chapitre V

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Et dans cet atmosphère pesant, ou tout le monde se rappelle de ses souvenirs les plus sombres. Je décide, pour la première fois de me confier à quelqu'un d'autre que Manas ou le psychiatre. De me confier à l'homme dont mon frère est tombé amoureux, à l'homme dont je ne connais toujours pas le prénom.

Sid: quand j'étais petit, je devais avoir 7 ans, les soldats sont venus dans notre école et ont enlevé notre professeur. Parce que son frère était homosexuel, et il l'a pas dénoncé. Alors les soldats lui ont tiré dessus dans la pièce à côté. En sortant, on a tous vu son corps et les soldats nous ont dit qu'il avait soutenu un impur, ce qui faisait de lui un impur...

Je secoue la tête, comme pour chasser cette image de mon esprit. Manas prend ma main à ce moment là, me donnant le courage de continuer mon récit.

Sid: On a pas eu de nouveau professeur pendant un an après ça... Et.. quand ça a été mon tour,.. la dernière chose que j'ai vu c'est l'expression de peur dans le regard de mes parents, juste avant de monter dans leur camion. Ils savaient, ils ont toujours su et m'ont soutenu et défendu. Je ne sais même pas s'ils sont encore en vie... Si ça se trouve, ils ont été assassiné, comme mon professeur...
J'ai entraîné mes parents et mon meilleur ami dans ma chut.. ils ont peut être raison, les allemands, quand ils disent que nous sommes des monstres..

Manas se prépare à me contredire mais le conducteur l'interrompt.

Conducteur : non, ils nous ont emmené, moi et mon meilleur ami, il y a 3 ans. Il s'est sacrifié pour que je puisse m'enfuir. C'est à ce moment là que le chef de l'étoile m'a trouvé. Depuis, je participe à toutes les expéditions en espérant pouvoir le retrouver un jour. Ça n'est jamais arrivé en trois ans.. mais j'ai jamais perdu l'espoir de le retrouver.
J'espère qu'un jour tu le retrouveras mais ne te sens pas coupable quand des gens décident de te protéger.

J'hoche la tête et souris un peu.

Sid: merci.. j'espère que tu le retrouveras ton meilleur ami.

Conducteur : merci...

Il se retourne vers moi et on s'échange un sourire. Je suis content d'avoir pu discuter avec lui, il est sympa. La chose triste dans l'histoire, c'est que je pourrais discuter avec n'importe qui dans le camp, tous auraient cette capacité à me comprendre, car le seul point qu'on a tous en commun, tristement, c'est le fait que notre homosexualité nous a détruit la vie.

Manas est resté silencieux pendant toute la discussion. Et on ne peut pas vraiment dire que ce soit dans son habitude. Manas, c'est le genre de gars hyper solaire, qui passe son temps à parler. Il a toujours une bonne histoire à raconter, et le fait qu'il ai gardé le silence me surprend, ce n'est vraiment pas dans son habitude. Je me retourne vers lui en espérant capter son regard et voit qu'il tremble légèrement. Je pose ma main sur sa cuisse pour stopper ses tremblements et lui montrer que je le soutient.

Il se retourne vers moi et je lui offre un sourire réconfortant, sourire qu'il essaie de me rendre mais à la place, ce sont des larmes qui coulent sur ses joues alors qu'il essaie de les retenir. Je comprends donc qu'il fait une crise d'angoisse, même s'il essaie de se cacher. J'ai passé trop de temps avec lui pour ne pas le deviner. Je prend donc sa main et la pose sur mon torse pour qu'il puisse suivre ma respiration en faisant en sorte qu'elle soit la plus calme et régulière possible. Quelques instants plus tard il pose sa tête sur mon épaule et je passe mon bras autour de lui avant de lui chuchoter.

Sid: mon Manous, t'es en sécurité d'accord..? Je laisserai personne te faire du mal, je te le jure.

Je le sens sourire un peu et lui chuchote quelques trucs jusqu'à ce qu'il s'endorme, complètement épuisé par sa crise d'angoisse.

Conducteur : il va mieux..?

Sid: ouais..

Conducteur : vous êtes proches tous les deux..

Sid: ouais, c'est mon frère

Conducteur : ton frère..?

Sid: il l'es pas vraiment, mais je le considère comme ça. Pourquoi, t'es jaloux ?

Je me retourne vers lui et voit qu'il rougis, ce qui me fait rire un peu.

Conducteur : te fous pas de ma gueule!

Sid: nan, c'est mignon

Conducteur : ah ouais..?

Il rougis de plus belle, ce qui me fait sourire

Sid: ouais, il t'aime bien aussi

Conducteur : oh... Et ça te pose pas de problèmes?

Sid: bien sûr que non pourquoi ? Ça devrait ?

Conducteur : bah non mais.. c'est compliqué..

Sid: je suis sûr que je peux comprendre

Conducteur : bah.. certaines personnes, après avoir été dans un camp de concentration, surtout pendant autant de temps que toi, peux vouloir... repousser tous les homosexuels de leur entourage...

Sid: je suis pas comme ça, rassure toi. Tout ce qu'il m'importe c'est qu'il soit le plus heureux possible. Et c'est pas normal que ce soit interdit d'être amoureux d'un autre être humain juste parce qu'il aime quelqu'un du même sexe que lui.

Conducteur : je pensais pas que tu pensais comme ça..

Sid: mes parents ont toujours été de cet avis, et m'ont dit que jamais je n'avais à changer ça pour plaire aux autres, quitte à rester caché toute ma vie. Alors je me suis répéter ça tout le temps où j'étais là bas. Ils auront beaucoup dire ce qu'ils veulent, on a rien fait de mal et dans l'histoire les monstres, c'est eux.

Il hoche la tête en souriant, partageant juste mon idée car nous savons tous les deux que c'est la vérité, et que malheureusement c'est une vérité que peut de personnes partagent.

Sid: tu penses qu'un jour les gens pourront vivre normalement ?

Conducteur : j'en sais rien, mais c'est pour ça qu'on se bat non..?

Sid: des fois j'imagine un monde où deux hommes qui s'aiment auraient le droit de se retrouver dans la même pièce, de marcher dans la rue ensemble et même se tenir la main sans qu'ils soient en danger de mort..

Conducteur : ils pourraient même se marier, avoir des enfants et tout.

Sid: ouais, ça serait parfait.

Conducteur : mais il y a peu de chances que ça arrive..

Sid: dit pas ça, c'est pas toi qui disait tout à l'heure que fallait jamais arrêter d'y croire, l'espoir fait vivre non? Et peut être qu'un jour, les gens arriveront à nous accepter.

Conducteur : c'est vrai, t'as raison. Merci Sidjil.

Sid: tu connais mon prénom..?

Conducteur : bah ouais, Manas m'a dit comment tu t'appelais.

Sid: et toi, tu t'appelles comment..?

Conducteur : moi c'est Élian.

Sid: enchanté Élian!

Je lui souris et il me rend son sourire. On continue de parler tranquillement de sujets biens plus légers tandis que Manas dort paisiblement sur mon épaule.

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Hey, deux chapitres en une journée c'est incroyable non? Dites moi ce que vous en pensez, j'aime trop lire vos avis.

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