Chapitre 32 : Le silence

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Cela faisait des jours qu'Emy n'était pas sortie de chez elle. Elle avait éteint son téléphone et débranché son interphone. Elle voulait volontairement s'isoler du reste du monde. Elle attendait patiemment l'incitation à comparaître qu'elle devait recevoir en cause des accusations qui lui sont portées. Elle avait d'ores et déjà reçu une amende incroyablement haute ainsi que la suspension de sa licence de conduite pour le dépassement de ligne. La même erreur à Bâton-Rouge ne lui aurait pas sucré son droit de conduire. Elle le savait, mais elle n'y pouvait rien. Elle avait également reçu un rapport d'incident détaillé avec la certification de licenciement pour faute grave ainsi que l'accusation du conseil de l'ordre relevant les faits qui lui avaient été exposés par Mencia. Elle n'arrêtait pas de se répéter qu'elle avait tout gâché. Presque en une seule et même journée, elle s'était fait briser le cœur, avait perdu son droit de rouler, son droit de travailler et sa dignité par-dessus le marché. Elle venait de foutre en l'air sa vie. Elle n'allait probablement pas retrouver de travail et allait devoir se contenter de ramasser les ordures de Saint-Georges avec les patrouilles nocturnes des nettoyeurs de la ville. Non. Elle n'allait sans doute pas pouvoir remettre un pied à Saint-Georges après tout ce bazar. Elle souffla longuement et s'étira sur son lit jusqu'à attraper son téléphone prenant la poussière sur sa table de chevet. Elle l'alluma et patienta jusqu'à voir apparaître l'écran d'accueil. Elle découvrit avec un pincement au cœur que personne n'avait pris de ses nouvelles. Alors qu'elle allait jeter son téléphone contre le mur, ce dernier se mit à vibrer. Les messages affluaient sans discontinuer pendant une minute. Lorsque les vibrations prirent fin, elle ouvrit l'application de messagerie pour en révéler le contenu. Elle développa la première conversation : Pablo.

— Mon chouchou, murmura-t-elle avec un faible sourire.

Pablo : Que passa Emy ? On entend de drôle de rumeur par ici...

Pablo : Tu vas bien ? Niña, réponds-moi.

Pablo : Ils ne peuvent pas te foutre dehors comme ça ! C'est des connards !

Pablo : Emy, on s'inquiète... réponds-nous...

Pablo : Je ne sais pas si tu vois tous mes messages, mais demain c'est ton anniversaire... enfin on avait pensé que ça te ferait du bien de sortir... Appelle-nous. On t'aime.

C'est mon anniversaire demain.

— Merde...

Elle avait complètement oublié. Elle avait perdu la notion du temps. Elle revérifia la date du jour sur son téléphone. Oui, demain elle aura 23 ans. Elle se remémora les mots d'Andréa. « Je sais que tu ne t'en souviens pas encore, mais tout te reviendra à ton anniversaire, je te le promets. » Elle souffla en secouant la tête. Elle chassa cette idée saugrenue de son esprit et poursuivit sa lecture : Inès.

Inès : Bébé, je croyais que tu fermais aujourd'hui ?

Inès : Des gens t'ont vue cachottière ! Pourquoi tu es partie ? Tu ne te sentais pas bien ? Tu es malade ?

Inès : T'as décidé de faire la morte ? C'est pas cool, tu sais ?

Inès : Tu fais chier Emy !

Inès : RÉPONDS-MOI, MERDE !!!!

Inès : T'es où bordel ? Je m'inquiète. Tout le monde essaye de t'appeler !

Inès : J'ai vu Andréa pleurer. Il s'est passé quelque chose ? Vous vous êtes fait prendre ?

Inès : Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je pense qu'il faut que tu le saches. Andréa a démissionné. Elle est partie ! Comme ça ! Sans dire au revoir !

Elle est faite de la même matière que les rêvesDonde viven las historias. Descúbrelo ahora