Partie I - Chapitre 8 : Points communs

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MEXI

Mexi ouvrit les yeux. Il avait mal à la tête. Quelque chose palpitait, derrière ses yeux.

Il tourna lentement la tête. C'était étrange. Il n'avait pas si bien dormi depuis des lustres.
Face à lui, l'éternel vide du ciel, s'étendant à l'infini.
De l'autre côté

Eria était réveillée.

"Ça fait pas pareil, de ne pas être seul, hein ?" Lui sortit-elle

Elle était en train de trier un amas de nourriture rassie.
Elle saisit un vieux seau en bois, qui avait été stratégiquement posé sous une abondante fuite d'eau :

"Il a pas mal plu ces trois derniers jours. L'eau devrait être buvable." Le rassura-t-il en tendant le seau

"M'rci." Grommela Mexi. Il n'avait plus du tout l'habitude de parler. Encore moins de recevoir de l'hospitalité.

Elle vint s'asseoir à côté de lui, les bras remplis de nourriture avariée.

"J'ai séparé en deux ce qu'il me restait. On a de quoi tenir deux ou trois périodes, en étant précautionneux."

Mexi leva un sourcil. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ?

"Bah quoi ?" Releva la femme, presque amusée, "C'est pas parce que j'ai jamais entendu parler de quelqu'un qui aurait réussi à s'échapper que je pense pas que ce soit possible."

Mexi saisit un petit morceau de pain de gole -plus vert que blanc- et croqua dedans -il faillit en perdre une dent.

Il fixait le ciel.

Après quelques minutes, Eria se tourna de nouveau vers lui :

"Allez, dis-moi le fond de ta pensée, je sais que ça te démange."

Il ne répondit pas tout de suite. En effet, de nombreuses réflexions parcouraient son esprit. Des questions, des remarques, des constats. Il avait fini par faire taire son cerveau, à force d'être seul. Maintenant qu'il pouvait interagir avec quelqu'un, tout lui revenait en masse.

Pourtant, la seule question qui franchit ses lèvres fut :

"Pourquoi ?"

Eria se recula légèrement, l'air interrogateur :

"Pourquoi... pourquoi je veux tenter de m'échapper avec toi ?"

"Si tu as déjà essayé... Que tu survis ici..."

Eria hocha la tête, lentement. Elle chercha ses mots un instant :

"Parce que... Parce que j'ai jamais abandonné. Sinon, je me serais déjà jetée dans le vide."

"Tu as quelque chose à régler, là-dehors..." Devina Mexi, la mâchoire serrée

Eria acquiesça de nouveau :

"J'ai... un frère. Et... On a été séparés... Il y a longtemps. En essayant de le retrouver, j'ai fini par être impliquée dans des conflits qui ne me regardaient pas... Entre deux feux... J'ai été enfermée ici. Personne ne faisait attention à qui était l'ennemi, ce jour-là."

Mexi desserra lentement la mâchoire. Il finit d'avaler le pain de gole, se rendant compte par la même occasion qu'il avait probablement dû perdre ses facultés gustatives, à force.

"Moi aussi..." Murmura-t-il. Il ne voulait pas parler trop fort. Il avait peur que les murs de la cellule ne rapportent ses propos aux dieux, et que, joueurs, ils le desservent.

"... Toi aussi, tu veux retrouver quelqu'un ?"

Mexi abaissa légèrement la tête.

"Ton frère ?"

Il la tourna rapidement vers le côté, de gauche à droite

"... Ta mère ?"

Il réitéra le mouvement

"... Ta soeur ?"

Il s'arrêta de bouger. Par réflexe, il balaya la cellule du regard. Allait-il subir le courroux de l'Oeil Rouge ?

"... Vous avez été séparés ?" Continua Eria, étrangement investie.

"On... J'ai été capturé, lors d'un combat."

"Contre les Fantasques, j'imagine ?"

Mexi serra les lèvres :

"Les envahisseurs."

Eria laissa un léger sourire lui échapper :

"C'étaient des gardes Fantasques, ou bien l'armée Aero-Fantasque ?"

"Pire." Répondit immédiatement Mexi, la mine sombre

Eria se rapprocha soudain de lui, plus qu'intéressée :

"Attends. Quoi ? Tu-tu t'es fait capturer par..."

"Thymos." Résuma le jeune homme, le visage presque enfoui dans ses bras. Rien que de se rappeler le visage de cette ordure, ça lui donnait envie de s'arracher les veines.

Les deux prisonniers gardèrent le silence un petit moment. Eria s'était rassise normalement, à une distance raisonnable de son compagnon d'infortune.

Elle ne put visiblement s'empêcher de murmurer :

"Les Héritiers..."

Mexi sentait quelque chose commencer à prendre le dessus en lui. Il ne connaissait que trop bien cette sensation. Cette vague de haine, de tristesse. Il se leva d'un coup, et frappa fort dans ses mains :

"BON ! On passe à la cellule suivante ? On sait pas combien de chemin il nous reste à parcourir."

Eria se leva à son tour, affichant un léger sourire :

"D'après mes calculs, d'ici trois cellules, on devrait apercevoir les dessous d'Aeroth, vers la gauche, on va vers le Sud. Toi, tu viens du Nord. Et à ce moment-là, cela voudra dire qu'on sera en territoire inoccupé."

"Perdons pas de temps."

Mexi saisit les rations qu'Eria lui avait offert, but trois grandes gorgées d'eau de pluie, et entreprit de passer dans la cellule suivante.Sauf que, cette fois, pour la première fois depuis des cycles, il n'était pas seul.

***

Échos de la Faille - Chroniques de Fantasmagoria - Livre 1Onde histórias criam vida. Descubra agora