48. La preuve en image.

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                                             Aly

  Après une semaine, une routine s'est installée. Je suis maintenant installée dans notre chambre où je passe chaque nuit blottie dans les bras d'Adrian. Je n'ai pas encore eu mon retour sur notre jeu du chat et de la souris. Je me demande vraiment ce qu'il me réserve. Au début j'étais vraiment sur le qui-vive mais à force, j'ai laissé tomber... je ne sais pas si j'ai bien fait, commençant à le connaître je dois m'attendre à tout de sa part.

Je me réveille encore quelques fois, en pleine nuit tremblante et complètement trempée. Les draps et la couette forme un tas de linge. Mes jambes sont prisonnières de cet amas. Comme si cet amoncèlement était une preuve de cette nuit passée.

    Je revis chaque cauchemar comme si j'y étais encore. Adrian est toujours là pour me rassurer et m'aider à reprendre mes esprits après ces épisodes fictifs, mais néanmoins douloureux. Quelques fois, la nuit se termine dans un entrelacement de membres pour me faire oublier les derniers vestiges de ma terreur. Lui seul, arrive à me changer les idées et à me faire oublier ma terreur.

   Il s'en veut beaucoup de ce qu'il s'est passé. Il ne me le dit plus mais, sa culpabilité et ses remords se lisent aisément sur son visage. Par moment, il n'ose même plus me toucher ou me regarder dans les yeux. Lui, l'homme fort et fier se retrouve dans ce court instant, à ma merci. Je n'ai jamais vraiment été rancunière, la vie est trop courte et je l'aime tellement, que je préfère laisser le passer derrière nous pour voir ce que l'avenir nous réserve.

Adrian est déjà parti depuis un moment, sa place est froide. C'est plutôt rare qu'il parte sans m'avertir mais il faut dire que depuis mon enlèvement je suis vite fatiguée. Plus les cauchemars qui me réveillent constamment, n'arrange pas les choses.

    Je resterais bien me prélasser dans mon lit attendant de voir si Adrian me rejoindrait à un moment où a un autre, mais aujourd'hui, je dois me dépêcher de me lever et de me préparer. J'arrive à me déplacer seule, ENFIN !!! Je vais pouvoir voir ma Noé. A cette pensée, je retrouve toute mon énergie et commence à être excitée comme une puce.

Je me glisse sous la douche une fois que la buée s'en échappe signe que la température me convient. Je laisse l'eau chaude recouvrir mon corps et me réchauffer. J'en profite pour me laver les cheveux maintenant que je suis mobile je vais pouvoir leur faire un vrai shampooing mais surtout un vrai soin. Il ressemble plus à de la paille plutôt qu'à des cheveux brillants et en bonne santé.

    Eux aussi ont été malmenés. Une fois satisfaite je me drape dans mon peignoir. Je n'ai jamais été, dans un cocon, aussi douillet de coton. Il est bien épais et recouvre complètement mon corps. Son toucher est doux comme la caresse d'un nuage. Je suis au bord de l'évanouissement de bien être. Des effluves de chèvrefeuille et de jasmin embaument la salle de bain. Je pense que je pourrais passer ma journée ici sans bouger.

J'ose un regard dans le miroir. Mon visage paraît moins cireux. Mon teint n'est plus aussi blanc je commence à reprendre des couleurs. Mes cernes sont encore discernables mais par rapport à la semaine dernière, il y a du mieux. Je me surprends à sourire à mon reflet. Lorsque je regarde cette femme qui me regarde, je vois l'évolution de sa vie. Elle n'a plus les traits poupins de son arrivée. Ses traits sont plus affirmés, mieux dessinés. Son regard est franc et droit. Son port de tête est haut et fier. On sent qu'elle a vécu de nombreuses choses qu'elle n'aurait pas dû vivre, mais au lieu de l'abattre ses épreuves l'ont rendu plus forte, plus mûre. Elle peut être fière d'elle même. Un dernier sourire à celle-ci, un ultime au revoir à la jeune adulte qu'elle n'est plus, et j'embrase avec détermination la nouvelle femme que je suis devenue.

Destin fumantWhere stories live. Discover now