III - Léa/Hadriel

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Hadriel

Cette tunique, impossible de la louper. Je ne sais pas ce qu'elle est censée représenter . Des motifs psychédéliques, une pluie de bonbons génétiquement modifiés de toutes les couleurs et de toutes les formes  ? Tout ce que je sais, c'est que c'est affreux. Et pas franchement adapté à l'établissement. Bref, je la détaille depuis plusieurs minutes et elle n'a toujours pas remarqué ma présence. Je me racle la gorge en refermant le dernier bouton bouton de ma tunique. Léa, qui se tient à quelques mètres de moi, de profil, daigne enfin sortir la tête de son casier.

Il y a encore une semaine, elle se pointait très motivée au Fairmont en recherche d'un stage. Au début je ne voulais vraiment pas l'engager parce que la brigade de mon chef pâtissier est pleine mais elle m'a intrigué et j'aimerais bien voir de quoi elle est capable. Un peu de compétition ne leur ferait pas de mal. Et il faut dire que j'ai appris à la connaître pendant cette semaine. Elle adore les couleurs et les motifs tape à l'œil,suffit de la voir pour s'en rendre compte, elle est très créative malgré quelques couacs au niveau de la présentation et d'après Donald, mon chef pâtissier, elle a beaucoup de talent.

– Une partie de paint-ball matinale ? fais-je en détaillant à nouveau son accoutrement au risque d'y perdre la vue.

J'adore la déstabiliser. Au début je croyais qu'elle était timide et qu'elle instaurerait une certaine distance parce que je suis son patron mais elle ne se laisse pas du tout démonter. Une véritable bête sauvage.

– Non. Humeur créatrice, me sourit-elle sans se laisser démonter.

– Personne ne vous a remis vos tenues de travail ? Vous savez, celles sur lesquelles ont peut lire Fairmont Hotels&Resorts et pas Asile de Fous.

Elle laisse échapper un petit rire nerveux, des fossette apparaissent sur ses joues, son nez se plisse un instant, puis elle contre attaque :

-Je travaille dans un milieu minutieux et stricte alors j'apporte ma touche de folie. Et puis je n'aime pas les fringues ennuyeuses. Ni les gens ennuyeux. Ni les desserts ennuyeux. C'est pour ça que je suis ici, non ? Si vous voulez obtenir le meilleur de moi, ce sera avec ça ! dit-elle en refermant son casier, avant de s'éclipser adroitement par la porte de service.

Ce que je veux obtenir de toi ? Question suivante ! Même la pire des tenues ne parvient pas à la rendre repoussante. Je la trouvais déjà ravissante il y a une semaine et ça n'a pas changé. C'est d'ailleurs ce qui m'a poussé à entendre ce qu'elle avait à dire. Ce n'était pas parce que je voulais l'aider ou quoi que ce soit mais parce que j'avais envie de la découvrir. Malheureusement pour moi, je met un point d'honneur à ne pas mélanger mon travail et ma vie privée alors je m'évertue à ne pas avoir des pensées obscènes. Cela n'empêche pas mon cerveau de l'observer quand même.

Quoi qu'elle fasse pour s'amochir, cette fille reste d'une beauté saisissante. Fait chier.

Généralement, les femmes rentrent dans l'une de ces trois cases : charmante, belle, sexy. À mon plus grand désespoir, Léa Reed pourrait se vanter d'être les trois. Et le plus horripilant et en même temps adorable c'est qu'elle l'ignore. Bien sûr, elle n'est pas idiote, elle doit se rendre compte que les regards masculins glissent sur elle plus que sur les autres, mais sait-elle seulement à quel point ?

Sa longue chevelure brune aux bouts légèrement blonds lui arrivant jusqu'au dos, son magnifique grain de beauté dans le coin droit de son menton juste en bas de sa lèvre et ses magnifiques yeux qui observent tout en permanence. Dès notre première rencontre, cette petite bombe atomique m'a secoué... comme je ne l'avais pas été depuis des années. J'aurais du jouer la sécurité et la congédier mais je n'ai pas eu le courage ne rassure pour cela et je sens qu'à cause de ça je vais me retrouver dans la merde.

The fear of loveWhere stories live. Discover now