PROLOGUE

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J'ai osé guérir, et tout s'est bien passé.

Enfin ça, c'était après avoir traversé l'enfer.

C'était après m'être blâmée une infinité de fois pour mon manque d'impéritie à m'exprimer sincèrement et volontairement quand on s'aventurait dans les replis du coeur étriqués et navrés.

C'était après m'être excusée un nombre incalculable de fois pour mon côté, avaient-ils l'habitude de dire, « égoïste » qu'ils jugeaient excessif et injustifié alors que je n'avais absolument rien à me reprocher.

C'était après m'être persuadée que la vie n'était pas seulement qu'un univers austère, qu'elle n'était pas qu'une simple affaire, et qu'elle pouvait parfois nous pousser à bout pour retrouver son contraire.

C'était après m'être abandonnée au profit de certaines âmes à l'allure hautaine, mon besoin de compter rongé par le fruit de ma haine, je savais que ma reconnaissance était vaine, or cela ne m'a pas empêché de rester amène.

C'était après m'être questionnée à longueur de journée sur la nature de mes sentiments, l'impression d'avoir en face de moi une marre de saignements coulant abondamment, ma rancoeur s'étant transformée en des milliers de légers segments.

C'était après m'être déchirée pour un combat qui n'a jamais mérité ma sollicitude, tandis que m'échiner à ne plus dépendre de la préoccupation morale des autres est devenu une habitude.

C'était après m'être tuée, empoisonnée, esquintée à l'aide de cette dernière épine qui habillait ma rose, celle-ci attendant patiemment que j'ose loger la pointe de mon index sur sa ronce et que je vante le désir de cesser d'être jusqu'à ce que j'y renonce.

C'était après que l'ultime et solitaire larme caresse ma joue et s'échoue sur le sol suintant.

Sans savoir que, finalement, je n'étais plus astreinte à pleurer de douleur et de honte.

Non, c'était fini ça.

J'ai clos cet extrait de ma vie, un peu incendiaire et écœurant certes, et me suis autorisée à en entamer un nouveau qui, à priori, serait davantage solaire et charmant.

À présent, ce sont des larmes d'exaltation et de délectation qui prennent forme dans le coin de mon œil.

Notamment parce que j'ai accepté la guérison et, pour une fois, cela ne m'a pas paru être une trahison.

UPHEAVALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant