𝐂𝐈𝐍𝐐.

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— Bon, il arrive quand ce foutu dépanneur ?!

Évidemment, personne ne lui répondit, étant donné que Jihoon était trop occupé à dessoûler contre la portière de la voiture, affalé comme un amorphe.

Mitsuri jeta un coup d'œil à sa montre : 3h45 du matin. Elle soupira longuement en se frictionnant les bras. Si elle était en sueur dans la boîte de nuit une heure plus tôt, maintenant que l'adrénaline était retombée elle avait plutôt froid. Et son débardeur ne la protégeait absolument pas du léger vent frais.

Comment s'étaient-ils retrouvés dans cette situation ? Très bonne question !

La Toyota de Jihoon était tombée en panne alors qu'ils n'étaient plus qu'à 10 minutes de l'appartement de Meilin. Le reste du groupe, à moitié bourrés pour la plupart, c'était décidé à abandonner la voiture à son triste sort et à finir le chemin à pieds, tandis que Jihoon s'y était fermement opposé, trop attaché au véhicule. Les deux seules personnes encore sobres, c'est-à-dire Mitsuri et Victor, s'étaient donc répartis dans les deux groupes et Mitsuri avait écopé de la garde de Jihoon pendant que Victor raccompagnait les autres filles de la bande.

À côté d'elle, Jihoon se redressa enfin pour s'adosser à son tour contre la voiture. Mitsuri lui jeta un bref coup d'œil et observa qu'il avait l'air un peu moins saoul qu'avant. Elle fronça les sourcils en l'observant sortir un paquet de cigarettes de sa poche.

Je croyais que t'avais arrêté ! s'offusqua-t-elle.

Ouais. grimaça-t-il. Tu peux éviter de le dire aux autres ?

— Si Dayun l'apprends...

— Je sais. C'est pour ça que je veux pas qu'elle l'apprenne.

Heejin avait une constitution très fragile, en plus de posséder des poumons défaillants. C'est pourquoi elle supportait très mal la fumée de la cigarette ou même de toute sorte de drogue. Elle était en partie la raison de l'arrêt subit de Jihoon pour la clope, enfin aux dernières nouvelles, mais ce n'était apparemment plus d'actualité.

C'est bon. souffla Jihoon devant l'air réprobateur de Mitsuri, tapotant ses poches pour trouver son briquet. J'en prends une toutes les deux semaines, voire moins encore. Ça fait trois mois que j'tape dans l'même paquet !

— Mouais... Promets-moi de pas retomber dedans.

J'te le promets. C'est bon, t'es contente ?

Mitsuri ne répondit rien, les bras croisés sur sa poitrine pour se tenir chaud.

Ça va toi, en ce moment ? interrogea-t-elle.

Elle ne l'avait pas vu depuis un bon bout de temps, mais quand elle l'avait quitté quelques mois plus tôt, il était en plein conflit avec son père, et elle commençait à se dire que la cigarette entre ses doigts n'était pas anodine.

Bof, tu sais avec mon père... Il veut toujours pas comprendre. Pour lui je veux juste attirer l'attention sur moi, comme d'habitude. Il dit que c'est qu'une phase, que ça me passera. Que moi, son grand fiston, je peux pas aimer les bites. Parce que moi j'ai pas une tête de pédale. Et je reprends ses mots.

À ces mots, Mitsuri fut parcourue d'un frisson de dégoût. Elle ne comprenait décidément pas que l'on puisse rejeter quelqu'un pour sa sexualité.

Il lui faudra du temps pour l'accepter, c'est sûr. Mais il t'aime fort Ji', j'ai aucun doute là-dessus. Il finira par comprendre que peu importe le genre de la personne avec qui tu fais ta vie, tu restes toujours le même petit garçon qu'il a élevé et vu grandir. J'essaie pas de le défendre, parce que rien ne justifie la violence des mots qu'il te dit, mais élever un enfant seul, c'est compliqué, je suis bien placée pour le savoir, et ça demande du courage. Il est ton seul parent et t'es son seul enfant, donc le lien qui vous unit est vraiment particulier. Je t'aiderai à lui ouvrir les yeux si tu veux. En attendant, sache que ma porte sera toujours ouverte si t'as besoin de quoi que ce soit. Et si je suis à l'autre bout de la Corée, tu peux toujours m'appeler.

𝐇𝐎𝐋𝐃 𝐎𝐍 | 𝙺𝙸𝙼 𝚂𝙴𝚄𝙽𝙶𝙼𝙸𝙽Where stories live. Discover now