55| Ma famille

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Damon

— Elle doit être au plus mal, Damon. Appelle-la.

— Ça fait trois jours que j'essaie, maman, elle ne répond pas.

— Il lui faut du temps pour digérer tout ça.

Trois jours se sont écoulés depuis la découverte de cette petite fille, ma petite fille dont j'ignorer l'existence toutes ces années.

— Je sais que c'est dur pour toi aussi, chéri, mais mets-toi à sa place. Je ne te demande pas de lui pardonner tout de suite mais prends le temps de réfléchir à ce que toi tu aurais fait à sa place à cette époque.

Je l'ai fait. Ces dernières soixante-douze heures ont été remplies de questions. Essayant de me glisser dans sa peau, de comprendre pourquoi elle a fait ça. Quelle aurait été ma vie aujourd'hui si je l'avais découvert à ce moment-là ? Est-ce que j'aurais eu le courage d'assumer cet enfant ?

Chaque réponse à mes questions trouvait la même certitude : oui, oui et oui. J'aurais assumé cet enfant avec toute la détermination et l'amour dont j'aurais été capable. J'aurais bâti notre foyer, malgré tout ce qui se passait à cette époque. Je me serais battu pour elles, quitte à mettre ma vie en danger pour les protéger et faire accepter aux Devil's Disciples ce qu'il s'est passé. J'aurais été prêt à tout ce qui se serait présenté à moi.

Et pourtant, ce ne sont que des suppositions. Ma mère me dit toujours qu'on pourrait refaire le monde avec des « et si ». Si ça ne s'est pas passé ainsi, c'est que c'était pour une bonne raison, peut-être.

— Je te laisse maintenant. N'hésite pas à m'appeler si tu as besoin.

— D'accord, maman.

Je raccroche et pose mon téléphone sur le comptoir, laissant mon regard divaguer vers ma pièce à vivre. À une époque, j'aurais retourné ma maison, brisant des chaises, renversant le canapé, jetant tout ce qui me passait sous la main par terre mais je n'en avais pas la force.

Je suis épuisé, comme si l'annonce m'avait vidé de toute énergie de vie. Après que la bombe ait été lâchée, je n'ai même pas vu Elisabeth partir, ni tout le monde me poser des questions. Je me souviens seulement de l'avoir appeler mais elle était déjà loin. Je n'arrivais pas à distinguer clairement ce qu'il se passait autour de moi.

J'ai fait alors la seule chose qui m'a semblé être la plus saine. Partir. Je pris ma Harley et j'ai roulé pendant des heures et des heures, jusqu'au petit matin. Je ne savais pas du tout où j'étais, mais au moins j'étais assez loin de tout pour continuer de réfléchir.

J'avais une gosse. Une enfant de mon propre sang qui vivait dans la même ville que moi, que j'ai déjà rencontrée mais que je n'ai pas su reconnaître dès le premier coup d'œil. Au fond, je m'en voulais de ne pas avoir eu le déclic à l'instant où j'ai entendu sa voix, cette fameuse nuit où les White ont attaqué l'hôpital, faisant exploser une bombe dans la chambre de Charly.

C'était une petite fille qui m'avait demandé de venir les aider. Cette même petite fille qui était l'être parfait du mélange de la femme de ma vie et d'une partie de moi.

Peut-être que j'étais comme mon paternel finalement ? Un salaud de première qui n'aurait jamais dû être père.

Je suis interrompu dans mes pensées par le moteur de la moto que je reconnaîtrais entre mille. Je sais que c'est elle. Je me redresse comme si tout mon corps avait repris vie en sachant seulement qu'elle était de retour.

Sans que je ne puisse contrôler mes pas, je me lève et cours presque vers la porte. Je l'ouvre au moment où elle monte la dernière marche du patio.

— Damon...

The Devil's Disciples : Elisabeth #3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant