chapitre II

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Un bruit sourd nous réveille tous et je me redresse rapidement. Dehors on entend des alarmes et des coups de feu. La peur me prend rapidement, et je remarque que mes camarades sont dans le même état que moi alors nous nous terrons tous dans un coin, comme des animaux effrayés.

Les minutes passent dans l’angoisse quand finalement un homme arrive dans notre baraquement et prend la parole. C’est la première personne qui nous parle normalement depuis notre arrivée, ce qui me fait bizarre car j’avais perdu l’habitude d’être traité comme un être humain. Notre interlocuteur prend la parole.

???: suivez moi, on va vous faire sortir d’ici!

Il dit ça d’un ton calme pour nous rassurer mais le dit assez fort pour qu’on puisse tous l’entendre. La plupart des prisonniers le suivent sans poser de question mais moi je reste sur place, méfiant. Qui dit qu’il va vraiment nous faire sortir? Et si c’est le cas, pour aller où ? Dans un meilleur endroit ? Ou pire? Est ce qu’il va nous tuer? Trop de questions naissent dans mon esprit et il a l’air de l’avoir compris.

???: vous pouvez me faire confiance, je viens pas pour vous tuer mais pour vous sauver.

Je ne dit rien, trop étonné par sa façon de me parler, il est vraiment en train de me vouvoyer là..? Comme si j’étais encore un être humain.. je pense que quand on entre dans cet endroit, on laisse derrière nous notre humanité pour devenir des animaux. Nan, même les animaux sont mieux traités que nous..

Il s’approche de moi et je me recule, méfiant

Moi: t’approche pas!

???: excuse moi..

Il s’arrête et me regarde, je baisse la tête, trop honteux pour le regarder.

???: écoute.. je comprends que tu aies peur, mais je suis là pour t’aider d’accord ? Tu n’est pas obligé de me suivre mais si tu restes ici ils vont te tuer

Moi: qui me dit que tu vas pas me tuer?

???: je te le promets

Moi: eux aussi nous ont promis des choses, et pourtant…

???: je sais, mais je suis pas comme eux d’accord ?

Moi: et comment je peux en être sûr ?

???: … j’étais à ta place avant..

Moi: co.. comment ça…?

Il s’approche à nouveau, plus doucement et je le regarde sans bouger mais en restant sur mes gardes. Quand il arrive à mon niveau, il relève doucement sa manche pour révéler un numéro tatoué sur son poignet gauche, le même qui se trouve sur mon poignet et qui prouve qu'il a lui aussi été dans un camp de concentration. Je le regarde, surpris mais un peu rassuré, comprenant qu’il n’a pas de mauvaises intentions.

???: tu veux bien me suivre maintenant ?

J’acquiesce et le suis en silence

???: au fait je m'appelle Nicolas, mais tout le monde m’appelle Manas

Moi: moi c’est Sidjil… mais.. mes amis m’appelaient Sid..

Soudain je m’arrête, les souvenirs me reviennent.. tous mes proches, ça fait tellement longtemps que je n’y avais plus pensé.. Manas me regarde, inquiet et viens poser une main sur mon épaule. Je sursaute à son contact et il la retire avant de s’excuser

Moi: c’est rien..

Manas: tu viens? On va vous emmener loin d’ici

Moi: pour aller où ?

Manas: déjà on va vous emmener vous laver et vous donner des vêtements propres. Et ensuite on va vous emmener voir un médecin.

Moi: ok..

Je le suis en silence jusqu'à une charrette qui comporte une dizaine de personnes dont 5 prisonniers et 5 autres personnes habillées comme Manas. Je suppose qu'ils font partie du même clan.

Il m’aide à monter et me donne une couverture pour pas que j’ai trop froid. Je m'enroule dedans et la charrette démarre. Au bout de quelques minutes on s’arrête et il m’aide à descendre pour monter dans un camion où il me donne une bouteille d'eau en m’inscitant à boire régulièrement et pas trop vite pour me réhydrater, chose que je fais. C’est vrai que ça fait du bien de boire de l’eau propre après autant de temps.

Je finis par m’endormir et Manas me réveille au moment où le camion arrive à destination.

Manas: tu viens? Un médecin t’attend..

Moi: ouais j’arrive

Je descends du camion et je manque de tomber mais Manas me rattrape.

Manas: eh.. ça va…?

J’hoche la tête, peut convaincu. Ma tête tourne beaucoup et me fait super mal.

Manas: t’arrives à marcher..?

Encore une fois j’hoche la tête même si je n’en ai aucune idée. Mon corps l’appel à l’aide silencieusement, étant complètement épuisé. Il a l’air de le comprendre parce qu'il m’aide à marcher jusqu'à l’intérieur avant de me faire allonger doucement dans un lit. J’avais oublié à quel point c’était confortable cette merde et je souris comme un idiot en redécouvrant cette sensation qui est si banal.

Manas reste assis sur une chaise à côté du lit tandis qu’un médecin arrive et commence à me décrasser avant de désinfecter et bander toutes mes plaies et de me mettre une perfusion. Après ça il part et je sens que Manas est toujours à côté de moi. J’aimerais lui parler mais je n’ai aucune force.

Manas: dort, ton corps en a besoin. Et t’es totalement en sécurité ici, plus personne te fera du mal. Si tu veux je peux rester là le temps que tu dormes.

Moi: merci…

Manas: c’est normal, on est du même côté, faut se soutenir..

J’aimerais lui répondre, discuter avec lui, connaître son histoire. Comment il est arrivé en camp de concentration, combien de temps il est resté, pourquoi il est venu me délivrer, qu’est-ce qu'il va se passer après… mais je n’en ai pas la force et je finis par m’endormir, ne sachant pas si je vais me réveiller un jour.

Un Amour Interdit Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ