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-Failamalle, lance Einar devant ma valise ouverte.

Les affaires s'empilent parfaitement dans la valise, encore mieux rangées que lorsque c'est moi qui lance le sort.

Je me relève après l'avoir fermée et je regarde Einar qui fait la bise à Marco pour lui dire au revoir. Dès qu'ils ont fini, je m'avance à mon tour.

-Merci pour tout, Marco, je lui glisse timidement.

-C'est normal, il répond avec son sourire chaleureux.

On a pris cette décision hier soir mais elle est toujours d'actualité : Einar et moi allons transplaner pour l'Angleterre. Je vais enfin rentrer à la maison.

J'aimerais remercier Marco mieux que ça, lui dire à quel point je lui suis reconnaissante de m'avoir sauvé la vie mais je n'y arrive pas. Je n'arrive jamais à exprimer mes émotions et ça m'énerve.

Puis, j'ai peur. Peur que Marco me tienne pour responsable de la mort de Roméo. A cette pensée mes yeux se gorgent à nouveau de larmes. Je les retiens et sous une pulsion étrange je me jette dans les bras de Marco.

Il semble un peu surpris mais il me rend tout de même mon étreinte. Son parfum envahit mes narines, il est réconfortant.

Ses bras me serrent contre lui plus fort et je fais de même, je ne sais pas quand on se reverra mais je veux le revoir lui aussi.

-Ciao Emmy, murmure-t'il avant de se libérer de notre étreinte.

Je l'accompagne en bas avec Einar, jusqu'à la porte. Mes grands-parents ne sont pas là, tant mieux car je crois que Marco est terrifié en leur présence. J'ai remarqué ça hier, il baisse les yeux à chacun de leurs regards, ils n'osent pas leur parler directement et il est le seul hier à n'avoir rien ajouté lorsque j'ai raconté l'histoire. Au contraire d'Einar qui prenait mon relais de temps en temps.

J'attend qu'il ai disparu derrière le portail avant de refermer la porte d'entrée.

Ma chambre a une ambiance bizarre, où c'est moi qui vois les choses différemment. Elle me semble plus petite, plus étouffante.

Je finis par mettre Balthazar dans sa caisse et je me tourne vers Einar qui ferme ma valise et la tire vers la porte.

-Bon, eh bien on y va ?

J'acquiesce. J'ai laissé un mot à mes grands-parents, je n'ai pas le courage de leur dire en face que je m'en vais. Je ne sais pas, surtout, s'ils me laisseraient partir aussi facilement. Sur tout le chemin, je croise les doigts pour ne pas les croiser.

Avant de passer le portail je jette un dernier regard vers cette maison, je pars comme une voleuse et je m'en veux. Après, il y a beaucoup de choses que je me reproche depuis hier. Je me reproche la mort de Roméo, la déception de mes grands-parents, le basculement des projets d'Einar mais aussi de ceux de Marco et de tout le reste du groupe -sauf Livio- et de beaucoup d'autres choses encore.

Dire que je n'ai même pas pu dire au revoir à Maria. Mon cœur se serre mais je me demande si, une fois qu'ils auront tous découvert que Roméo est mort et pourquoi il l'est, ils ne m'en voudront pas à mort. Plus j'y pense, plus ça devient inévitable. Ils vont me détester -s'ils ne me détestent pas déjà pour certains-.

-Accroche-toi fort à mon bras surtout, me rappelle Einar.

Je m'accroche le plus fort possible à son bras en veillant tout de même à ne pas lui faire mal.

Je fais confiance à Einar pour le transplanage. Même si la distance parcourue est mille fois supérieure à celle qu'il a fait hier. Son transplanage d'hier était parfaitement réussi, heureusement d'ailleurs. Il n'a pas son permis de transplanage car il n'a pas encore 17 ans mais hier je n'ai pas été désartibulée alors je ne vois pas pourquoi aujourd'hui je le serais. Je sers ma main sur la caisse de Balthazar, si fort que mes phalanges en blanchissent.

Emmy Smith à PoudlardWhere stories live. Discover now