Prologue

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Kardeşim ? Kardeşim, uyandır.

Radu papillonna des yeux. Il ne ressentait rien. Ou plutôt si, il se sentait plus léger qu'une plume. Il n'avait pas eu cette impression depuis... sans doute depuis sa plus tendre enfance. Il sentit une main passer dans ses cheveux noirs et les peigner comme une mère l'aurait fait. Après plusieurs efforts infructueux – il aurait préféré rester dormir, il se sentait si bien ! – il parvint à garder les paupières entrouvertes. Il se trouvait dans un lit tout simple, aux barreaux en métal peint en blanc et dont le duvet, aussi doux que la peau d'un nouveau-né, semblait peser une trentaine de kilos. La sensation était impressionnante mais pas désagréable. Radu tenta de relever la tête : il ne parvenait pas à discerner les contours de la salle, juste le lit. Il remarqua qu'une personne était assise à son chevet, à sa droite. Il vit d'abord les vêtements du garde-malade, un riche caftan rouge brodé d'or sur une longue tunique de lin blanc. Radu finit par lever les yeux et crut qu'il venait de recevoir une gifle. Il ouvrit la bouche mais sa langue lui semblait faite de plomb.

— Reste tranquille, mon frère, fit doucement l'homme dans un turc aujourd'hui oublié. Tu es si fatigué.

Radu parvint à retrouver suffisamment contenance pour articuler d'une voix rauque :

— Meh... Mehmetcan ?

— C'est Padişah Efendim (1) pour toi, Radu-Bey, fit le jeune homme aux cheveux châtains et à la barbe impeccablement taillée.

Radu leva la main faiblement. Il remarqua la maigreur qui semblait le frapper : jamais il n'avait vu de main si squelettique.

— Eh oui, mon frère, tu as sans doute connu des jours meilleurs, murmura Mehmet en baissant le regard, l'air triste.

— Je... où sommes-nous... pourquoi...

Le strigoï parvint à lever l'index vers le visage du sultan et ce dernier lui saisit doucement la main.

— Tu es dans un entre-deux-mondes, mon frère.

Radu ne comprenait pas. Il resta les lèvres entrouvertes plusieurs longues secondes. Le regard émeraude du sultan pétillait mais un semblant de tristesse s'attardait sur les traits d'un homme qui avait tant compté pour le vampire.

— Tu as reçu une blessure effroyable, gözümün nuru, et si ton frère ainé n'était pas arrivé à temps...

— Ne suis-je pas mort, sultanım ? bredouilla Draculea.

— Pas encore. Ton passage dans le monde des hommes peut toucher à sa fin si tu le choisis.

— Choisir... choisir de mourir ?

— Ton grand frère met tout en œuvre pour que cela n'arrive pas. Pas aujourd'hui, du moins. Mais nous avons été appelés pour t'expliquer le choix que tu dois faire.

— Je veux aller avec toi ! lâcha abruptement Radu, dont les doigts se serrèrent soudain sur la main de Mehmet, comme s'il craignait qu'il ne disparaisse.

— Radu, fit une voix à sa droite, toujours aussi pressé.

Le strigoï tourna la tête dans la direction de cette voix qu'il reconnaissait. Il faillit en revanche ne pas réussir à comprendre pour la voix appartenait à un homme souriant, aux joues roses et au corps bien moins émacié que lorsqu'il l'avait connu.

— Gabriel !

Le Chaldéen portait des vêtements de ville qui semblaient presque incongrus, mais passée la surprise de voir un homme en pleine santé s'adresser à lui à la place du malheureux qui était mort des suites de ses blessures.

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