Jasper-Gauthier faisait les cent pas dans le bureau de l'abbé. Selon lui, Valentini n'allait pas abandonner sans tenter quelque chose. Il connaissait ce type de profil: indiscipliné, sans respect de la hiérarchie. Il avait envoyé des patrouilles supplémentaires pour quadriller tous les accès possibles à la forêt. Il suffit de quelques heures pour que le lieutenant Beladj se présente devant lui avec une bonne nouvelle.

— Mon colonel, la voiture a été repérée, abandonnées en bord de forêt.

— Bien, lieutenant. Tout marche comme prévu. Le moine ?

— Toujours aucune trace.

Le colonel vérifia le fonctionnement de son Glock 17.

— Je vais me charger de ces gêneurs personnellement. Sélectionnez une dizaine d'hommes de confiance. Nous faisons mouvement.

Beladj salua et sortit. Jasper-Gauthier souriait en enfilant ses gants.

*

Sandra en avait assez de marcher. Bien que sportive, la randonnée n'était pas sa tasse de thé. Elle se prenait les pieds dans les racines et s'écorchait sur les ronces et les mûriers. Elle pestait contre Valentini, qui avançait d'un bon pas et ne ralentissait pas le rythme dans les montés.

— Vous croyez vraiment qu'il sera là-bas ? demanda-t-elle.

— Qui ?

— Le frère Pierrick.

— Oui.

Elle s'arrêta et le regarda, courroucée.

— Vous pourriez développer un peu ? A chaque fois, vous répondez : « oui », « non ». Vous n'alignez quasiment jamais trois mots d'affilée.

Il se retourna et sourit, moqueur.

— Je dépense mon énergie où le besoin s'en fait sentir. En l'occurrence, en ce moment, dans la marche. Parlez moins, marchez plus. C'est un beau slogan.

Il continua son chemin entre les arbres, suivi par une Sandra exaspérée.


PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant