Chapitre 38, Carter, le chrono qui s'arrête.

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J'ai regagné les vestiaires peu de temps après ma brune. Je m'en veux tellement d'avoir craqué et je lui en veux encore plus de s'être barré, même si je l'a comprend. Parfois il vaut mieux se sauver plutôt que de se laisser aller à une pulsion qu'on sait dévastatrice. Et elle l'est pour moi, parce qu'elle représente tout ce que je me suis toujours interdit. Les sentiments, l'envie de la posséder, le besoin de l'avoir près de moi, le besoin qu'elle m'appartienne. C'est irrationnel, parce qu'elle est justement la fille pour qui tout ça est impossible. Elle a vécu dans l'oppression et moi je veux la posséder. Une folie malsaine. J'ai besoin d'elle plus qu'elle n'a besoin de moi.

L'égoïsme c'est ton truc d'habitude, pourquoi tu ne ferrais pas pareil cette fois ci?

Parce que c'est elle justement! Parce que j'ai l'impression que cette femme a le pouvoir que je n'ai pas. Celui de réanimer mon coeur, celui d'envisager l'avenir autrement qu'en allant rejoindre Harvey. J'ai la date et l'heure, mais elle a arrêté le chrono.

Je pousse le jet d'eau au maximum sur l'eau froide pour tenter de calmer cette envie de posséder son corps. Un mur nous sépare, j'entend l'eau couler de son côté. Un putain de mur entre nous, comme nos blessures, elles forment un gouffre infranchissable. J'ai une rage silencieuse qui vient s'immiscer au fond de mes tripes, des images par milliers de chaque morceaux de sa peau contre la mienne, de chaque sensation que ce putain de baiser m'a fait ressentir. Ma main vient rejoindre, dans un geste naturel mon érection et j'imagine ses doigts à la place des miens. Je ferme les yeux et son image vient danser sous mes paupières. Ses seins qui bougent à chaque coup qu'elle porte, son bassin qui ondule à chaque déplacement qu'elle effectue, ses cuisses fines et musclées qui tape dans le cuir, ses fesses qui appellent à la luxure, sa bouche tendre et charnue qui se moulerait à la perfection sur mon membre, sa langue que j'imagine glisser le long de mes abdos. Une décharge électrique s'immisce dans mon ventre et j'accélère mon geste. Mon envie se déverse dans ma main, son image est toujours là. J'ouvre les yeux, et seul le carrelage me fixe.

T'es qu'un putain d'enfoiré!

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Je laisse mon sac reposer sur mon épaule et je franchis la porte qui sépare le vestiaire du couloir. J'entame ma remontée vers la sortie, la porte du vestiaire des femmes est entre-ouverte, l'eau coule toujours. Si elle vide le ballon d'eau chaude à elle toute seule, Jim va peter un câble demain matin. Je m'approche de l'ouverture et colle mon oreille au vide, je laisse passer quelques secondes. Seul le bruit de l'eau qui tape sur le carrelage me parvient. Mais qu'est ce qu'elle fout? Au moment où je décide de reprendre mon chemin je me fige, des sanglots me parviennent. Un son qui fait craquer mon coeur.

- Storm?

Seul le silence me répond, l'angoisse s'immisce comme une traînée de poudre dans mon estomac.

- Storm réponds moi! Ça va?

J'entend qu'elle renifle bruyamment mais toujours pas de réponse. Je pousse le battant et pose mon sac à mes pieds.

- Dis quelque chose!

Je m'approche doucement du renfoncement au fond de la pièce qui abrite les douches et lui parle doucement. J'ai mal au fond de moi c'est un truc de malade.

- Je suis là, dis moi juste si ça va.

Son silence résonne, ses sanglots s'amplifient. Je me précipite à travers les douches et la vision qu'elle m'offre me fait l'effet d'une bombe, le chaos dans ma tête à travers mon regard.

Elle est recroquevillé sur elle même, son dos repose contre le mur, sa tête et entre ses genoux, ses mains reposent sur ses cheveux. Elle est en dessous du jet d'eau, ses vêtements sont collés sur sa peau. Cette image termine de me torturer, une colère gronde dans mon coeur et si je n'arrive pas à me contrôler je vais tout défoncer dans la minute qui suit.

Ce fils de pute, peut importe qui il est, je jure que je vais le tuer de mes propres mains. Je vais le torturer, le regarder souffrir, le terroriser, le traquer, je vais faire de sa vie un enfer. Juste pour elle, juste pour lui rendre justice, juste parce que je refuse à partir d'aujourd'hui qu'elle souffre à cause de lui, juste parce que mon coeur vient de se prendre une balle perdue.

Je la rejoints précipitamment sous l'eau et dans un geste naturel la décale afin de venir prendre sa place contre le carrelage humide. Je m'assoit, les jambes de chaque côtés d'elle, son dos vient se coller à mon torse par automatisme. Elle ne réagit pas elle semble perdue dans un autre monde que le mien, elle n'a aucune réaction si ce n'est ses tremblements qui semblent la tétaniser sur place. Mes bras viennent l'encercler et je lui dépose un milliard de baiser sur ses cheveux trempés. Un cri de mon coeur ne franchit pas la barrière de mes lèvres mais je la serre fort, autant que je peux.

Je suis là!

L'eau brouille ma vue, à moins que ça ne soit mes larmes. Celles qui me prouvent qu'elle a bel et bien arrêté le chrono du décompte des jours qu'il me reste, que je mette un stop à toutes ses années. J'arrête la course, je viens de trouver une oasis. Je m'arrête, le temps d'une pause. Elle est devenue ma priorité, elle et personne d'autre. Je vais me battre à ses côtés, je vais devenir un soldat. Si je perds la bataille avec son coeur, alors là je réenclencherais le chrono, mais pas avant.

Non, avant ont va vider le ballon d'eau chaude et je vais réanimer son coeur comme elle fait avec le mien, après ont verra...

STORM, Silver RideWhere stories live. Discover now