Partie 2: Case FV-8 / Chapitre 8

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21 Juin, 9H12 - Wright Anything Agency


Apollo

Dépêche, dépêche, dépêche !

La semaine commence très mal décidément ! Tout d'abord, il n'y a plus d'eau chaude à la maison et cerise sur le gâteau, j'ai loupé mon train de justesse... Je suis super en retard !

Je me demande bien à quelle heure Trucy est partie parce qu'en me réveillant ce matin, elle ne se trouvait déjà plus à l'appartement. Est-elle excitée à ce point d'aller au Manoir Gramarye pour son anniversaire ?

Je pousse la porte d'entrée de l'agence, à bout de souffle, et m'incline pour m'excuser de ne pas être arrivé à l'heure aujourd'hui. Je me redresse et constate qu'une tension à peine dissimulée – voir pas du tout – anime la pièce entre Wright et Trucy. Les deux intéressés se regardent en chien de faïence. J'ai l'impression que mon retard est le dernier de leur souci, ce qui m'arrange mais quand même...

Apollo : Hum... Que se passe-t-il ici au juste ?

Trucy : Il sait.

Oh. Alors Wright l'a découvert ? Ou je ne me serais trompé hier, en pensant qu'elle ne le lui dirait pas ?

Apollo : Et... Quel est le problème à cela ?

Trucy : Il refuse catégoriquement qu'on y aille.

Apollo : Je vois.

Phoenix : Parce que tu espérais vraiment qu'il en soit autrement ? Non mais à quoi t'attendais-tu Trucy !?

Trucy : A un minimum de confiance et d'honnêteté sauf que ça n'arrivera jamais de ta part visiblement !

Phoenix : Valant Gramarye est sorti de prison il y a quelques mois à peine ! Trucy, tu ignores la plupart des informations que je détiens. J'ai mes raisons, d'accord ? J'ai besoin que tu me fasses confiance.

Trucy : Te faire confiance !? Tu plaisantes, j'espère ?

Phoenix : Pourrais-tu envisager les choses de mon point de vue, pour une fois, et accepter de m'écouter jusqu'au bout sans broncher ?

Trucy : Hors de question, sauf si tu décides enfin de dévoiler ton jeu en faisant tapis. La mise étant l'ensemble des vérités que tu étouffes Papa !

Phoenix : Navré mais tu me vois forcé de me coucher pour ce tour. Ce n'est pas mon rôle de t'apporter les réponses auxquelles tu aspires. Certaines d'entre elles concernent des tiers à qui j'ai promis de garder le silence et je compte m'y tenir !

Trucy : Et les promesses que tu m'as faites à moi ? Tu ne les recensent pas !? Que fais-tu de celle consistant à ne me dissimuler aucune information ? Et celle nous obligeant à être toujours honnête l'un envers l'autre ? Tu ne respectes rien Papa, rien à l'exception de ce qui te convient ! Tu as intercepté mon courrier et tu me l'as caché délibérément mais tes stratagèmes ne m'empêcheront pas de m'y rendre ! Je me moque de recevoir ou non ton aval ; Klavier et Apollo ont d'ores et déjà accepté de m'accompagner de toute façon.

J'assiste à cette scène, désemparé, ne sachant pas si je ferais mieux d'intervenir ou au contraire de rester en retrait. Je n'ai pas pour habitude de voir Trucy aussi intransigeante et pourtant, derrière sa colère se cache une profonde déception qui la meurtrie amèrement.

Trucy : Dernière tentative Papa. Parle-moi, au moins, de l'affaire FV-8, je t'en prie.

Phoenix : Comment tu es au courant de ça ?

Trucy : Hier, au restaurant, le dossier était éparpillé sur votre table, malgré cela, je n'ai réussi à y lire que le numéro de l'affaire.

Phoenix : Trucy, ne t'en mêle pas ! Edgeworth et moi sommes dessus, la situation est trop risquée pour-

Trucy : J'en ai assez de tes excuses ! Ce sont incessamment les mêmes...

A mon sens, il y a autant de manière de dévoiler la vérité, qu'il en existe ensevelie à coup de mensonges ou de non-dits. Il protège des secrets, défend ses alliés sauf que... dans cette configuration, où se situe Trucy exactement ? Ses lèvres sont certes scellées par les promesses établies, seulement, cela ne signifie pas qu'il ne peut pas avoir recours à d'autres moyens pour parvenir à ses fins. Comme pointer du doigt le chemin tant convoitée par sa fille.

Trucy fait soudain volte-face et ancre ses yeux aux miens. Ils sont emplis d'animosité et de désolation, de dureté et d'affliction. Comment puis-je l'aider ?

Trucy : Mettons-nous en route Apollo.

Je jette un coup d'œil à Wright, il paraît tourmenté. Ce qui le torture ne peut pas être uniquement dû au retour de Valant Gramarye dans la vie de sa fille, il nous manque forcément des informations, des éléments qui bouleverseront l'intégralité de notre vision, une fois de plus. Devrais-je... ? Est-ce ainsi que je parviendrai à épauler Trucy ? Réaliser ce qu'elle voudrait mais qu'elle ne s'autorise pas par rancœur ?

Apollo : Va chercher tes affaires, je ne bouge pas d'ici.

Elle hoche la tête dans ma direction et quitte la pièce, passant outre le regard désapprobateur de son père. Je soupire, espérant ne pas regretter mon geste dans un proche avenir. J'inspire avant de me lancer :

Apollo : Vous ne semblez pas opérer de sorte à qu'elle vous accorde une seconde chance Wright. Je vais être franc. Je n'ai pas foi en vous, personnel­lement, je n'attends rien de vous, à l'inverse d'elle. Par conséquent, la main que je vous tends aujourd'hui, est dans l'espoir de revoir le sourire de Trucy demain. Ai-je été suffisamment clair sur mes intentions ?

Phoenix : Limpide. Je te remercie pour ta franchise. Selon toi, comment suis-je censé procéder ?

Apollo : Conduisez la aux vérités qu'elle requiert. Elle mérite de les connaître, et elle est assez forte pour les encaisser.

Son silence confirme mes propos. Je poursuis alors :

Apollo : Ne ressentez-vous pas un air de déjà-vu entre cette querelle et la précédente ? Je ne doute pas un instant que Trucy possède des fêlures en elle, cependant, c'est ce qui arrive lorsque l'on vit. Elle est brisée ? Bienvenue dans la réalité dans ce cas parce que nous le sommes tous ! Les gens souffrent mais ils continuent d'en découdre ! Quand vous cesserez enfin de considérer votre fille comme une enfant fragile, vous vous rendrez compte de son potentiel et de quoi elle est réellement capable ! Vous distin­guerez un être encore plus exceptionnel que vous ne l'imaginiez... Oh, et au sujet du Manoir Gramarye, je vous propose de nous accompagner, le procureur général et vous. Qu'on le veuille ou non, il est indiqué sur l'invitation qu'un minimum de cinq joueurs est nécessaire, pour participer aux divertis­sements.

Phoenix : Tu as parfaitement raison vis-à-vis de Trucy. Je suis soulagé que quelqu'un parvienne à la cerner, quelqu'un d'autre que moi j'entends, et je suis d'autant plus soulagé que cette personne, ce soit toi.

Nous acquiesçons simultanément, tel une poignée de main onirique, pour sceller notre accord et le terrain d'entente que nous avons finalement réussi à trouver.

Souhait & Volte-faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant