller. » dis-je à Camille.

L'ancienne internationale secoue énergiquement la tête.

« Hors de question. Ils vont te massacrer. Je ne peux pas te perdre. »

« Je suis ton meilleur atout. Je sais. »

« Tu es avant tout l'une des nôtres. » s'empresse-t-elle de dire pour se rattraper.

Je souris satisfaite de mon petit piège.

« Que ferais-tu à ma place Camille ? »

« Je serai déjà là-bas. »

« Que feraient l'équipe à ma place ? »

« Elle serait déjà là-bas. »

« Donc tu sais ce que je dois faire. Il en va de mon devoir et de mon honneur. Je suis Daniëlle Van de Donk. » dis-je en bombant la poitrine et en levant le menton.

La situation ne se prête pas aux plaisanteries mais Camille réfléchit puis soupire. Elle me libère de ses bras, toujours incertaine. Je sens ses yeux sur moi alors que je m'avance vers le capitaine de l'OL. Je dépasse mon équipe. Les têtes se tournent. Les respirations se bloquent dans les poumons. Wendie veut me retenir mais elle perd l'équilibre de ses béquilles. Dzsenifer la rattrape. Je continue d'avancer.

« Daniëlle Van de Donk ! » crie de nouveau Alexandre Lacazette.

J'apparais dans son champ de vision. Ellie ne m'a pas encore vue.

« Laissez-la tranquille. Elle- » commence Ellie.

Je pose ma main sur sa taille pour l'interrompre. Elle sursaute. Se tourne vers moi. La peur envahit ses yeux. Son cerveau refuse de me voir, ici, en première ligne. Ses traits sont marqués par ses sentiments. Camille rejoint Sonia. Les deux se regardent, confuses et inquiètes. Je veux la réconforter mais je ne sais pas comment. Je me souviens du nombre d'homophobes en face de moi. Je décide de m'amuser. Après tout, comme je l'ai dit. Je suis Daniëlle Van de Donk. Je me penche vers Ellie mais au lieu de lui embrasser la joue, j'attrape ses lèvres. Les visages masculins se crispent tandis que derrière moi mes amies gloussent. Nos coachs rient.

Je romps le baiser et écarte Ellie vers l'arrière. Eugénie l'intercepte et la ramène vers le groupe. Je fais signe à tout le monde de reculer. Damaris saisit Ellie et l'empêche de me rejoindre. Je suis désormais seule. Dix pas me séparent des miens. Je tremble. Je ne peux pas parler alors le capitaine de l'OL le fait pour moi.

« Ainsi donc, ton honneur est suffisamment fort pour te faire venir, ici, devant moi. Prépare-toi. » dit Alexandre Lacazette.

Un sourire encore plus étrange se dessine sur ses lèvres, puis sur celles de Laurent Blanc. Derrière leur coach, les Lyonnais réagissent de la même façon. Les réfractaires, toujours figés de dégoût après mon baiser, s'exécutent sous la menace visuelle de leur capitaine. La confusion gagne notre groupe. Je me tourne vers Ellie qui ne comprend pas plus que moi.

« Nous avons une surprise pour toi, Daniëlle Van de Donk. »

Je souffle. Ellie souffle. Nous n'aimons vraiment pas les surprises.

Alexandre Lacazette recule parmi les siens. Laurent Blanc également. Je fronce les sourcils. Tous les joueurs et leur coach terminent d'abaisser la fermeture éclair de leur veste respective. J'ai peur de ce que je vais voir. Les vêtements sont retirés dans un seul mouvement.

Mes yeux s'écarquillent de surprise. 

All Stars : Face au destinWhere stories live. Discover now