Jour 56 (texte concours)

4 0 0
                                    

Celui-là est tout aussi vieux, 2018-2019. Je ne me rappelle même plus s'il y avait un thème imposé, mais je me souviens qu'il y avait un nombre de pages limitées (5 ou 6 en touts avec la mise en page qu'ils nous donnaient).

C'est un peu moins sombre que le premier, don't worry x)



 Deux mois.

Cela faisait presque deux mois que cette incroyable histoire avait commencé. Deux mois que ma vision du monde avait complètement changé. Deux mois que m'avaient été présentés les plus beaux trésors de la nature, enfouis si profondément que nul, jusqu'à présent, ne les avait jamais découvert.

Jamais notre petit univers ne m'avait paru aussi grand.

Il y a cinquante-six jours précisément, mon équipage et moi nous sommes retrouvés en panne de réseau GPS. Seuls, au beau milieu de l'océan Pacifique, au sud-est du Japon, nous nous sommes perdus dans les méandres des profondeurs.

Il n'avait suffi que d'une simple secousse pour que notre sous-marin soit projeté sur le côté, contre un énorme rocher, dans un vacarme assourdissant. Le choc était tel que mes sept compagnons et moi avions perdu connaissance ; et je ne sais combien de temps nous restâmes inconscients, alors que notre engin se faisait engloutir par les ténèbres.

Je fus le seul à me réveiller. Encore à moitié dans les vapes, j'avais lentement ouvert les yeux, je m'étais redressé, j'avais étiré tous mes membres, les muscles endoloris ; et là, j'avais vu.

J'avais vu ce monde merveilleux, juste au-dehors. J'avais découvert avec émerveillement ces petites choses fluorescentes, nageant à travers les mosaïques de coraux, passant sous les arches de pierres luisantes, flottant comme des milliards de petits fantômes qui grouillaient à droite à gauche.

« Incroyable. » avais-je alors pensé. « C'est tout simplement incroyable. »

Et pourtant, je suis ici, assis à cette table, plume à la main, retranscrivant à la va-vite le moindre de mes souvenirs avec une précision indiscutable. J'ai écrit, chaque jour, des dizaines de pages ; j'ai fait une centaine de dessins, de plans ; j'ai schématisé des millions d'espèces, des milliards de plantes.

Toutes ces petites choses, qui m'étaient jusqu'alors inconnues, se trouvaient là, juste devant mon nez, à ma portée. Cette faune et cette flore, si particulières, paraissaient magiques, tout simplement. Tout était si luminescent, si majestueux et si grandiose. Les animaux marins que nous connaissons, qui, à nos yeux, nous paraissent superbes, ne sont rien à côté de ceux-ci ; et si certaines de nos espèces sont toutefois présentes en ces lieux, elles y paraissent bien plus belles.

Mais ce qui est plus incroyable encore, ce sont les habitants.

Des êtres extraordinaires. Des humains pas vraiment humains, des choses mutantes qui peuplent les fonds, qui nagent avec les requins et qui parlent aux anémones.

D'abord, elles n'ont pas notre langage ; il m'a fallu des jours pour comprendre les bases, car elles n'ont pas non plus les mêmes codes, les mêmes principes et les mêmes manières que nous.

Ensuite, elles n'ont pas de sexe particulier. Elles se différencient toutes, mais n'ont aucun signe corporel qui les sépare biologiquement. Elles n'ont pas non plus notre système de reproduction ; elles naissent comme les grenouilles, dans des sortes de bulles phosphorescentes qui éclosent au bout de quelques semaines.

Mais je pense que c'est leur physique qui est le plus intéressant. Des dents pointues et des yeux sans iris, à la pupille fendue ; des cheveux aussi lisses, doux et brillants que la soie, de toutes les couleurs imaginables ; des longs doigts crochus et palmés, des pieds identiques ; des oreilles qui ressemblent à celles des elfes, mais bien plus grandes et pointant vers le bas ; partout, sur leur corps, des petites nageoires, des petites branchies ; et sur leur dos, en grand, une immense dorsale. Et une queue, semblable à celle des lions, longue d'un mètre ou deux, différente selon les familles.

ProjetsWhere stories live. Discover now