PARTIE 4 - Chapitre 47

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Pendant que prince, princesse et servante accouraient au chevet de leur monarque réveillé, les arpenteurs se rassemblaient sur un balcon isolé de la Conservatour. Ils étaient entre eux et purent partager sans crainte leurs sentiments dans cette drôle d'affaire.

— Je n'avais jamais remarqué que les castelbouchois avaient ce curieux accent, commença le médecin en se grattant le menton.

— Ce n'est pas le moment, Justinien ! déclara Léopoldine excédée par les événements. Dis-nous plutôt comment va le roi Meloric.

— Il est faible physiquement, mais je ne m'en fais pas pour ça. Psychologiquement en revanche, il est très touché par la perte de Bartholomaüs et le fait que personne ne connaisse l'air à jouer.

— Ça m'étonnerait tout de même qu'on ne trouve pas une partition de cette musique dans la Conservatour, ajouta Léopoldine. Il va falloir fouiller de fond en comble cet endroit. Tous ensemble, on peut y arriver.

— Si elle était écrite, elle ne serait pas cachée, non ? se demanda Merle. Avec la mandoline, ce sont les plus précieux trésors de Castelbouchon. Contrairement à l'instrument, une partition, ça se reproduit facilement.

— Merle a raison, poursuivit Izak. Si je l'avais, je la graverais en grand sur la façade de la Conservatour pour ne jamais la perdre.

Les arpenteurs se tournèrent et observèrent le mur de la Conservatour à tout hasard. Hélas pour eux, aucun castelbouchois n'avait eu la même idée que le rivois.

— On doit fouiller cette Conservatour, répéta Léopoldine.

— Imagines-tu le nombre de partitions qu'il doit y avoir dans une telle école ? soupira Justinien.

— Avec un peu de volonté, on peut y arriver ! assura la bramane.

C'est Any qui acheva finalement sa maîtresse :

— Mais enfin, Léo. Il faudrait en plus que tu les joues une par une devant Melomia et Meloguste, car tu es la seule à lire les tablatures et les partitions et ils sont les seuls à connaître l'air.

Léopoldine perdit instantanément sa motivation. La bastet avait raison : il n'y avait que les enfants princiers à l'oreille musicale désastreuse pour pouvoir dire si oui ou non elle avait le bon document. Même leur père ne l'avait jamais entendue.

— Et l'Oratlas ? se risqua Justinien.

— Il connaît les destinations soi-disant, pas sûr qu'il saurait nous aider à trouver un air bien spécifique.

— Il y a peut-être d'autres instrumentistes qui pourraient nous épauler à Castelbouchon, lança Ruben.

— Le roi m'a affirmé que la musique n'était pas interdite, toutefois je ne suis pas convaincu qu'il sait ce qu'il se passe parmi ses sujets. Le baron Belcot était ferme sur la question : la musique et les musiciens sont interdits à Castelbouchon.

— Il aurait menti ? demanda Izak.

— Possible, pourtant je pense plutôt que c'est une méprise depuis que sa majesté Melophis laissa tous les élèves de la Conservatour rechercher la mandoline.

— C'est grave, il faut rectifier ça, Justinien !

— Pas dit qu'on nous entendrait, Merle. On est des étrangers après tout. Quant au roi, il a montré des signes de faiblesse évidents à son peuple. Et après 50 ans d'interdiction, on le prendrait sûrement pour un aliéné.

— Et le prince ? Et la princesse ?

— Trop jeunes.

— Pfff vous les adultes. Vous devriez écouter un peu plus les plus jeunes !

Le Cycle des Ramures - Tome 1 : Les Musicéens de Castelbouchon [Terminé]Where stories live. Discover now