Chapitre 18 : Roméo et Juliette

60 4 0
                                    

La soirée battait son plein. La musique rayonnait avec davantage de décibels, déliant les muscles du groupe d'amis formant quelques pas de danse improvisés. Le tournoi de beer pong touchait à sa fin. Nos deux outsiders avaient en définitive tiré leurs révérences aux portes de la demi-finale face aux champions en titre, Rebecca et Lucie. Le binôme avait, malgré sa défaite, fait sensation et la performance d'Andréa avait été notable. Pour une fille de la Haute, elle s'en était admirablement sortie et la petite équipe ne tarissait pas d'éloges. Elle fut assaillie de questions et de compliments par le reste du groupe dès leur élimination. Emy laissa alors Andréa profiter de son moment de gloire éphémère et s'éloigna en direction des billards en compagnie d'Inès.

— La prochaine fois, je joue avec elle, plaisanta-t-elle en jonglant avec la bille blanche. Sérieusement, elle n'avait jamais joué avant, tu en es sûre ?

— C'est ce qu'elle m'a dit, en tout cas, lui répondit Emy en plaçant les billes colorées dans le triangle. J'admets qu'elle a un sacré coup de main pour une débutante.

— Avoue que c'est troublant. Elle était sniper d'élite pour l'armée de la Haute avant de tomber chez nous ?

— Tu es bête, souffla Emy en riant doucement.

La jeune femme prit la bille blanche des mains de son amie et la plaça sur le tapis rouge carmin de la table de billard. Elle se baissa, et tapa d'un coup sec et ample pour casser le jeu et commencer une partie. Trois billes bleues atterrirent directement dans les trous situés aux coins opposés de la table.

— Tu es attirée par le bleu ce soir, s'esclaffa Inès. Tu fais des infidélités à ta patrie ?

— Tu fais partie de ces gens qui pensent que Bâton-Rouge et Saint-Georges sont incompatibles ?

— Pas incompatibles, mais, disons rivaux, précisa-t-elle en se penchant à son tour pour jouer. Les bleus nous ont toujours regardés de haut donc...

— Et donc la rivalité empêche toute sorte de courtoisie ou d'échange ?

— Courtoisie et échange ? s'étonna son amie en faisant taper sa canne au sol. C'est comme ça que tu appelles ce qu'il se passe entre vous ?

— Andréa et moi c'est purement amical, se défendit Emy en tapant doucement dans la bille blanche.

— Amical... Pfff, laisse-moi rire ! Toi et moi, c'est amical et que je sache tu ne m'as jamais regardé comme ça. Non pas que je sois jalouse, mais c'est un fait, chérie ! Avoue-le au moins !

— Et alors ? Ça nous amènerait à quoi ?

— L'île du plaisir et de la passion, tu connais ?

Emy s'esclaffa en secouant la tête.

— Je suis sérieuse ! Pourquoi tu te refuserais ça ? Je sais pertinemment que c'est ton type de nana et bonus : elle est dingue de toi.

— Tu as trop bu, chouchou.

— Pas du tout ! Arrête un peu de fuir bon sang ! Cède à la tentation et prenez un peu de bon temps. Une partie de jambes en l'air n'a jamais déclenché de guerre ! Ce que tu peux... m'agacer ! Je tuerais pour qu'on me regarde comme ça !

Emy observait son amie tenter de contrôler sa frustration en frappant la bille blanche excessivement fort.

— Tu vas sortir la bille de la table si tu continues comme ça.

— Qu'est-ce qui te bloque ? interrogea Inès de nouveau.

— Je ne veux pas ce genre de relation. Du sexe et puis quoi ensuite ? Après on devra travailler ensemble comme si de rien n'était ? Laisse-moi rire.

Elle est faite de la même matière que les rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant