2. On remballe

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Le lundi apporte avec lui son lot de douleur, loin du week-end festif que j'ai pu passer. C'est le cœur en miettes que je regarde Maxime partir, joyeux, la démarche légère, vers le restaurant où il travaille... Et où je sais qu'il la rejoint, elle.

Julie.

Sa collègue d'à peine dix-huit ans, qui a suffi à lui rappeler qu'il n'a connu que moi et que, peut-être, il loupe sa jeunesse, ainsi qu'un beau lot d'expériences.

Elle n'est même pas si jolie.

Je redémarre, la vision trouble, et mes doigts trouvent, à l'aveugle, le moyen d'appeler Sarah. Elle n'obtient de réponse à son bonjour qu'un reniflement de ma part. Son timbre, d'origine joyeux, se ternit d'inquiétude :

— Cléo, ça va pas ?

Incapable de formuler une phrase correcte, je soupire de soulagement quand elle tranche :

— Je suis chez toi dans dix minutes.

Je parviens à rentrer à bon port par miracle et Sarah n'a pas menti : la voilà qui sonne en bas et qui monte les escaliers quatre à quatre aussitôt la porte de m'immeuble ouverte.

Je l'attends sur mon tapis d'entrée, le mascara sur les joues.

— Cléo... Qu'est-ce qu'il y a ?

Je hausse les épaules, sens la vague de tristesse remonter et mon ton, d'abord las et cassé, monte d'un cran :

— Il a dit qu'il n'a plus aucun sentiment pour moi. En trois jours, Sarah ! En trois jours, plus rien des sept ans passés !

Elle secoue sa tête en signe de négation, ne pose pas plus de question pour entrer, refermer derrière elle et me couver de ses bras.

— Ma biche..., murmure-t-elle, la voix peinée.

Wave, ma chienne bullterrier de trois ans, se joint à l'étreinte, nous arrachant un petit sourire malgré mes larmes. Nous la caressons du bout des doigts, distraitement, et ça me donne le courage de poursuivre :

— Il m'a remerciée pour le trajet et est parti tout sourire, comme si de rien n'était, pour aller la voir au boulot !

Ma confidente détache son buste pour me livrer un regard suspicieux :

— Attends, attends... Rassure-moi. Tu l'as pas conduit... ?!

— Si...

— Mais putain, Cléo ! Pourquoi tu l'aides encore ?! Laisse-le se démerder seul, puisque c'est son choix !

Wave aboie, comme pour approuver les paroles de ma meilleure amie. Moi, je ravale un sanglot. Je suis incapable de dire pourquoi je me montre serviable, arrangeante. Je crois que c'est juste moi. Que je suis en morceaux, mais que malgré tout, ça ne suffit pas à me rendre méchante.

Mais c'est vrai ça, quel dindon je suis d'en plus le conduire, bordel !

Ma meilleure amie tapote mon dos puis clape des mains pour signer la fin du mouron.

— Aller, montre-moi les appartements que tu as trouvés, on va appeler et avancer dans tes cartons !

— C'est férié, Sarah.

— On appellera demain... Et on va commencer par te débarbouiller.

C'est donc avec un masque hydratant sur le visage, des bigoudis dans les cheveux et en peignoirs que nous commençons à vider les meubles. Nous nous attaquons au plus important : l'utilitaire.

C'est inévitable : Maxime et moi, c'est terminé. Ce n'est pas juste une pause, puis après ce qu'il a fait et la manière dont il agi, notre relation ne saurait être réparée. Je vais devoir quitter l'appartement, car il ne pourra pas convenir à Wave et moi. Trop loin de mon travail pour rentrer la sortir entre midi et deux. Je crois d'ailleurs que ça a été l'une de mes premières préoccupations : comment bien m'occuper de mon chien, sans mon partenaire, qui avait des horaires complémentaires, et me secondait dans les balades et les frais ? Ce point est encore au centre de mes craintes... comment pourrait-il en être autrement, alors que Wave est collée à ma jambe ?

Tous mes JamaisWhere stories live. Discover now