Chapitre 9 : Troublée

61 6 0
                                    

Morphée musarda à faire son travail cette nuit-là. L'excès d'endorphine n'avait pas aidé Emy à trouver le sommeil rapidement. Le réveil fut donc plus périlleux que la veille. Cependant, elle était plus motivée que jamais à aller travailler bien qu'elle devait fermer le magasin et ainsi quitter tardivement. Ce fut même la première fois en quatre ans qu'elle était en avance sur son lieu de travail. Elle rentra dans la boutique, son casque de moto à la main en saluant ses collègues sur son chemin. Elle balaya la surface du magasin du regard, cherchant à apercevoir la crinière rousse de sa binôme. Ce n'est qu'à l'étage qu'elle la vit. Alors qu'elle terminait un échange avec une cliente, elle s'aperçut de l'arrivée d'Emy. Elle remercia la femme et s'approcha d'elle en affichant un grand sourire. Les lèvres de la brune ne purent résister et s'étirèrent à sa venue. Elle était ravissante. Contrairement à son habitude, elle avait les cheveux lâchés. Ses boucles s'illuminaient à chaque mouvement et elle portait un jeans noir taille haute qui sublimait sa silhouette voluptueuse. Emy ne put contrôler un léger regard baladeur sur le corps de la jeune femme, ce qui n'échappa pas à Andréa qui s'humecta les lèvres avec fierté.

— Tu es en avance, lui dit-elle sans cesser de sourire.

— Je peux faire demi-tour, si tu veux ? s'amusa Emy en mimant un départ.

Andréa l'attrapa par le bas de sa veste pour la retenir.

— Certainement pas !

Elle posa alors une main sur la taille d'Emy et déposa un baiser sur sa joue.

— Salut Clochette, murmura Emy hébétée par son geste.

Au même instant, un appel micro résonna dans le magasin, réclamant un responsable en caisse. Andréa laissa glisser sa main sur le ventre de la jeune femme tout en la contournant avant de se diriger vers les escaliers. Elle n'avait pas décollé son regard de celui d'Emy jusqu'à ce qu'elle disparaisse à l'étage inférieur. La motarde inspira profondément puis souffla longuement pour faire taire les papillons qui grouillaient dans son abdomen. Elle s'orienta à son tour vers la salle de pause. Il n'y avait personne et le silence régnait dans ce petit havre de paix. Emy déposa ses affaires et ôta son blouson en cuir avant de s'asseoir en s'affalant sur la table. Les écouteurs dans les oreilles, elle profitait de cet instant de solitude et ferma les yeux, récupérant un tant soit peu le manque de sommeil de sa précédente nuit. Elle sentit soudain son écouteur quitter son oreille gauche. Elle ouvrit aussitôt les yeux et se redressa, les sourcils froncés, prête à japper sur le voleur. Son visage se défroissa lorsqu'elle aperçut Andréa, l'écouteur en question dans son oreille.

— Tu n'as pas assez dormi ? l'interrogea-t-elle sans s'asseoir.

— Ça t'arrive de demander la permission ? Voleuse...

— T'es une romantique en fait, s'amusa Andréa sans relever les petites railleries de sa collègue.

— Pourquoi tu dis ça ?

Andréa montra du doigt son écouteur en haussant les sourcils avec un rictus malin au coin des lèvres.

— Oh ça va ! souffla Emy en sortant son téléphone. Je n'écoute pas que ça.

— Entre « Il me dit que je suis belle » et « Elle a les yeux revolver », ça en dit long sur toi.

— Tu as fini de te moquer ? Je vais changer, tu as gagné ! ronchonna-t-elle.

— Je n'ai pas dit que ça ne me plaisait pas, murmura Andréa.

Les deux jeunes femmes s'échangèrent un regard troublant qui mit le feu aux joues d'Andréa. Emy mit alors fin au moment de gêne en changeant de musique. Elle commença à danser en rythme, d'un mouvement d'épaule maîtrisé. Andréa se mit à rire puis l'imita avant de fredonner les premières paroles.

Elle est faite de la même matière que les rêvesWhere stories live. Discover now