CHAPITRE 6: LA TRISTE HISTOIRE D'UN TESTICULE

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RÉVEIL BRUTAL

C'était un samedi d'avril. Une belle journée ensoleillée. Vers neuf heures, la clarté du jour traversa mon rideau. Mes yeux se sont ouvert lentement, à la vitesse d'un ado.

J'aurais souhaité me rendormir, mais j'ai ressenti une douleur en provenance de mon entre-jambes qui m'en a empêché. J'ai déplacé une main dans mon caleçon. J'étais en érection matinale, mais ma douleur ne provenait pas de là. Je me suis dirigé plus bas et en effleurant mon scrotum, j'ai dit : aïe. J'ai continué de me palper et j'en suis venu à l'évidence que j'avais un testicule aussi imposant qu'une clémentine.

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J'avais treize ans et je me suis réveillé avec un testicule ayant mangé à l'américain pendant la nuit. Malgré mon jeune âge, je savais que ce n'était pas habituel. J'ai tâté de nouveau. Ouch!Que dois-je faire avec ça?

La seule idée qui m'est venue à l'esprit a été de jouer le jeu du camouflage en attendant qu'elle revienne à sa forme initiale.

Je me suis extirpé du lit. Aïe. Difficilement, je suis parvenu à la commode et j'ai pris le premier caleçon sur la pile. J'ai retiré délicatement mon boxer de nuit. Aïe. J'ai enfilé le caleçon. Aïe. J'ai essayé le pantalon. Aïe Caramba, aurait crié Bart Simpson. J'ai tenté une deuxième fois, mais c'était un supplice. Aïe tabarnaque! Incapable de le revêtir, j'ai ôté le caleçon et remis doucement mon boxer.

••

Une heure plus tard, je savais que l'idée d'attendre était une erreur. La douleur augmentait et la clémentine n'avait pas diminué de taille. À l'inverse, elle s'approchait davantage d'une clémentine de la Californie. J'étais contraint d'en parler à mes parents. Je ne souhaitais pas parvenir à cela.

J'ai quitté ma chambre. Je suis parvenu aux escaliers à la vitesse de la tortue. Je devais espacer mes jambes pour chaque marche comme si j'essayais de pratiquer le grand écart. De la même manière qu'un gars qui vient de subir une initiation à l'université McGill. Aïe, aïe et AÏE.

••

J'ai atteint le rez-de-chaussée quasi épuisé. Mes parents étaient assis à la table prenant leur déjeuner et lisant le journal. Mon père scruta ma démarche.

- Pourquoi marches-tu de cette façon?

- C'est pour ça que je viens vous voir.

- As-tu mal à une jambe?

- Non.

- Au pied?

- Non plus.

- Et bien, où as-tu mal?

- C'est que...

- Tu as sûrement mal quelque part.

- C'est que...

Ma mère s'est impatientée.

- C'est que quoi?

J'ai pointé mes testicules. Ma mère a poursuivi.

- C'est ton pénis?

- Non!

- Vas-tu finir par le dire?

- Oui!

J'ai pris une courte pause, puis je me suis lancé.

- C'est bizarre, mais j'ai une couille vraiment très grosse ce matin.

Mon père m'a regardé. Je me souviens qu'il s'est mis à rire.

- C'est très drôle. On dirait que tu ne sais plus quoi inventer pour ne pas aller à ton cours de piano.

Entre la vie et la mort: le parcours d'un inconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant