Mélodie pleura plusieurs jours d'affilée. Elle n'osait plus sortir de sa chambre. Madison lui apportait de quoi grignoter. Mais tout faisait horreur à l'adolescente : elle dut se forcer à avaler quelques bouchées. Elle ne se rendait aux toilettes collectives que sous la protection de son amie.
À deux reprises, des affaires leur furent volées pendant leur absence. On s'était amusé à déchirer leurs livres, à cracher dedans, à taguer le papier peint (BUNCH OF BIG SLUTS), à casser leurs objets précieux. Madison relativisa :
— Nous sommes du bon côté, c'est tout ce qui importe. Mais ils s'en sortiront pas à si bon compte !
Elle fit appel à Félix : il consentit à rameuter quelques potes pour organiser des rondes à proximité de la chambre. Une équipe de volontaires, des potes à Félix là encore, refit le papier peint en quelques heures. Madison avait pris soin de photographier l'inscription et elle demanda un rendez-vous auprès de la présidente Mrs Richardson pour lui montrer l'ampleur qu'avait pris le harcèlement dont elles faisaient l'objet. Celle-ci la reçut très brièvement et lui assura qu'elle interviendrait si cette facétie (ce fut le terme qu'elle employa) se reproduisait.
Dans la plus grande discrétion, Amy leur remplaça les livres qui avaient été endommagés. Sans en dire davantage sur la nature de la relation qu'elle entretenait avec lui, elle était en lien avec un ancien volleyeur de Summer. Or, il connaissait un bouquiniste spécialisé dans l'universitaire ; pour quelques dollars, ce dernier se procura les ouvrages en question.
D'un tempérament de battante, Madison ne s'arrêta pas là : elle se fit prêter une mini-caméra par l'intermédiaire d'Ernest qui, tout honteux d'avoir rompu avec elle, était disposé à se mettre en quatre pour atténuer la douleur de la séparation.
Ces dispositions ne leur permirent pas d'identifier le coupable (les actes de vandalisme cessèrent comme par magie). Mais au moins, elles eurent la paix et pouvaient quitter la chambre sans prendre le risque de la retrouver sens dessus dessous.
Mélodie parvint peu à peu à se ressaisir. Au lieu de se traîner en jogging, elle recommença à s'habiller. Escortée par Madison, Félix ou l'un des potes de Félix, elle opéra quelques timides incursions dans le parc, retrouva de temps à autre le sourire. D'autant plus que l'un des potes en question, un dénommé Nolan, semblait avoir un crush pour elle et cherchait de moins en moins à le dissimuler.
Mais Mélodie ne songeait pas à compter fleurette. Incapable de se concentrer sur ses études, elle tournait en rond en quête d'une solution.
— Puisque Richardson s'en fout, j'ai pris rendez-vous avec Martinez, lui dit Madison au bout de quelques jours. C'est le prof le mieux à même de comprendre la situation. On va tout lui expliquer.
Mélodie approuva : c'était une riche idée. Dans l'affaire de la copie subtilisée, Martinez lui avait déjà sauvé la mise. Il n'était pas du genre à cautionner les injustices.
« C'est un passionné, poursuivit Madison. Il aime transmettre, il nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes. Manifestement, on ne lui est pas indifférents. On peut compter sur lui.
Mélo se rappela qu'il avait pris la peine de lui faire visiter Summer et de lui donner de longues explications. À l'époque, elle ne s'en était pas étonnée. C'était pourtant inhabituel. D'ordinaire, un prof de fac n'entretient pas une telle proximité avec ses élèves.
Il les reçut une fin d'après-midi, dans sa salle. Après les avoir fait asseoir aux pupitres qui se trouvaient devant son bureau :
— Que puis-je pour vous ? demanda-t-il, l'air préoccupé.
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Comment devenir une star
Short StoryIl s'appelle Léon, il est romantique et les filles des boîtes de nuit ne veulent pas de lui. Il ne rêve que bague au doigt et relation de longue durée alors qu'elles veulent s'amuser. Elle s'appelle Mélodie, c'est une fille très (trop) sérieuse et i...