Chapitre 15

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Flashback 13 ans plus tôt - Priam 7 ans

Je m'observe dans le miroir, la silhouette que je distingue me semble étrangère. Je ne reconnais pas le visage que je vois face à moi. La personne que je contemple dans le reflet est un parfait inconnu. Vêtu d'un costume noir, mon visage rongé par la tristesse, j'avance à reculons pour quitter ma chambre et affronter les obsèques de mon frère. Maintenant qu'il n'est plus là, je ne sais plus qui je suis. Avant on nous reconnaissait par notre gémellité. Il y n'avait pas Priam sans Akhan, il n'y avait jamais l'un sans l'autre.
On était tout le temps fourré ensemble. On vivait à deux. J'étais une extension de lui.

C'était mon pilier pour pas que je m'effondre. Avec lui je trouvais l'équilibre de ma vie. Maintenant qu'il décédé, je ne sais plus comment me comporter, comment agir. Quand il est mort, une partie de moi s'est envolée avec lui à tout jamais. Mes parents ne voulaient pas que j'assiste à l'enterrement car selon eux j'étais trop jeune pour vivre ce genre d'événement mais j'ai insisté pour venir. Je me dois de faire l'effort pour mon frère, il aurait fait pareil à ma place.

C'est avec la boule au ventre que je rejoins mes parents et que je m'installe dans la voiture. C'est dans un silence pesant que nous roulons jusqu'à l'église. D'habitude, c'était toujours mon frère qui animait les trajets en voiture avec ses histoires. Maintenant qu'il n'est plus là, seul le silence nous tient compagnie. Des personnes de la famille ainsi que des proches attendent à l'extérieur de l'église. Ils nous souhaitent leur condoléances et moi je me contente de fixer le sol pour ne pas craquer.

J'ignore les discussions autour de moi, j'ignore le sourire faux sur les lèvres de ma mère, j'ignore les larmes de mes grands parents. Je ferme les yeux et je m'imagine à ses côtés. Je nous revois il y a encore quelques jours à jouer aux cartes ensemble, à regarder des dessins animés, à jouer à la DS... C'est fou comme tout peut basculer d'un jour à l'autre. Il y a encore moins d'une semaine mon frère était en vie.

Et aujourd'hui je me retrouve à honorer sa mémoire au premier rang de l'église. Un portrait de lui souriant est affiché. Rien qu'en observant cette photo, je sens mes larmes monter. C'est comme si d'un coup en contemplant cette photo, tout devenait plus réel. C'est comme si mon cerveau acceptait enfin qu'Akhan était décédé et qu'il ne reviendrait jamais. Une fois tout le monde installé, le prête dit quelques mots puis vient au tour de mes parents de faire un discours.

C'est d'une voix tremblante que ma mère prend la parole, les larmes aux yeux :

« Akhan était un fils merveilleux. Il est le fils que toute mère rêvait d'avoir. Il était d'une gentillesse et d'une bonté indéniable. Il était curieux, posait sans cesse des questions. Il était avare de connaissances et voulait comprendre le monde dans lequel il vivait. Sa bonne humeur était contagieuse, c'était le soleil de ma vie. Je l'aime plus que tout, pas un instant je pensais le perdre si tôt. Cela me semblait tellement irréaliste que je m'empêchais d'y penser. C 'était un petit garçon fort et vaillant, il gardait toujours le sourire malgré sa maladie qui le rendait faible physiquement et mentalement. Il est un modèle pour moi. Il est un modèle pour nous tous. Je ne sais pas si je vais réussir à atténuer la douleur qui s'est installé dans ma poitrine suite à son décès. Je ne sais pas si je vais réussir à aller de l'avant et avancer. Mais je vais essayer de faire de mon mieux car c'est ce qu'Akhan aurait voulu. Il aurait voulu que je sois heureuse et que je ne reste pas tourmentée et brisée suite à sa mort. Je sais que mes blessures vont prendre du temps à guérir. J'espère que dans un futur proche, elles finiront par devenir un mauvais souvenir. Si je dois conclure ce discours, je souhaite m'adresser à toi mon fils qui m'écoute depuis le ciel. Sache que je suis fier de toi, ta maman t'aimera toujours, tu auras toujours une place dans son cœur. »

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