Chapitre 23

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La vue de la belle blonde allongée dans mon lit me paraît irréel. Dire qu'il y a quelques jours encore je pensais qu'être avec elle était un rêve inaccessible. Mon cœur se porte mieux maintenant que nous sommes ensemble. Cela me semble trop beau pour que ce soit vrai. J'ai l'impression de ne pas la mériter. J'ai peur de me réveiller et de me rendre compte que tout cela n'est que le fruit de mon imagination.

J'ai tellement espéré avoir une personne qui me rend heureux et qui puisse avoir le pouvoir de guérir le chagrin qui m'habite que l'avoir actuellement me déstabilise. Depuis Thaïs, qui était la seule à apaiser mon cœur meurtrit, je n'ai plus eu l'habitude du confort de se sentir aimé. J'ai tellement été seul à ne compter que sur moi-même que désormais je ne sais plus comment me comporter lorsqu'on est deux. J'ai tellement peur de tout faire foirer. Je crains de faire une bêtise qui nuise à notre couple tout récent. Je panique à l'idée d'anéantir le cocon confortable que nous venons de construire.

Maintenant que j'ai obtenu sa confiance, je ne peux me permettre de la briser. Je ne veux pas la faire souffrir, mais je me connais je finis toujours par faire du mal aux gens que j'aime. C'est dans ma nature, je ne sais pas comment je me débrouille mais le résultat est le même à chaque fois : je déçois les gens autour de moi.

Je ne sais pas ce qui cloche chez moi, à croire que j'attire les problèmes comme des aimants et que j'aime le conflit. Mais ce n'est pas le cas, au contraire depuis petit j'ai toujours évité la confrontation. Encore plus à la mort de mon frère pour ne pas que mes parents ne se fassent du soucis pour moi. Au collège, je ne sais pas si c'est la puberté, l'environnement qui m'oppressait ou le fait qu'Akhan n'était pas là pour m'épauler mais j'étais furieux et j'en voulais à la terre entière. À cette période là, la moindre remarque au sujet de mon frangin me faisait vriller, et les poings fusaient. La première fois que je me suis battu, je n'arrivais plus à me contrôler.

C'est comme si mon cerveau était en pause et que je me laissais guider par la violence qui m'habitait et qui voulait s'exprimer. C'est ce jour-là que j'ai découvert l'existence de cette noirceur en moi. Heureusement que les enseignants sont intervenus sinon je ne sais pas si mon camarade serait toujours en vie. On m'a expulsé une semaine, mes parents étaient morts d'inquiétudes et ne savaient pas comment faire pour que j'aille mieux.
Ils avaient essayé de me faire allez voir un psy à 10 ans car je m'enfermais sur moi-même et que je ne leur adressais plus la parole. Ils n'avaient plus de solutions quand à ma détresse psychologique et mes excès de colère. C'est alors qu'ils ont pensé au sport comme moyen d'échappatoire.

Pour éviter que ma colère ne me fasse encore défaut et que je fasse quelque chose que je regretterai, je me suis mis à la boxe pour me canaliser. Et ça a marché, cela a été libérateur, je ne pensais pas que taper dans un punching-ball me serait autant bénéfique. Quand je boxais, le monstre qui grandissait en moi dans l'ombre disparaissait. Quand je boxais tout mon chagrin disparaissait et j'oubliais que j'étais fils unique. C'est exactement la même sensation que je ressentais quand j'étais avec Thaïs, l'impression d'être en paix. Et c'est cette sensation que je retrouve encore plus décuplée avec Soélie.

Je ne sais pas pourquoi, mais lorsque mes yeux se sont posés sur cette femme à la chevelure dorée, j'ai su qu'elle pouvait contribuer à mon bonheur. Dès que je l'ai vu à mon chevet, dans cette chambre d'hôpital alors qu'elle ne me connaissait pas, j'ai su que c'était le destin. J'ai su que nous étions destinés à nous rencontrer pour construire un éventuel avenir ensemble. Même si actuellement je n'ai encore aucun souvenir de l'accident, je remercie le ciel d'être rentré dans ce magasin et d'avoir acheté ces chaussures de sport pour tomber sur elle. Cette simple décision a changé le cours de ma vie. Et si j'avais choisi une autre boutique où que j'étais tombé sur une autre vendeuse, serions-nous rencontrés ?

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