Chapitre XII : Les prisonniers

13 1 54
                                    

« La peur est un ennemi seulement si on ne sait pas la contrôler. »

*

Nyha était à bout de force, éreintée des deux longues journées de marche qu'elle venait d'endurer. Elle utilisait le peu d'énergie qui lui restait afin de ne pas se laisser distancer par le groupe à l'allure soutenue, infatigable. Perdue sur l'un des nombreux chemins terreux du centre de l'Eliven, elle n'avait pour seule distraction que les douces herbes hautes bordant le chemin et dans lesquelles elle laissait vagabonder sa main. Ce jeu enfantin parvenait presque à lui faire oublier la chaleur écrasante des rayons du Soleil de l'après-midi qu'elle semblait être la seule à craindre.

- On arrive bientôt ? se plaignit-elle pour la énième fois.

- Chaque pas que nous faisons nous rapproche un peu plus de notre destination, fanfaronna Shaïon, l'adolescent du groupe.

Nyha fit la moue alors qu'une légère brise de vent frais vint faire voler ses cheveux, la rafraichissant légèrement.

- Nous devrions passer la frontière de Mihelm dans moins de trois jours, assura la femme dont la pommette gauche était joliment décorée d'une peinture immaculée représentant une branche garnie de feuilles.

Encore trois jours, désespéra Nyha intérieurement.

- Ça vous dit qu'on retarde la traversée ? demanda un homme à la longue cape noire en faisant signe de se baisser.

Sans attendre, tous se cachèrent dans les herbes hautes. Camouflée, Nyha essayait d'apercevoir ce que tous les autres fixaient au loin, en vain.

- Ils ne sont que sept, ça se joue, proposa Shaïon de l'autre côté du chemin.

- Oui, un chacun et le dernier au meilleur, plaisanta la femme à côté de lui.

Ou sinon je peux vous aider moi aussi, maugréa Nyha in petto sans vraiment savoir de quoi ils parlaient.

Narel, qui semblait vouloir la prendre sous son aile, pensa la même chose et le fit remarquer à haute voix. Etonnés d'une telle proposition, les askaniens dirigèrent instantanément leur regard vers elle.

- Ça pourrait être amusant, rigola l'archère.

- Hors de question. Elle reste ici.

- Oh, allez Shaïon. Après tout elle a déjà blessé un dalrenien, plaisanta un homme brun dont le sourire moqueur ne rassurait guère Nyha.

- Likar, gronda son protecteur à côté d'elle en foudroyant l'homme de ses iris azures.

Finalement, Shaïon donna son accord, même si tout compte fait, elle s'en serait bien passé.

Suivant Narel en faisant attention à rester cachée sous le niveau de l'herbe, Nyha put enfin apercevoir les soldats d'or, éblouissants, cachant presque les cinq villageois qu'ils escortaient. Dire qu'il y a encore quelques jours la namaïenne se trouvait à leur place.

Tendant la main à sa botte pour saisir la dague d'Agar, sa mâchoire se serra en pensant au sort qui avait dû être réservé à son père.

Ô Kya, pardonne moi... supplia-t-elle la gorge serrée.

Tout en attendant le signal, ses yeux se posèrent sur la petite lame ocre dans sa main, gravée d'un magnifique arbre de vie.

- Qu'est-ce que j'ai fait ? se questionna-t-elle dans un murmure en pensant à son propriétaire.

- Maintenant ! cria Shaïon.

Nyha sortit de ses rêveries en voyant une flèche empaler un premier soldat en pleine tête tandis que les askaniens sortaient de leur cachette.

La Guerre de l'Aube et du Crépuscule [Tome 1 : Les prémices d'une guerre]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora