6 - Giving back the Baby

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Manoir du Monteloup – Île-de-France

Oscar, d'habitude plus nonchalant, était parti comme une flèche à travers les grandes pièces du manoir de Radu, suivi de très près par Vlad Tepes, pour qui l'orphique ne pourrait jamais aller assez vite à son goût.

Derrière eux suivait Hakku, Ayna sur ses talons – la petite avait saisi une poignée de fines tresses du jeune strigoï pour être sûre qu'il ne la distance pas. En traversant le petit salon où Wilde avait établi ses quartiers généraux de lecteur aguerri, le petit groupe pila net : Valeria rampait sur le sol, à quatre pattes, secondée par un voirlouveteau au pelage presque roux qui se transforma en pelote d'épingles, tous crocs dehors, lorsqu'il vit le strigoï. Malgré la peur évidente d'Ani, qui tremblait, le poil hérissé, il se campait sur ses pattes, interdisant à Draculea d'approcher sa petite protégée.

— Allons, allons, jeune homme ! fit Oscar. Ne...

Il entendit un long reniflement dans son dos et se retourna : les joues de Vlad luisaient de larmes. Wilde secoua la tête, tenta d'étouffer la pitié qui l'avait saisi et tira un mouchoir en batiste de sa manche :

— Mouchez-vous donc. On n'a pas idée d'être aussi mélodramatique !

Le vampire lui saisit la main et l'Irlandais eut un mouvement de recul, effrayé. Cela ne faisait pas assez longtemps depuis cette terrifiante altercation dans sa boutique d'antiquaire, à Versailles, où le strigoï l'avait agressé et cruellement torturé.

— Je... je suis tellement désolé... son frère... fit ce dernier la voix sèche en désignant Valeria qui gazouillait, ayant pris place sur son postérieur.

Les grondements de fureur d'Ani redoublèrent.

— Le dire ne suffit pas, Tepes, lâcha froidement Oscar.

— Je vous promets que je ne voulais pas qu'il... qu'il...

— Qu'il meure ? termina à sa place le poète. Soyez déjà capable de prononcer son prénom, ce sera beau. Allons, venez. Ne touchez pas à la petite, vous risqueriez d'y laisser un doigt – et si Radu sent votre odeur sur elle, il risque de devenir fou de rage.

— Si seulement... marmonna Vlad.

Oscar semblait ne pas l'avoir entendu lorsqu'il avait déclaré que Radu se trouvait dans un état critique mais le regard que l'Irlandais lança au strigoï ne trompa pas. En arrivant devant la pièce incriminée par l'indiscret Hakku, Wilde marqua un temps de pause.

— Tepes, fit-il d'un ton moins acide, quels que soient vos sentiments, quelle que soit la personne qui dort dans cette chambre, je dois vous rappeler que j'estime avoir l'entière responsabilité des deux enfants que Radu m'a confiés, moroaica et voirlouveteau. Je mettrai tout en œuvre pour les protéger, y compris vous interdire l'accès à ce manoir et tout ce qu'il y contient si vous les mettez en danger.

— Vous tenez beaucoup à vous venger, Wilde, aboya Vlad, dépassé par sa propre impatience. Pourquoi ne pas vider l'abcès, dans ce cas, et me bannir dès à présent ?!

Plein de morgue, l'orphique regarda son ennemi de haut en bas et persifla :

— Parce que je ne suis pas comme vous, moi. J'entre avant vous. Laissez-moi un instant.

Vlad rongea son frein mais il laissa Oscar se faire avaler par les ténèbres de la chambre, d'où une odeur de strigoï s'éleva en effet – mais peut-être son imagination le trompait-elle et lui faisait confondre cette odeur avec celle de Hakku ? Valeria tendit la main pour saisir le bas du pantalon de Vlad en bafouillant :

— Da-du ?

Mais Ani, grondant avec une fureur non-feinte, claqua des dents près des mollets du vampire et bouscula la fillette pour qu'elle s'écarte de ce dernier, déclenchant des pleurnichements colériques.

Vampire Consultant 3Where stories live. Discover now