Contact - 1

3 1 0
                                    


Les hommes d'Etienne Jasper-Gauthier avaient investi le monastère. L'abbé n'avait eu d'autre choix que d'accepter l'invasion des hommes en uniforme. Dans la campagne environnante, le treillis avait remplacé la soutane. Cette soudaine arrivée de la force armée avait attiré l'attention des locaux, ainsi que de curieux et de journalistes venus de toute la région. Les réseaux sociaux ne tardèrent pas à se remplir de théories aussi folles que variées : évasion d'un terroriste, fuite de produits chimiques, découverte d'une zone de stockage d'armes de la première guerre mondiale ou de déchets nucléaires. La vraie raison, à savoir la chute d'un objet inconnu venu de l'espace, n'arrivait qu'en quatrième position. Quant à celle défendue par l'armée, la mise en place de manœuvre d'entrainement en forêt, elle recevait très peu d'échos.

Nombre de farfelus avaient été arrêtés en essayant de s'introduire sur la zone. Un groupe de riverains avait même créé une page internet sur cette activité. Cela n'inquiétait pas le colonel. Il ne suivait pas les réseaux sociaux et ne lisait pas les journaux, ce ramassis de conneries pondues par des jean-foutres, comme il se plaisait à le dire. Toute sa concentration était dévolue à sécuriser le site. Un cordon sanitaire entourait cette partie de la forêt, avec barrières aux chemins et patrouilles régulières. Le seul regret de Jasper-Gauthier était l'interdiction d'utiliser les armes létales. Il avait dû équiper ses hommes de flashballs et de tasers.

Quant à l'abbaye, elle était maintenant complètement isolée. Trop de témoins avaient eu vent des pérégrinations forestières du frère Pierrick. Il fallait empêcher tout contact avec l'extérieur. La connexion à la fibre ayant été coupée, cette partie de la mission était jugée comme assez tranquille. Les hommes affectés à la surveillance du site se sentaient privilégiés par rapport à leurs collègues affectés à la surveillance de l'arbre. Et puis, à côté des dortoirs, il y avait la brasserie. Le colonel avait vitre pris la mesure des évènements. Il avait fait mettre sous clé ce lieu de perdition – il connaissait ses hommes- et réquisitionné le bureau de l'abbé pour son usage personnel. Ces dispositions prise, il renvoya son aide de camps, s'installa dans le grand fauteuil abbatial, s'octroya un cigare, et sirota une bière. Après tout, il s'agissait d'une des meilleures bières du monde.

PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant