Vampire Consultant 3

3 - Kâlî

— Comment va-t-elle ?

Tahir s'était relevé d'un bond et avait dégaîné un poignard de cérémonie qu'il avait ôté d'une décoration murale. Il se détendit en reconnaissant l'intrus qui était entré sans frapper.

— Majesté, fit-il en s'inclinant. Pardonnez-moi.

Le roi Sahale avança doucement jusqu'à hauteur de son petit-fils. Il murmura avec un triste sourire :

— Moi qui espérais que tu ferais partie d'une génération sans guerre. Te voilà aussi nerveux que les compagnons que ta grand-mère a ramenés dans son sillage.

— Comment vont-ils ?

— La seule qui m'inquiète vraiment est cette Akane. Était-elle aussi gravement touchée avant l'attaque des orphiques ?

— Oui, maugréa Abaddon en se retournant vers le visage de Sophie, profondément endormie. Ce sont des monstres.

— Ce sont des humains, Rykka.

— Elle aussi est humaine, protesta Tahir en désignant Colibri du menton, et pourtant, elle...

— Et pourtant tous les témoins de ce qu'elle a fait dans ta demeure concordent : elle a tué en quelques secondes plus d'hommes et d'orphiques que tu ne le peux compter.

L'Iranien serra les dents et tourna le dos au monarque souverain de Jamshid, grave faute protocolaire.

— Allons, Rykka. Nous ne sommes pas dans ton monde de Sapiens.

— Pardon, Majesté. Mais vous savez très bien pourquoi Colibri a réagi comme ça.

— Elle a laissé libre cours à sa colère.

— Nous étions prêts à tous les tuer. Lorsque la reine Tala est arrivée avec la reine Otrera, elles ont aussi participé à cette bataille.

— Je ne suis pas certain qu'une bataille rangée soit comparable à la boucherie que ton amie a...

— Majesté : avec votre respect, Gideon, ce... un... un criminel de la pire espèce... il était entré dans ma maison et s'était infiltré dans la chambre d'Akane, justement ! C'est à cause de ce monstre qu'Akane est dans un tel état ! Sophie a réagi comme n'importe quelle personne doit...

— Rykka.

— Vous ne pouvez pas nous juger.

— Je ne juge personne. Je dis simplement que cette petite a employé une force bien trop démesurée.

— Est-ce qu'elle aurait dû laisser Gideon violer Akane – encore ? insista Abaddon dont les yeux étaient devenu jaune vif.

— On ne démembre pas et on n'éviscère pas un violeur.

— S'il avait violé la reine Tala ou Toukou, vous ne diriez pas ça avec autant de légèreté. Ce qu'elle lui a fait, ce n'est rien, à côté de ce qu'il a fait à Akane – et à d'autres, d'ailleurs. Si j'avais été elle, j'aurais agi mille fois pire...

— Peut-être. Tu aurais peut-être aussi perdu tes moyens. Mais tu ne possèdes ni sa force, ni ses pouvoirs.

— Blâmez votre fils, Majesté ! Tout est de sa faute ! Il a fait semblant de l'aider alors qu'il ne cherchait qu'à l'éliminer. Il l'a fait avec un enfant Sapiens, il n'allait pas se gêner avec une adulte !

Ce qui était à Jamshid, dans la culture voirlouve, une suprême indignité – tuer un enfant – et Nili, le fils du roi, s'en était rendu coupable.

— Nili a été puni pour cela, il l'est toujours. Il se punit d'ailleurs plus que n'importe qui au monde.

— Vous le connaissez mal.