1 - How did you die?

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Whilemina, Île d'Avral

Quand cet homme aux cheveux blancs s'était présenté à moi en se faisant passer pour un chasseur solitaire, j'ai cru que j'allais enfin être prise au sérieux par mon frère et par le reste de ma Guilde. Après tout : cet homme m'avait donné la formule pour créer une arme – ou plutôt une munition – pour détruire les vampires et comme j'étais la première femme à accéder au rang de chasseresse dans notre guilde. Oui, on a une culture hyper-machiste. Je me suis glissée dans l'escouade qui avait été rassemblée afin d'aller à la rencontre d'un vampire, un strigoï, plus précisément. Aucun d'entre eux ne savait que je détenais une arme inédite et je m'en suis servie au mauvais moment : j'ai eu peur, j'ai cru bien faire et j'ai tiré – j'ai honte de l'avouer, mais un côté m'as-tu-vu a sans doute joué dans ma décision. Je visais Dracula, un autre vampire a reçu la décharge et un troisième vampire a débarqué. Personne n'a discuté : le troisième vampire avait l'air d'être supérieur à tous les autres monstres qui nous entouraient. Ah, oui, forcément : Dracula, qui devait se présenter seul face à Van Helsing – le chef du groupe –, s'était entouré d'une escouade de ses semblables. Bon, après je crois que Van Helsing devait lui aussi venir seul et s'était entouré de trois chasseurs. C'est de la stratégie.

Sauf que Ismaël Van Helsing plus trois chasseurs hors-pair, plus moi, ça n'a pas du tout suffi et la seule chose qui a permis de calmer le chef vampire c'est que je parte comme otage chez ce dernier. Ça, c'est uniquement parce que je n'ai pas tué l'autre monstre sur le coup. Si j'avais réussi à le tuer, je pense que le chef vampire aurait massacré a minima tous les humains dans la chapelle où nous nous trouvions.

J'ai été jetée par ce vampire terrifiant dans une espèce de souterrain humide aux grosses pierres dont certaines portent des symboles que je n'ai jamais vus. Je me souviens d'assez peu de choses de notre trajet jusqu'à... chez lui, j'imagine ? Juste que j'avais chaud et que je n'avais plus mal. Parce que là, j'ai super mal : je suis à peu près sûre qu'en m'attrapant et dans la chapelle où j'ai tiré sur son frère, ce grand vampire ultra-flippant m'a cassé des côtes. Il me serrait contre lui si fort que j'ai entendu les côtes en question claquer. J'ai tout le temps envie de tousser. Je n'arrive pas à m'asseoir ou à tourner le buste, et n'importe quelle inspiration trop longue provoque une toux très douloureuse.

Je me trouve dans une sorte de geôle dont il est impossible de sortir : mon seul échappatoire possible serait une sorte de minuscule ruisseau qui longe le fond de ma geôle et qui disparait dans un trou qui doit sans doute servir de latrines. Échappatoire possible mais peu probable : je n'ai pas appris à passer dans un trou de vingt centimètres de diamètre.

Comme la position debout reste la plus confortable, je me tiens contre les épais barreaux de ma cage humide – le vampire a dû s'inspirer du premier Pirates des Caraïbes mais je n'ai pas de banc en bois à disposition. Je ne risque pas de mourir de soif, au moins.

Après, je reconnais que j'ai merdé : j'ai cru bêtement que mon frère et les autres Guilders allaient à la rencontre du célèbre Dracula pour le mettre hors d'état de nuire et j'ai réagi sous l'effet de la peur. Le vampire que j'ai touché n'est même pas le fameux Dracula, c'en est un qui s'est interposé entre moi et ma cible. De ce que j'ai compris, c'est leur petit frère. Et le plus âgé est arrivé en trombe et a décidé de me prendre en otage, probablement pour pouvoir m'exécuter si le plus jeune meurt.

C'est de bonne guerre. J'aimerais autant que ça n'arrive pas.

Et je tremble de froid. Pas de peur. Mes vêtements sont trempés.

Bon, okay, je tremble aussi de peur.

*

Une heure s'écoule avant que je n'entende à nouveau des pas dans les escaliers qui mènent jusqu'à ma geôle. Je suis à deux doigts de me pisser dessus, je vais être honnête. Si c'est le grand vampire qui m'en veut à mort, il ne descend pas pour m'apporter des macarons, mais je ne vois rien dans cette obscurité et la personne qui arrive ne porte même pas une bougie. Je recule instinctivement jusqu'au petit ruisseau qui chantonne sans se soucier de mon angoisse.

Vampire Consultant 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant